La silhouette imposante du futur porte-avions français (75.000 tonnes, contre 42.500 tonnes pour le Charles de Gaulle) commence à prendre réellement forme dans les bureaux d'études de MO Porte-Avions, l'entreprise commune entre Naval Group, l'architecte d'ensemble, et les Chantiers de l'Atlantique. Un planning plus précis sur les prochains jalons s'affine. Ainsi, après les premiers essais à la mer en 2036, la Marine nationale pourra embarquer dès 2037 sur le porte-avions de nouvelle génération (PANG) pour s'approprier son nouveau porte-étendard et faire ses propres essais. Lancé en 2018 par l'ex-ministre des Armées, Florence Parly, le PANG, long de 310 mètres et 85 mètres de large, devrait être opérationnel en 2038. Mais pour en arriver à sa mise en service, le futur porte-avions doit encore passer par des jalons importants, notamment le lancement en réalisation fin 2025.
En dépit de certaines interrogations sur les nouvelles menaces pesant sur cette capacité coûtant autour de 5 milliards d'euros, la France va se doter d'un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire. « Pourquoi les porte-avions ? Simplement parce que, dans ce retour du combat naval, comme c'est le cas à terre, on ne gagne pas une bataille sans supériorité aérienne », a expliqué fin juillet à l'Assemblée nationale le chef d'état-major de la Marine nationale, l'amiral Pierre Vandier. Un équipement stratégique que les Etats-Unis (11 unités), la Russie (1 seul) et la Chine (2) mais aussi la Turquie (1), la Grande-Bretagne (2) et l'Italie (2) n'ont pas du tout l'intention de mettre au rebut. En Asie, les Coréens en construisent un, les Japonais transforment leur porte-hélicoptères amphibies (PHA) en porte-F35, et les Indiens viennent de faire les essais à la mer de leur deuxième porte-avions.
« La supériorité aérienne est essentielle car il est toujours plus facile de risquer un avion qu'un croiseur, avait-il alors précisé. Elle est effective lorsque l'on est capable d'envoyer un Rafale à 1 000 nautiques - 2 000 kilomètres - d'un porte-avions pour menacer une flotte adverse, avec un risque mesuré". (...) "Aujourd'hui, on se retrouve face à une densité de missiles et à une puissance de feu considérables, et pour pouvoir envisager de remporter un combat naval, il faut avoir la supériorité aérienne. Dans l'océan Indien, entre Djibouti et Bombay, celle-ci n'est possible qu'avec les porte-avions - tout le monde l'a compris ».
Avant-projet détaillé à partir de mars 2023
Pour l'heure, MO Porte-Avions doit encore terminer l'avant-projet sommaire, dont les travaux ont été lancés début 2021 après l'annonce fin 2020 du choix de la propulsion par le Chef de l'État, puis démarrer en mars 2023 l'avant-projet détaillé du navire et, en co-traitance avec TechnicAtome, des chaufferies nucléaires qui sont dérivées du programme K15. La société commune devra enfin terminer les études de levée de risques, notamment sur les systèmes de mise en œuvre de l'aviation et la propulsion nucléaire. Elle livrera tous ces travaux avant la fin 2025. Le programme bénéficie de plus 1 milliard d'euros d'engagement et de plus de 150 millions de crédits de paiement (121 millions en 2022).
Le futur porte-avions pourra accueillir 2.000 marins et une trentaine d'avions de combat (Rafale puis NGF - New Generation Fighter - dans le cadre du programme européen SCAF). Il sera équipé des catapultes électromagnétiques (EMALS) et des brins d'arrêt nouvelle génération (AAG), conçus par l'américain General Atomics, pour le décollage des avions (17.000 m² de pont d'envol). Ce qui permettra au PANG d'avoir « une interopérabilité continue avec les Américains, précise le président de MO Porte-Avions, Olivier de Saint-Julien. Les avions de la VIe flotte américaine pourront apponter sur le porte-avions français ». Pour la première fois de l'histoire de la Marine nationale, le navire sera "tout électrique" (conversion d'énergie), et disposera d'une « autonomie à la mer de dix ans » avant des travaux de maintenance d'importance, selon Olivier de Saint-Julien.
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