Le démantèlement de Dexia est lancé

Bruxelles, Paris et Luxembourg ont annoncé ce lundi le plan du démantèlement de Dexia. La banque va recevoir pour 90 milliards d'euros de garanties publiques. La Belgique va notamment nationaliser les activités belges de Dexia et la France va adosser Dexia Municipal Agency (DexMA) à la CDC.
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La Belgique, la France et le Luxembourg ont donné lundi matin le coup d'envoi au plan de démantèlement de la banque franco-belge Dexia, première victime européenne de taille de la crise de la dette en zone euro, au terme d'une journée et d'une nuit de négociations marathon.

A l'issue d'un conseil d'administration de près de douze heures, les administrateurs de l'ancien numéro un mondial du financement des collectivités locales ont approuvé la nationalisation par la Belgique des activités belges de Dexia, Dexia Banque Belgique (DBB), spécialisée dans les activités de banque de détail.

La Belgique va pour ce faire débourser quatre milliards d'euros. "Cette vente sera finalisée à bref délai", fait savoir la banque. "Elle va permettre au groupe Dexia de réduire son besoin de financement à court terme de plus de 14 milliards d'euros, améliorera la solvabilité du groupe de plus de 200 points de base et réduira son portefeuille d'actifs non stratégiques de 18 milliards d'euros."

Matignon a de son côté fait savoir dans un communiqué que la France allait adosser les activités de financement des collectivités locales françaises de Dexia Municipal Agency (DexMA), structure française de titrisation appartenant à Dexia Crédit Local, à la Caisse des dépôts (CDC).

Un consortium chargé du financement des collectivités locales françaises sera également créé et constitué par la CDC et la Banque postale, indiquent également les services du Premier ministre français François Fillon.

Dans le cadre du nouveau plan de sauvetage de Dexia, déjà sauvé de la faillite en 2008 grâce à un renflouement public de plus de six milliards d'euros, la Belgique, la France et le Luxembourg ont conclu d'apporter 90 milliards d'euros de garanties publiques pour assurer les besoins de financement de Dexia.


PAS ÉTERNELLEMENT DANS DBB

"Les Etats sont convenus de se répartir cette garantie dans des proportions identiques à celles de 2008, soit 60,5% pour la Belgique, 36,5% pour la France et 3% pour le Luxembourg", fait savoir Matignon.

Le Premier ministre belge, Yves Leterme, a indiqué lors d'une conférence de presse que Dexia allait immédiatement payer une prime de 50 points de base en contrepartie de ces garanties publiques.

Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a souligné lors de cette même conférence de presse que l'Etat belge n'avait toutefois pas vocation à rester éternellement au capital de DBB.

Dimanche dans la matinée, avant la réunion d'un conseil d'administration extraordinaire de Dexia, le Premier ministre français, François Fillon , a rencontré son homologue belge à Bruxelles, ainsi que le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, afin de trouver un accord sur les modalités et la participation de chacun des trois Etats.

"Les trois gouvernements ont convenu de soumettre une proposition au conseil d'administration qui convient parfaitement aux objectifs du gouvernement belge, qui implique de prendre le contrôle de Dexia Banque Belgique, de la sécuriser et d'en faire une banque très sûre", a déclaré dimanche Yves Leterme à la télévision belge.?

L'enjeu pour les trois Etats participant au plan était d'éviter que l'aide à Dexia ne vienne aggraver la situation de leurs finances publiques.

L'agence de notation Moody's avait d'ailleurs accru la pression sur le camp belge vendredi soir : elle a placé la note souveraine Aa1 du royaume sous surveillance en expliquant, entre autres, vouloir évaluer les coûts et les passifs que l'Etat pourrait assumer en soutenant Dexia. (Voir )

Didier Reynders a sur ce point fait savoir lors de la conférence de presse que le ratio dette/produit intérieur brut (PIB) de la Belgique resterait inférieur à 100% en dépit de l'accord sur Dexia et a indiqué que les autorités européennes de la concurrence avaient été informées du plan.

Dexia, dont la cotation de l'action est suspendue depuis jeudi, tient à 9 heures une conférence de presse pour présenter le plan de démantèlement de la banque tel qu'il a été approuvé par les administrateurs.

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