L'assurance-vie à la traîne, toujours devancée par le Livret A

Si les dépôts sur les contrats d'assurance-vie ont excédé les retraits de 1,2 milliard d'euros en janvier, le produit d'épargne séduit de moins en moins. Il en va de même pour les fonds en euros qui ont subi une décollecte de 2,5 milliards d'euros. En cause, leur rendement qui ne devrait pas dépasser les 2% en moyenne au titre de l'année dernière. De quoi renforcer l'attrait du Livret A, dont le taux est fixé à 3% depuis le 1er février 2023.
Pauline Chateau
Quelque 18 millions de personnes disposent d'une assurance vie, soit un capital moyen d'environ 100.000 euros par souscripteur.
Quelque 18 millions de personnes disposent d'une assurance vie, soit un capital moyen d'environ 100.000 euros par souscripteur. (Crédits : Kevin Schneider via Pixabay (CC0 Creative Commons))

La tendance se confirme : impossible pour l'assurance-vie de faire le poids face au Livret A. Les dépôts sur les contrats d'assurance-vie ont, certes, excédé les retraits de 1,2 milliard d'euros en janvier, cette année, selon les chiffres publiés ce jeudi par France Assureurs.

Mais le constat sur un an est sévère. À titre de comparaison, les contrats d'assurance-vie avaient enflé de 3 milliards d'euros en janvier 2022.

« Après l'été 2022, la collecte nette (différence entre dépôts et retraits, NDLR) de l'assurance-vie avait oscillé de territoire positif en territoire négatif d'un mois sur l'autre », a relaté le directeur général de la fédération professionnelle, Franck Le Vallois, lors d'un point presse, mais « depuis quelques mois (elle) s'est installée en territoire positif ».

Dans le détail, l'ensemble des cotisations, c'est-à-dire les sommes versées sur les contrats, a totalisé 14,1 milliards d'euros. Les prestations, comprenant les rachats et les versements en cas de décès, ont atteint 12,9 milliards d'euros.

Les rendements des fonds euros inférieurs à 2%...

De leur côté, les fonds euros ( support d'investissement spécifique aux contrats d'assurance-vie) font grise mine. Ils ont subi une décollecte de 2,5 milliards d'euros. À l'inverse, les placements en unités de compte, ces contrats au capital non garanti, investis pour l'essentiel dans les actions et qui présentent donc pourtant plus de risques de perte en capital, ont enregistré une collecte nette de 3,6 milliards d'euros. Au total, quelque 18 millions de personnes disposent d'une assurance-vie, soit un capital moyen d'environ 100.000 euros par souscripteur, souvent investi dans plusieurs contrats.

La désaffection des épargnants pour les fonds euros s'explique par la concurrence accrue du Livret A. Au titre de l'année 2022, les rendements de ces fonds sont attendus en dessous des 2% en moyenne.

Leurs performances sont principalement liées à celles des obligations d'Etat. Les répercussions économiques de la guerre en Ukraine et de la reprise post-Covid ont conduit à un resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Jusqu'à la hausse des taux directeurs engagée l'an dernier, les rendements de ces obligations - et donc, des fonds euros - étaient très faibles, voire négatifs. Un certain temps sera donc nécessaire pour renouveler le stock côté assureurs, avec des nouvelles obligations plus compétitives.

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... Ce qui profite grandement au Livret A

Le produit d'épargne réglementée, lui, affiche depuis le 1er février un taux à 3%, dont le calcul dépend notamment de l'évolution des prix à la consommation. Or, l'inflation a atteint 5,2% en moyenne sur l'année 2022. De quoi inciter les particuliers à revoir leurs arbitrages en matière d'épargne. D'autant plus que le Livret A est défiscalisé. Les intérêts ne sont pas soumis à l'impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux.

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Résultat, l'encours du Livret A a gonflé de 9 milliards d'euros en janvier, selon les chiffres de la Caisse des dépôts (CDC), dévoilés le 21 février dernier. Les encours cumulés du placement préféré des Français et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) ont ainsi atteint au 31 janvier la coquette somme de 520,9 milliards d'euros, du jamais-vu.

« Toute annonce de relèvement provoque une augmentation de la collecte qui perdure entre deux et trois mois », a nuancé Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne dans une note, mais « le rebond de janvier 2023 se distingue par sa force ».

L'an dernier, les Livrets A et les LDDS avaient déjà gonflé de 40 milliards d'euros, portés par des dépôts importants et les intérêts versés en fin d'année. La marge de remplissage est encore importante. Les plus de 55 millions de Livret A dépassent en moyenne à peine le quart de leur capacité. Pour rappel, le plafond du produit d'épargne est fixé à 22.950 euros.

Les livrets d'épargne réglementée sur la sellette ?

Géré conjointement par la CDC et les réseaux bancaires, le Livret A sert essentiellement à financer le logement social. Le LDDS est dédié à l'économie sociale et solidaire ainsi qu'aux économies d'énergie dans les logements. Or, ce dernier « n'a de durable et solidaire que le nom », a déclaré Bruno Le Maire lors de la présentation d'un rapport du think tank The Shift Project le 15 décembre.

Le locataire de Bercy avait alors plaidé pour la « création d'un produit d'épargne vert (...) sans doute un peu moins liquide » que les placements d'épargne réglementée, « avec sans doute une part de risque un peu plus élevée ». Plus récemment, le Livret A s'est invité dans le débat sur le nucléaire. Sa mise à contribution a été évoquée pour financer un programme de nouveaux réacteurs.

(Avec AFP)

Pauline Chateau

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