La France, major de la première promotion du Fonds européen de défense

À la suite des premiers appels à propositions dans le cadre du Fonds européen de la défense (FED), 61 projets de recherche et développement dans le domaine de la défense, vont bénéficier dans le cadre de coopérations d'un soutien financier de l'Union européenne à hauteur de 1,2 milliard d'euros. Les industriels français ont été sélectionnés à 178 reprises, devant les italiens et les espagnols.
Michel Cabirol
Grâce au Fonds européen de la défense, la coopération européenne dans le domaine de la défense devient de plus en plus la norme. Nous dépensons mieux en dépensant collectivement. (Thierry Breton)
"Grâce au Fonds européen de la défense, la coopération européenne dans le domaine de la défense devient de plus en plus la norme. Nous dépensons mieux en dépensant collectivement". (Thierry Breton) (Crédits : POOL New)

La Commission européenne va accorder un financement de près de 1,2 milliard d'euros en faveur de 61 projets de recherche et de développement dans le domaine de la défense dans le cadre de coopérations entre industriels européens. Elle a dû faire un tri sur un total de 142 propositions. Près de 700 sociétés venant de 26 pays européens et de Norvège, dont 43% de PME, seront concernés par les 61 projets  sélectionnés à la suite des premiers appels à propositions lancés au titre du Fonds européen de la défense (FED), doté de près de 8 milliards sur la période 2021-2027. "Avec un investissement de 1,2 milliard d'euros, le Fonds européen de la défense présente aujourd'hui des résultats concrets en vue d'une industrie européenne de la défense plus intégrée à même de favoriser l'innovation et de fournir des capacités de pointe à nos forces armées", a estimé le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, cité dans le communiqué publié mercredi par la Commission.

"Grâce au Fonds européen de la défense, la coopération européenne dans le domaine de la défense devient de plus en plus la norme. Nous dépensons mieux en dépensant collectivement. Les États membres et l'industrie européenne de la défense en bénéficieront tous, quelle que soit leur taille", a assuré Thierry Breton.

Ces choix ont été effectués a priori en cohérence avec la coopération structurée permanente (CSP ou PESCO), qui prévoit des coopérations entre pays européens dans le domaine de la défense dans le cadre du Traité de Lisbonne. Les services de la Commission vont maintenant entamer la préparation des conventions de subvention avec les consortiums candidats sélectionnés. Une fois cette préparation menée et après l'adoption d'une décision d'attribution de la Commission, les conventions de subvention seront signées avant la fin de l'année. "Le fait que les PME représentent 43 % des entités participant aux projets sélectionnés montre que le programme du Fonds européen de la défense concerne bel et bien toute la chaîne de valeur industrielle de l'UE", a estimé pour sa part la vice-présidente exécutive de la commission, Margrethe Vestager. Elles recevront près de 20 % du financement.

Les industriels français bien représentés

La France est la nation la mieux représentée dans cette sélection. Ce qui n'est pas illogique au regard des lourds investissements qu'elle a consenti depuis plus 60 ans pour son industrie de l'armement et des compétences et des savoir-faire qu'elle a su développer tout au long de cette période. Ainsi les industriels français ont été sélectionnés à 178 reprises devant leurs homologues italiens (156), espagnols (147), allemands (113) et grecs (75). Sur le montant alloué, 322 millions d'euros serviront à financer 31 projets de recherche et 845 millions 30 projets visant à développer des capacités de défense.

L'un des projets les plus emblématiques, les futures corvettes européennes (European patrol corvette), doté de 60 millions pour financer les études et le design de ces navires (sur 65,8 millions) réunit parmi les principaux acteurs de l'industrie navale européenne : Naviris, la filiale entre Fincantieri et Naval Group, mais aussi Fincantieri, Navantia et Naval Group. En outre, le programme HEROIC, doté de 18 millions d'euros et dont le chef de file est Lynred, filiale à 50-50 entre Safran et Thales, fournira de nouveaux composants électriques avancés pour la prochaine génération de capteurs infrarouges. Enfin, Airbus Helicopters sera le coordinateur du projet ENGRT dont les études (40 millions d'euros) serviront à développer la prochaine génération d'hélicoptères militaires de l'UE. 

Des choix discutables sur l'hypersonique

Le FED a fait le choix de soutenir des projets de capacités de défense tels que la prochaine génération d'avions (projet EICACS, chef de file Dassault Aviation), de chars et de navires de combat, ainsi que des technologies critiques pour la défense, telles que le cloud de combat, l'intelligence artificielle, les semi-conducteurs, l'espace, le cyberespace ou les innovations médicales. Il constituera également le fer de lance des technologies de rupture, notamment dans le domaine des technologies quantiques et des nouveaux matériaux. Ainsi, plus de 5 % du budget seront consacré au financement d'idées de rupture, qui pourrait "permettre de changer radicalement les concepts et la conduite des activités de défense", a estimé la commission.

Pour autant, certains choix apparaissent très discutables. Confier le projet stratégique d'hypersonique européen doté de 100 millions d'euros (sur 109 millions) à l'industriel espagnol Sener en tant que coordinateur dans un consortium qui exclut toute participation française (notamment ArianeGroup et MBDA) apparait irréaliste. Ce projet doit développer un intercepteur européen ayant la capacité à répondre aux menaces à grande vitesse. MBDA avait proposé dans le cadre du Fonds européen de défense et de "Twister", le projet Aquila, qui devait fédérer plusieurs pays européens dont l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie et la France.

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 25/07/2022 à 20:48
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Bonjour, profitez des fond européenne s'est bien... Mais encore faut ils produisent des prototypes viable .... Mais bon, cela ne crée en rien une défense européenne, ou encore moins une coalition militaire entre les nations européennes... Mr Macro...

à écrit le 25/07/2022 à 13:29
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En lisant cette nouvelle, M Poutine s'en est grattée une sans faire bouger la deuxième. Incroyable ce Président " même pas peur "

à écrit le 25/07/2022 à 11:37
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Normal, le capitalisme à la française semble bien représenté à la commission européenne. Donc des attributions de dotations, subventions, marchés publics ou toute autre soulte, en faveur de quelques intérêts privés dans ce pays semblent tout à fait d...

à écrit le 25/07/2022 à 6:20
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Il serait plus correct d'écrire fond européen de dépenses.

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