Paris lance un observatoire de la finance durable, une première mondiale… très perfectible

L’initiative, qui vise à apporter plus de transparence sur l’engagement des acteurs financiers pour le climat, a été saluée, y compris par certaines ONG. Elle se heurte toutefois à une trop forte hétérogénéité des données extra-financières et à des méthodologies non standardisées. Pour le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, l’établissement de standards à l’échelle européenne est une “question de souveraineté et d'efficacité dans la lutte contre le réchauffement climatique”.
Juliette Raynal
Le Climate Finance Day réunissait aujourd'hui, au palais Brongniart à Paris, les acteurs de la finance pour évoquer leurs engagements pour le climat. A cette occasion, Finance for tomorrow a donné le coup d'envoi de son Observatoire de la finance durable.
Le Climate Finance Day réunissait aujourd'hui, au palais Brongniart à Paris, les acteurs de la finance pour évoquer leurs engagements pour le climat. A cette occasion, Finance for tomorrow a donné le coup d'envoi de son Observatoire de la finance durable. (Crédits : DC)

Chose promise, chose due. En juillet 2019, Bruno Le Maire avait exigé des acteurs de la finance de prendre des engagements forts pour orienter leurs financements vers une économie bas carbone, indispensable pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport aux températures de l'ère préindustrielle. En réponse, ces derniers s'étaient engagés à créer un observatoire de la finance durable. Quinze mois plus tard, la place de Paris lance officiellement cet observatoire à l'occasion du Climate Finance Day, un colloque de réflexion sur la finance et le climat, organisé par Finance for tomorrow, la branche de Paris Europlace dédiée à la finance verte et durable.

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Cet outil, qui prend la forme d'un site en ligne, vise à lister les engagements volontaires pris par les différents acteurs financiers sur le climat et à suivre leurs évolutions. Il doit contribuer à apporter plus de transparence auprès des épargnants et "permettra de donner une information fiable" en la matière, a indiqué Arnaud Leroy, PDG de l'Agence pour la transition écologique (Ademe), lors d'une conférence de presse.

La transparence au cœur de la finance verte

"C'est un pas en avant important vers la transparence nécessaire pour développer une relation de confiance avec les citoyens", a ajouté  Thierry Déau, président de Finance for tomorrow, alors que les organisations non gouvernementales dénoncent régulièrement des opérations de greenwashing et que les Français exigent de plus en plus de transparence vis-à-vis de l'utilisation de leur épargne.

Cet observatoire permettra "d'assurer un niveau élevé de transparence sur la place", a également déclaré Bruno Le Maire lors d'une allocution vidéo diffusée pendant l'événement.

"Il n'y aura pas de finance verte sans transparence sur les actifs, sur les placements, sur l'utilisation de l'épargne des épargnants", a-t-il insisté.

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Une première mondiale

Au total, quelque 355 acteurs de l'assurance, de la banque, de la gestion d'actifs et de l'investissement en capital ont fait part de leurs engagements individuels. En parallèle, l'observatoire propose également une analyse sectorielle en regroupant des données agrégées autour de quatre axes :  le financement de la transition vers une économie bas carbone, la sortie du charbon, la gestion responsable et les produits responsables.

"C'est une première mondiale. La place de Paris est la première à s'être engagée dans cet effort", s'est félicité Arnaud de Bresson, le délégué général de Paris Europlace. "Derrière, il y a l'idée que cette expérience soit reproduite dans d'autres pays", a-t-il poursuivi.

Les artisans de ce nouvel outil reconnaissent néanmoins qu'il demeure perfectible. "L'observatoire ne réunit pas encore la totalité des acteurs financiers de la place de Paris et nous souhaitons les convaincre de le rejoindre", a déclaré Thierry Déau, président de Finance for tomorrow. Celui qui est aussi le PDG du fonds d'infrastructure Meridiam a aussi, et surtout, reconnu de nécessaires améliorations concernant la collecte des données et la mesure de l'impact des acteurs financiers, citant les besoins de standardisation des méthodologies.

"Des données non harmonisées"

L'ONG Reclaim Finance, qui salue toutefois cette initiative, regrette ainsi un manque de lisibilité, directement lié à des "données non harmonisées et maladroitement présentées".

Une question de souveraineté

Un point sur lequel a également insisté le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance. Selon lui, "la donnée constitue le fondement de la finance durable". Bruno Le Maire a ainsi appelé la place de Paris à produire "une donnée pertinente, fiable et comparable d'un établissement à un autre, et d'un pays à un autre, fondée sur des critères communs".

"C'est à l'Europe de définir les standards en matière de données extra-financières. Elle doit les concevoir à la hauteur de ses valeurs. C'est là aussi une question de souveraineté et d'efficacité dans la lutte contre le réchauffement climatique", a-t-il souligné, alors que Bruxelles prévoit une révision de la directive sur le reporting extra-financier, au printemps prochain.

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Juliette Raynal

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