Gestion de patrimoine : la Fintech Grisbee mise sur les banques pour grandir

La startup, qui se présente comme un coach financier digital, va mettre sa plateforme technologique au service de banques commerciales, d'assureurs ou d'acteurs de l'immobilier cherchant à se diversifier dans la gestion de patrimoine. Certains de ses concurrents ont déjà pris le virage du B2B.
Juliette Raynal
Grisbee, qui a séduit 165.000 particuliers en trois ans d'existence, prend le virage du B2B pour donner un coup d'accélérateur à sa croissance.
Grisbee, qui a séduit 165.000 particuliers en trois ans d'existence, prend le virage du B2B pour donner un coup d'accélérateur à sa croissance. (Crédits : Grisbee)

Coopérer plutôt que concurrencer. C'est la stratégie vers laquelle se tourne Grisbee, une startup du monde de la finance spécialisée dans la gestion de patrimoine. Née avec l'ambition de dépoussiérer et démocratiser le conseil patrimonial en s'adressant directement aux particuliers, cette Fintech entend désormais mettre sa technologie au service des professionnels du secteur : des conseillers en investissements financiers au banques de réseaux, en passant par les banques privées ou encore les banques en ligne.

Créée en 2016, la jeune pousse versaillaise a d'abord développé une plateforme en ligne à destination du grand public pour "digitaliser les meilleurs pratiques en conseil patrimonial".

"Nous avons créé Grisbee car pour les questions de patrimoine, une écrasante majorité de Français se retrouvent devant leurs banquiers, qui sont plus des vendeurs de produits maison que de véritables conseillers", raconte Maxime Camus, l'un des quatre cofondateurs, ex-consultant chez CapGemini.

Des encours de 50 millions d'euros

Sa plateforme permet à un particulier (l'utilisateur type a 40 ans et dispose d'un patrimoine de plusieurs centaines de milliers d'euros) de visualiser l'intégralité de son patrimoine, d'accéder à un diagnostic de sa situation financière et à des recommandations personnalisées pour préparer sa retraite ou une succession par exemple. Depuis la plateforme, il peut aussi directement souscrire à des produits d'épargne en ligne, dont Grisbee Vie, un contrat d'assurance vie développé en partenariat avec Suravenir (Arkéa) et la société de gestion Carmignac. "Les utilisateurs  peuvent également être accompagnés par nos conseillers. Nous en comptons 6 aujourd'hui sur un effectif total de 15 collaborateurs", précise l'entrepreneur.

Depuis sa création, la Fintech a séduit plus de 165.000 utilisateurs mais ne compte que 50 millions d'euros d'encours, alors que Yomoni, dont le modèle repose sur un robot-conseiller, avait dépassé les 100 millions d'euros d'actifs sous gestion pour quelque 10.000 clients fin 2018. Il n'empêche que Grisbee, sur son activité B2C, prévoit d'atteindre l'équilibre financier dans les mois à venir.

Le B2B va supplanter le B2C

Toutefois, pour donner un vrai coup d'accélérateur à sa croissance, elle se lance dans le B2B.

"Aujourd'hui, nous avons démarré un projet avec deux réseaux bancaires. L'un proposera dès septembre l'ensemble de notre plateforme à sa clientèle patrimoniale. Nous sommes aussi en phase de négociations avec un assureur qui souhaite diversifier ses activités dans le conseil en gestion de patrimoine. Même chose avec un grand groupe d'experts comptables. Nous regardons aussi de près les banques en ligne", expose Maxime Camus.

La Fintech a également conclu un partenariat avec un acteur de l'immobilier qui utilisera son parcours de souscriptions en ligne dédié aux SCPI (placement immobilier locatif à long terme). Selon les acteurs, Grisbee interviendra en marque blanche ou par le biais d'API, sorte de prises informatiques permettant de se connecter à des systèmes d'information existants. Avec cette nouvelle offre, la startup souhaite équiper plus de 2 millions d'utilisateurs finaux d'ici 2023. "Actuellement, l'activité B2C représente la majorité de nos revenus mais à très court terme le B2B va devenir notre source de revenus principale", indique l'entrepreneur. "L'offre B2C sera maintenue", précise-t-il.

Pour financer les développements technologiques nécessaires à cette stratégie partenariale, Grisbee prévoit de boucler, à court terme, une nouvelle levée de fonds. "Nous cherchons à lever 7 millions d'euros, essentiellement pour recruter des profils d'ingénieurs et de développeurs", précise l'entrepreneur, qui prévoit d'embaucher une vingtaine de personnes supplémentaires dans les 18 mois à venir.

Le temps des alliances... ou de la persévérance

Grisbee n'est pas la seule Fintech spécialisée dans la gestion de patrimoine à prendre le virage du B2B. Advize, le pionnier des robo-advisors français, fondé en 2012, a amorcé cette courbe dès le début de l'année 2018 en annonçant des partenariats avec le courtier EasyBourse, un assureur luxembourgeois et des conseillers en gestion de patrimoine. Début 2019, la Fintech parisienne Anatec, plus connue pour son site WeSave, est quant à elle passée dans le giron d'Amundi, géant français de la gestion d'actifs avec plus de 1.400 milliards d'euros d'actifs sous gestion. Lors de ce rachat, elle avait alors indiqué vouloir "développer ses services en B2B dans plusieurs pays européens". Marie Quantier, qui s'adresse à un public beaucoup plus avisé, vise pour sa part à la fois les investisseurs privés et les conseillers en gestion de patrimoine.

Seuls les robots conseillers Yomoni et Nalo persistent sur le terrain des particuliers. Le challenge n'est pourtant pas mince pour des jeunes acteurs qui pâtissent d'un manque de notoriété. Pour franchir le seuil de rentabilité, Yomoni avait indiqué qu'il lui fallait atteindre la barre des 350 millions d'euros d'encours.  De son côté Nalo, ne communique toujours pas sur son volume d'encours mais aurait déjà séduit plus de 20.000 clients. "Notre client médian est un homme de 40 ans qui a déjà des enfants et est propriétaire de son logement. Son patrimoine global s'élève à 700.000 euros", nous précise Guillaume Piard, son cofondateur et directeur général. L'entrepreneur ne balaye pas la possibilité de travailler avec des professionnels de la gestion de patrimoine, mais pas dans l'immédiat.

"L'ambition de Nalo est de développer une nouvelle façon d'investir, qu'importe le canal. J'ai toutefois une conviction très forte : nous ne lâcherons jamais le B2C car il me semble que nous proposons l'un des meilleurs parcours d'investissement", indique-t-il.

Juliette Raynal

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