Gestion d’actifs : le PDG de BlackRock, Larry Fink, annonce une « nouvelle ère » de la démocratie actionnariale

Le PDG de BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs au monde, souvent critiqué par ses positions sur la finance responsable, estime que la technologie va permettre d’accroître le pouvoir des actionnaires, y compris et surtout pour les investisseurs qui placent leurs fonds dans la gestion indicielle. Et, pour la première fois, BlackRock va étendre son programme « choix de vote », jusqu’ici réservé aux investisseurs institutionnels, aux clients particuliers via un système de vote par procuration, qui sera testé l’an prochain au Royaume-Uni.
En matière de vote des actionnaires, il n'y a pas de retour en arrière possible selon Larry Fink, PDG de BlackRock.
En matière de vote des actionnaires, il n'y a pas de retour en arrière possible selon Larry Fink, PDG de BlackRock. (Crédits : Reuters)

Le patron de BlackRock, premier gestionnaire de fonds au monde, annonce une « nouvelle ère » de démocratie actionnariale. Dans sa traditionnelle lettre adressée aux clients de BlackRock, Larry Fink estime en effet que les investisseurs, grands ou petits, clients des gestionnaires d'actifs, ont désormais tous les outils en main pour assumer leur rôle d'actionnaire et peser, par leur vote, sur la gouvernance des entreprises.

« J'espère qu'à l'avenir chaque investisseur, y compris les actionnaires individuels, aura la possibilité de voter s'il le souhaite », écrit Lary Fink. « Une révolution », selon lui, qui ne peut que renforcer les « fondements même du capitalisme ».

BlackRock, comme ses principaux concurrents State Street, Charles Schwab et Vanguard, sont les champions de la gestion indicielle, et à ce titre, les premiers actionnaires de quasiment toutes les grandes entreprises cotées. Ce qui leur confère un pouvoir considérable sur la gouvernance... un pouvoir jusqu'ici peu utilisé, notamment dans le domaine du respect des critères ESG (environnement, social et gouvernance). C'est l'un des reproches adressés à la gestion indicielle, celui d'être des actionnaires au mieux « passifs », au pire complaisants avec les directions des sociétés.

Pression sur les gestionnaires d'actifs

Après avoir vanté il y a deux ans le tournant ESG pris par BlackRock, Larry Fink avait d'ailleurs l'an dernier rappelé, en substance, que le premier devoir d'une entreprise était de faire des profits.

Toutefois, les gestionnaires d'actifs, comme BlackRock, sont désormais soumis aux Etats-Unis à une double pression, entre des élus républicains qui contestent les politiques ESG et la société civile ou certains investisseurs qui jugent les efforts de la finance insuffisants pour lutter contre le dérèglement climatique. C'est clairement le cas de BlackRock, à la fois cible de critiques sur son manque de conviction en matière environnemental et taxé « d'ennemi de l'économie américaines » par des élus trumpistes du Texas ou de Louisiane, qui retirent leurs fonds, notamment des fonds de pension. Cette « liste noire » concernent également les banques et toutes entreprises accusées de « progressisme ».

Reste que BlackRock ne pouvait passer à côté de la montée en puissance du vote en assemblée générale des actionnaires, devenu ces dernières années, l'un des credo de la gestion active, notamment sur la question climatique.

C'est pourquoi le gestionnaire d'actifs a mis en place l'an dernier le programme « choix de vote » qui permet aux investisseurs institutionnels de se positionner en assemblée générale, y compris au travers de fonds indiciels. Dans le cadre de ce programme, les investisseurs disposent de plusieurs options, comme le vote par procuration conformément à la politique de l'entreprise, sélectionner un tiers de confiance ou voter en direct.

Vote par procuration pour les particuliers

BlackRock précise que quelque 1.800 milliards de dollars d'actifs dans des fonds indiciels actions sont désormais éligibles à ce programme et que 25 % de ces encours sont déjà inscrits dans ce programme à la fin septembre. « Grâce à la technologie, les actionnaires peuvent influencer de manière significative l'avenir d'une entreprise », souligne Larry Fink, estimant « qu'il n'y pas de retour en arrière possible, la prochaine génération d'investisseurs exigera de plus en plus être entendue ».

Si les investisseurs institutionnels disposent de leur propre équipe de recherche pour les guider dans leur décision de vote en assemblée générale, le poids croissant de la gestion indicielle (les investisseurs sont indirectement actionnaires via des indices) tend à déléguer ce pouvoir d'actionnaires aux grands fournisseurs de fonds indiciels. D'où l'idée défendue par ces mêmes gestionnaires de promouvoir une sorte de vote par procuration.

La prochaine étape visera la clientèle des particuliers. Le plus grand gestionnaire d'actifs au monde prévoit ainsi un projet pilote avec des fonds communs britanniques pour permettre à leurs investisseurs de voter sur des propositions contestées en 2023.

Le mouvement est clairement lancé et d'autres gestionnaires de fonds mettent en place des programmes de vote similaire. C'est le cas notamment de Vanguard, numéro deux mondial derrière BlackRock, qui vient d'annoncer le lancement l'an prochain d'un programme test de vote par procuration auprès des investisseurs particuliers sur plusieurs fonds indiciels. Dans le même temps, Charles Schwab a indiqué qu'un nouvel outil était testé pour sonder les investisseurs sur leurs « préférences » sur les questions de vote par procuration.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 03/11/2022 à 23:17
Signaler
Rien à cire de vos produits sophistiqués qui s adressent qu aux initiés et blindés de tunes moi avec mes 2000€ de salaire net mensuel je veux une augmentation de salaire ne serait ce pour épargner …

le 04/11/2022 à 9:41
Signaler
" avec mes 2000€ de salaire net mensuel je veux une augmentation de salaire ne serait ce pour épargner …" 2000 € de salaire net veut dire environ 2550 € de salaire brut et donc environ 3400 € de super brut ! Vous avez déjà un bon salaire mais ...

le 04/11/2022 à 16:39
Signaler
La question est meme pas de savoir si c'est un bon ou un mauvais salaire, ta qu'à trouver un job mieux payé ou lancé ton entreprise, "je veux" "je veux" chouineuse

à écrit le 03/11/2022 à 20:28
Signaler
Seraient ils inquiets de leur image ....???

à écrit le 03/11/2022 à 16:40
Signaler
L'actionariat ne fonctionne que dans la "politique de l'offre" et donc, d'une demande artificielle ! ;-)

à écrit le 03/11/2022 à 15:58
Signaler
On n'en veut pas de vos produits ESG ! On veut de la performance financière !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.