Gestion d’actifs : Homa Capital fait le pari du bien-être au travail comme critère de performance

L’indice de volatilité intrinsèque d’un titre est un bon signal prédictif du climat social, selon les recherches de la société Homa Capital. Pour cette boutique indépendante, performance sociale et financière vont de pair. Si le climat social se détériore, la baisse du titre n’est pas loin. Sur la base de ces convictions, Homa Capital a lancé le premier fonds à impact social investi dans les petites et moyennes capitalisations.
Lionel Tangy-Malca, PDG d'Homa Capital, a lancé le premier fonds à impact social sur les petites et moyennes capitalisations.
Lionel Tangy-Malca, PDG d'Homa Capital, a lancé le premier fonds à impact social sur les petites et moyennes capitalisations. (Crédits : DR)

La sortie de Tesla, le pionnier de la voiture électrique « new age », de l'indice S&P 500 ESG, a provoqué la fureur de son fondateur Elon Musk. La décision ne manque pas en effet d'étonner. Mais l'analyse des raisons qui ont conduit à cette éviction ne repose pas sur des considérations environnementales mais sociales. Tesla n'est plus considérée comme une valeur « green » en raison de sérieuses controverses en matière de relations au travail, avec notamment des plaintes en matière de discrimination raciale et de mauvaises conditions de travail dans l'usine de Californie.

Voilà donc un chantre de l'économie « décarbonnée » mis au pilori par un indice ESG pour sa mauvaise performance sociale. C'est relativement inédit dans l'univers de la finance où les critères environnementaux (le « E » de ESG) ou, à la rigueur, de gouvernance (le « G ») prennent souvent le pas sur le volet social (ou sociétal, le terme n'est pas bien défini), soit le « S ».

Critère de performance

Cette mesure de S&P devrait en revanche ravir Lionel Tangy-Malca, fondateur d'Homa Capital, une petite société de gestion de portefeuille agréée par l'Autorité des marchés financiers (un milliard d'euros sous gestion), tant elle valide son approche de gestion, fondée sur la performance sociale des entreprises.

« Le bien-être au travail est un facteur de performance », affirme ainsi le dirigeant, études théoriques et empiriques à l'appui.

Selon les recherches d'Homa Capital, 1% de performance sociale supplémentaire (mesurée par des agences de notation extra-financières) se traduit par 4 % de performance financière. « Il n'existe pas d'écart entre les attentes des salariés et les attentes des actionnaires », estime même Lionel Tangy-Malca, une affirmation qui peut paraître d'ailleurs un brin provocatrice à l'heure où les entreprises sont soumises à de fortes pressions salariales.

Un fonds à impact social

C'est cependant sur cette conviction qu'Homa Capital développe une gamme de fonds, tous relevant de l'article 9 de la réglementation européenne SFDR (taxonomie). Un fonds obligataire « green » a été commercialisé en 2019, et en décembre 2021. Homa Capital a lancé un premier fonds à impact social en France, investi dans des petites et moyennes capitalisations. Ce fonds a d'ailleurs vite subi l'épreuve du feu avec la glissade des marchés depuis février dernier.

« Notre fonds s'est montré résilient et il superforme l'indice CAC Small en février, en mars et en avril », observe Lionel Tangy-Malca. Selon les données de la société de gestion. Sur quatre mois, le fonds a perdu 1,5% contre un recul de 11,5% pour l'indice Small CAC.

Volatilité et prédictibilité sociale

Une fois validé l'intérêt de la performance sociale dans la sélection de valeurs, reste à développer les outils pour aider le gérant dans sa gestion quotidienne. C'est là que le bât blesse, car la performance sociale est généralement évaluée une fois par an par les agences ESG, et encore pas pour toutes les entreprises, surtout de taille moyenne.

Pour contourner cet obstacle, Homa Capital a mené une recherche, sous la direction de Messaoud Chibane, professeur de finance, qui met en exergue le lien entre la volatilité idiosyncratique (IDV) d'un titre (volatilité intrinsèque d'un titre, « nettoyée » du bruit de marché) et la prédictibilité de sa performance sociale. L'avantage qui ressort c'est que l'indice IDV peut être calculé quotidiennement contrairement à la note sociale.

« Notre recherche montre qu'il existe une corrélation négative entre l'IDV et la performance sociale », résume le professeur de finance de Neoma Business School. Sur la base d'un panel de 38 groupes côtés, représentatif de l'économie française, l'étude montre ainsi que l'IDV est un signal pertinent du risque social. « Lorsque l'IDV augmente de plus de 20 %, le gérant doit s'interroger sur le risque de dégradation du climat social », avance Messaoud Chibane.

Cette corrélation fonctionne dans au moins 55 % des cas. Un pourcentage qui grimpe à deux tiers lorsque des éléments d'intelligence artificielle sont introduits dans l'analyse. Deux tiers est un pourcentage largement suffisant pour être pris au sérieux par un gérant.

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