Covid-19 : les banques européennes pourraient voir leurs fonds propres "durs" sévèrement atteints

Dans un rapport publié aujourd'hui, l'Autorité bancaire européenne estime que le coût du risque, c'est-à-dire les provisions passées par les banques pour compenser d'éventuels accidents de remboursement des prêts qu'elles ont consentis, "a déjà commencé à croître, et les prêts compromis (NPL) sont susceptibles de bondir d'ici la fin d'année". Si l'on ajoute que les prêts à risque seraient même "susceptibles d'atteindre des niveaux similaires à ceux enregistrés au lendemain de la crise des dettes souveraines", la crise "risque d'avoir des effets négatifs sur la rentabilité des banques à l'avenir", redoute le régulateur européen.
(Crédits : LEONHARD FOEGER)

L'Autorité bancaire européenne (ABE)* prévoit une forte dégradation de la qualité des actifs détenus par les banques européennes, en raison des turbulences économiques à venir liées à la crise du Covid-19, dans un rapport publié lundi.

Dans ce rapport, l'autorité estime que l'augmentation des risques liés au crédit et les pertes potentielles "pourraient avoir un impact moyen d'environ 380 points de base", soit environ 315 milliards d'euros, sur les fonds propres "durs" des banques de l'Union européenne.

Cette estimation s'inscrit toutefois dans le cadre du scénario le plus sévère envisagé par le régulateur bancaire européen et l'impact réel pourrait être moindre.

Le coût du risque, c'est-à-dire les provisions passées par les banques pour compenser d'éventuels accidents de remboursement des prêts qu'elles ont consentis, "a déjà commencé à croitre, et les prêts compromis (NPL) sont susceptibles de bondir d'ici la fin d'année", estime l'Autorité bancaire européenne.

Les prêts à risque, qualifiés de "non-performants", sont même "susceptibles d'atteindre des niveaux similaires à ceux enregistrés au lendemain de la crise des dettes souveraines", ajoute-t-elle.

Et ce faisant, la crise "risque d'avoir des effets négatifs sur la rentabilité des banques à l'avenir", redoute le régulateur européen.

Mise en garde de la Coface

Dans une étude publiée début avril, l'assureur-crédit Coface a pour sa part estimé que les faillites d'entreprises pourraient bondir de 25% cette année.

Quoi qu'il en soit, "les banques sont entrées dans la crise sanitaire avec des matelas épais de capital et de liquidité", ce qui "devrait les aider à surmonter la crise du Covid-19", juge l'autorité, qui estime qu'en moyenne, les établissements bancaires devraient disposer d'assez de capital pour éponger les pertes même dans les scenarii les plus rudes envisagés.

"Les coussins de fonds propres constitués avant la pandémie et les assouplissements réglementaires accordés par les régulateurs et les autorités de surveillance" devraient permettre aux banques de maintenir des provisions suffisantes tout en maintenant leurs financements en faveur de l'économie réelle, écrit-elle dans le rapport.

Des pertes "significatives" à prévoir

Ceci étant, les banques risquent néanmoins de subir des pertes "significatives" et "une fois la crise terminée, (elles) devront reconstituer leurs matelas de capitaux réglementaires", prévient l'autorité.

En outre, elle appelle les banques à s'assurer qu'une bonne évaluation des risques continue à être assurée.

"La manière dont les banques vont être affectées par la crise devrait varier significativement, en fonction de comment la crise évolue, les niveaux de départ en capital de chaque banque et l'ampleur de leur exposition aux secteurs les plus touchés", pointe le régulateur.

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NOTE

(*) L'Autorité bancaire européenne (ABE en français, ou EBA en anglais) a été créée le 1er janvier 2011 en prenant la succession du Comité européen des superviseurs bancaires (Committee of European Banking Supervisors -CEBS). Son siège est actuellement à Londres. (Lire la suite sur le site de l'ACPR)

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Commentaires 4
à écrit le 02/06/2020 à 18:42
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Certes, les banques de l'UE sont mal en point, les banques Françaises au bord du clash. Le taux de leverage qui doit être inférieur à dix est dans le rouge, pour Société Générale: 62; BNP: 50; Crédit Agricole : 42; la Deutsch Bank est à 40. (ces chif...

à écrit le 25/05/2020 à 18:21
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oui, c'est plus que previsible car meme sur les prets garantis a priori elles y mettent 10%...........10% de 300 milliards ca fait 30 milliards d'engagements, alors vaudrait mieux pas trop de faillites la dedans vu la rentabilite et vu qu'elles font...

à écrit le 25/05/2020 à 18:18
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Elles n'avaient qu'à pas mettre tout l'argent dans les paradis fiscaux, on ne va pas pleurer pour les banquiers qui détruisent le monde mais on se doute que notre argent va une nouvelle fois les aider alors qu'elles se sont déjà gavées avec la crise ...

le 31/05/2020 à 12:57
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la aussi la responsabilité des états est en 1ere ligne laisser au banque une invulnérabilité ce qui leur permet manipuler ceux qu'ils veulent comme bon leur semble et ceux sans aucun control puisque ils se control les uns les autres voir la De...

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