En 2023, l'or a battu un record historique en atteignant le 4 décembre en séance 2.135,39 dollars l'once (31,1 grammes), au cours d'une année où son rôle de valeur refuge l'a fait s'apprécier, tant face aux incertitudes, que comme protection contre une inflation qui a retrouvé des niveaux inédits depuis 40 ans en Europe et aux Etats-Unis. Il a ainsi bénéficié d'une envolée de plus de 12 % entre mars et avril, après la faillite de la banque de la Silicon Valley SVB qui a fait craindre un choc systémique sur le secteur bancaire aux Etats-Unis.
10% de hausse en 20 jours
Il a également tiré parti d'une prime de risque géopolitique liée à la guerre israélo-palestinienne déclenchée par l'attaque meurtrière du Hamas sur le sol de l'Etat hébreu le 7 octobre, en augmentant de plus de 10% en à peine 20 jours. « Les taux d'intérêt réels et le dollar américain ont été les déterminants de la performance de l'or jusqu'à l'éclatement du conflit », rappelle Jianwen Sun, stratège au sein du groupe bancaire suisse Lombard Odier. Comme en 2020, avec le début de la pandémie où il s'était envolé au-dessus des 2.000 dollars l'once, ou avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, le métal jaune retrouve les faveurs des investisseurs.
Ainsi, au 19 décembre, sa progression sur un an s'affichait à plus de 12%. « Le risque géopolitique a ajouté entre 3% et 6% à la performance de l'or en 2023. Et avec une année 2024 qui va voir se tenir des élections majeures dans le monde, y compris aux Etats-Unis, en Union européenne, en Inde et à Taïwan, le besoin de couverture des portefeuilles sera probablement plus élevé que la normale », soulignent les experts du World Gold Council (WGC) dans leur dernier rapport.
L'appétit des banques centrales
L'or a également profité des achats des banques centrales. 2022 avait déjà été un record d'achats en volume. 2023 devrait faire encore mieux, notamment porté par les achats de la Chine, de la Pologne et de la Turquie. « En 2023, nous estimons que la croissance de la demande des institutions monétaires a ajouté plus de 10% à la performance de l'or. Et elles vont probablement continuer à acheter », indiquent les experts du WGC, ajoutant que « même si 2024 n'atteindra pas les mêmes sommets que les deux années précédentes, nous anticipons que tout achat au-dessus de la tendance, soit plus de 450-500 tonnes, devrait fournir un coup de pouce supplémentaire. » En effet, des quelque 209.000 tonnes d'or extrait dans l'histoire de l'humanité (dont les ⅔ depuis 1950), les réserves des banques centrales ne comptent que pour 17% contre 46% pour la joaillerie.
Les particuliers ont en effet acheté de l'or en 2023. La joaillerie a été portée par l'Inde et la Chine. Par ailleurs, nombre d'épargnants se sont tournés vers l'achat direct d'or physique (lingots et pièces) ou via des ETF. Ainsi, le iShares Physical Gold, qui capitalise 13,167 milliards de dollars, affiche une hausse de 9,64% sur un an.
Enfin, les compagnies minières aurifères profitent de cet attrait. L'ETF VanEck Gold Miners, qui agrège les cours de 52 compagnies minières aurifères concentrées au Canada, Etats-Unis et Australie, dont Newmont ou Barrick Gold, est en hausse de 7,43% sur un an (et de 8,41% sur un mois!).
Le soutien en 2024 d'une baisse des taux directeurs
Pour l'année prochaine, l'or pourrait profiter du début d'une baisse des taux par les banques centrales des deux côtés de l'Atlantique et du fort ralentissement de l'économie mondiale, rendant les obligations et les actions moins attrayantes. Pour la gestion du risque, cela fournirait un argument pour allouer plus d'or dans les portefeuilles. Le rendement des obligations américaines à 10 ans est passé de 5% à la mi-octobre à 3,9% ces derniers jours. « Le pic des taux d'intérêt qui finira par se matérialiser et un affaiblissement du dollar devraient continuer à soutenir la demande en or au premier semestre 2024. Je table sur un cours de 2.100 dollars l'once vers le milieu de l'année », anticipe Jianwen Sun. Et dans ses dernières estimations, la banque américaine JP Morgan voit même l'or atteindre les 2.300 dollars l'once au deuxième semestre 2024 et au premier semestre 2025, grâce à la baisse des taux.
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