Un symbole fugace mais un symbole tout de même ! L'indice CAC 40 a (enfin) dépassé en clôture de quelques points le seuil des 6.922 points, son record historique atteint pour la dernière fois le 4 septembre 2000... quelques jours avant les premiers craquements de l'éclatement de la bulle Internet ! Désormais, tous les yeux sont rivés sur le seuil, tout aussi symbolique, des 7.000 points. Et cette fois-ci, ce Graal de la Bourse de Paris semble désormais à portée du carnet d'ordres. En une semaine, le CAC gagne près de 4,5 % et près de 25 % depuis janvier.
« Le marché a finalement peu consolidé depuis l'été, malgré les pressions inflationnistes et les goulots d'étranglement dans les chaînes logistiques, il est assez rapidement revenu sur ses plus hauts. Il existe toujours une dynamique indéniable en faveur des actifs risqués, d'autant que les taux n'ont pas vocation à remonter beaucoup plus », estime Benoît Peloille, stratégiste chez Vega IM.
Bonne saison des résultats au troisième trimestre des entreprises, tensions sur les approvisionnements en voie de résorption, une prime de risque dans la moyenne historique (autour de 6% dans la zone euro) qui traduit aucun excès de confiance des investisseurs et enfin des valorisations certes élevées en zone euro (autour de 16 fois les profits estimés 2021), qui mais qui restent raisonnables compte tenu des taux bas... tout concoure pour une fin d'année en pente ascendante douce. « La croissance doit désormais transiter d'une croissance fortement stimulée par les aides publiques à une croissance plus modérée, mais sur des niveaux tout à fait enviables pour les actions », poursuit Benoît Peloille.
Un CAC encore à la traîne
Certes, le manque de visibilité, avec cette phase plus d'inflation, moins de croissance, créé davantage de volatilité mais personne, sur les marchés, n'évoque le moindre risque de récession, qui pourrait faire chuter les marchés risqués, actions et crédit. Autrement dit, le marché actions aujourd'hui est bien loin des excès des années 2.000 et de la bulle.
D'ailleurs, ce record historique à Paris n'est pas une première. Tous les grands indices, comme le S&P ou le FTSE, ont déjà battu leurs records des années 2000. L'indice parisien ne fait que rattraper son retard. Ensuite, la pondération de l'indice a bien changé en vingt ans. Aujourd'hui, ce sont les valeurs du luxe qui font la pluie et le beau temps et qui tirent l'essentiel de la hausse. LVMH, L'Oréal et Hermès, qui bénéficient tous trois de la puissance du marché chinois, sont devenues ainsi les trois principales capitalisations de la place de Paris.
Leurs bases apparaissent bien plus solides que les secteurs des télécoms, des médias et des technologies (TMT), qui alimentaient la bulle à la fin des années 90, avec des multiples de valorisation qui dépassaient parfois les 50 et qui concentraient plus de 40 % de l'indice. En moyenne, le CAC 40 était valorisé 25 fois les bénéfices en 2000 contre quinze fois aujourd'hui. Et la prime de risque s'affichait à 2,5 %, contre 6 % aujourd'hui, ce qui dénotait un féroce appétit pour le risque. Les investisseurs apparaissent bien plus tempérés.
Un indice plus équilibré
Le luxe est certes le moteur de la croissance de l'indice (et pèse désormais un quart de l'indice) mais il n'est pas le seul. Le secteur financier a sensiblement repris du poids et connaît un rallye depuis le début de l'année, tout en restant encore loin de ses valorisations d'avant crise financière (0,6 fois l'actif net contre 2,2 fois en 2007). Les valeurs cycliques de la vieille économie ont également profité des plans de relance, comme les valeurs industrielles.
Même les « anciennes » valeurs de Tech, comme Dassault Systèmes ou Cap Gemini, ont retrouvé l'appétit des investisseurs. D'autres secteurs en panne, comme l'automobile, sont promis au rebond dans les mois qui viennent une fois réglée la question des semi-conducteurs. Et que dire de TotalEnergies qui surfe sur la vague fossile en plein COP26 ! Enfin, la France est devenue la locomotive de l'Europe grâce à sa consommation survitaminée.
Le traditionnel rallye de fin d'année n'est pas commencé mais personne sur les marchés n'a envie de gâcher une si belle année boursière !
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