Après la publication d'extraits du rapport sur la loi de programmation militaire de la Cour des comptes dans la presse, le député LR de la haute-Marne François Cornut-Gentille a écrit un courrier au premier président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici, dont La Tribune s'est procurée une copie, pour lui demander de "rendre public" le rapport intitulé "La loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 et les capacités des armées". La présentation de ce rapport était prévue le 2 mars mais elle a été reportée en raison de la guerre en Ukraine. Aucune nouvelle a été pour le moment communiquée.
Selon le député, la mise sous le boisseau de ce rapport priverait "la Nation d'un débat indispensable". D'autant que la Cour des comptes recommande dans son rapport "de mieux informer les décideurs politiques des enjeux opérationnels, budgétaires et industriels". "Il serait regrettable qu'elle ne s'applique pas à elle-même cette préconisation en ne rendant pas public son rapport", a estimé François Cornut-Gentille.
Pour un débat politique
Joint par La Tribune, François Cornut-Gentille estime que le rapport de la Cour des comptes est "le bienvenu" même s'il n'en partage pas toutes les recommandations. Ce rapport a le mérite de vouloir "challenger le modèle d'armées complet de la France" et "de poser la question de savoir si la France est encore capable de tout faire". Il rappelle que la France ne peut pas soutenir un combat de haute intensité dans la durée et pâtit de lacunes capacitaires majeures dans le transport stratégique et les drones, notamment. Mais François Cornut-Gentille, qui reconnait qu'il y a actuellement à la fois "un enjeu financier et de défense", préconise une hausse du budget de la défense dans le contexte actuel. Mais il constate en même temps qu'"il y a en réalité beaucoup de lignes Maginot en France" qu'il faudrait arrêter de financer pour avoir une dépense de défense plus efficace.
C'est pour cela que le député LR appelle à un "débat nécessaire" sur les questions de défense pour trois bonnes raisons : "Nous sommes en période de campagne présidentielle avec l'Ukraine en arrière plan mais aussi dans un contexte économique compliqué". D'où cet enjeu d'avoir ce "débat politique" sur la défense parce que cette question touche le grand public au moment de l'élection présidentielle et au moment où la guerre resurgit brutalement en Europe.
Des doutes sur le modèle des armées françaises
La Cour des comptes avait avant le début de la guerre en Ukraine de très grands doutes sur la poursuite de cet effort budgétaire pour les armées entre 2024 et 2025, puis lors de la prochaine LPM, qui doit emmener les armées au modèle "Ambition 2030". Pourquoi ces doutes, qui sont d'ailleurs légitimes d'un point de vue strictement budgétaire ? La Cour estime que "la remontée en puissance de l'outil de défense prévue par la loi de programmation militaire LPM 2019-2025 se heurte à la conjonction de deux évolutions défavorables. D'une part, les finances publiques se sont dégradées sous l'effet de la crise sanitaire, imposant un effort de réduction du déficit public d'ici à 2027 qui peut contrarier la poursuite d'une forte croissance des budgets de défense. D'autre part, l'accélération et la diversification de la montée des menaces mises en évidence par l'Actualisation stratégique de 2021 tendent parallèlement à augmenter les besoins en matière de défense".
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