Ryanair se fait l'avocat du 737 MAX. Et pour cause, il est l'un des principaux clients de l'appareil moyen-courrier de Boeing. Il a donc tout intérêt à le défendre. Dans une interview accordée à l'AFP loir d'une réunion de l'association Airlines for Europe (A4E) à Bruxelles, c'est Michael O'Leary, fantasque dirigeant de la low cost irlandaise, qui a pris la défense du MAX dont le début de carrière a été marqué par deux catastrophes aériennes en 2018 et 2019.
Le patron de Ryanair n'a pas hésité à afficher sa satisfaction devant le 737 MAX. Il a tout d'abord salué l'efficacité de ses nouveaux appareils "qui consomment 40% de kérosène en moins". Une sobriété énergétique bienvenue au moment où les prix du carburant s'envolent. Surtout il a avancé que les problèmes de sécurité dus au développement catastrophique de l'appareil appartenaient désormais au passé. Il a ainsi déclaré que "la sécurité n'est plus un sujet pour le MAX".
Le 737 MAX, un avion crédible
Michael O'Leary estime ainsi que "le MAX est en train de rétablir sa crédibilité après deux ans d'interruption à la suite des accidents en Indonésie et en Ethiopie et a déjà effectué plus d'un million de vols en Amérique du Nord et en Europe." Et il juge le retour d'expérience des clients comme très positifs : "Nous pensions que certains de nos passagers hésiteraient à voler sur un Boeing MAX, mais en six mois aucun de nos passagers n'a désiré débarquer."
Il faut tout de même rappeler que lorsque Ryanair communique auprès de ses clients sur le 737 MAX, elle privilégie largement l'appellation 737-8200 "Gamechanger" comme ce fut encore le cas lors de son arrivée à l'aéroport de Beauvais en début d'année. Ce dernier est pourtant bel et bien un MAX. Pour être exact, il s'agit d'une version haute densité du 737 MAX 8 développée pour répondre aux besoins de Ryanair. Suite à l'accident d'Ethiopian Airlines en 2019, la presse avait d'ailleurs pointé le fait que la mention "MAX" ait disparu des avions irlandais au profit de "8200".
Le MAX s'impose dans la flotte de Ryanair
Cela n'empêche pas Ryanair de prendre livraison de MAX à tour de bras en ce début d'année. Depuis janvier, elle a déjà reçu 24 exemplaires, ce qui porte sa flotte à 65 appareils et en fait l'une des plus importantes au monde. Et elle possède encore 145 avions en commande auprès de Boeing.
Des discussions étaient même ouvertes pour élargir encore la flotte - avec une commande potentielle de 100 à 200 Boeing 737 MAX 10, la version la plus longue de l'appareil - mais elles ont cessé l'été dernier. Michael O'Leary avait alors justifié sa décision de stopper les négociations en raison du prix demandé par Boeing, qui contrastait avec les rabais énormes consentis quelques mois plus tôt.
Le patron de Ryanair en a remis une couche sur ce point lors de son passage à Bruxelles : "Quant à acheter de nouveaux exemplaires, ce n'est pas (une décision) basée sur la satisfaction des passagers, mais sur le prix. Nous avons rompu les négociations avec Boeing il y a près de 12 mois. Nous avons assez de livraisons prévues dans les quatre prochaines années pour croître jusqu'à 225 millions de passagers par an. Nous n'avons pas besoin de commander de nouveaux appareils avant 2026 ou 2027, mais cela m'étonnerait que nos acheteurs et Boeing ne recommencent pas à parler avant ces dates, étant donné particulièrement les expériences de Boeing ces 12 derniers mois : ils n'ont pas arrêté de perdre des clients au profit d'Airbus."
Pour rappel, la carrière du 737 MAX a été mise pendant près de deux ans entre parenthèses, suite à deux accidents mortels en octobre 2018 et mars 2019. Le système anti-décrochage MCAS de l'appareil avait été mis en cause dans les deux catastrophes. Interdit de vol pendant près de deux ans, il a repris ses vols opérationnels fin 2020, après des modifications opérées par Boeing sous le contrôle drastique des autorités américaines et mondiales. Le 737 MAX a même repris une carrière commerciale avec plusieurs centaines d'avions commandés depuis.
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