« Nous voulons être le leader européen incontesté dans l'OSINT » (PDG d'Aleph-Networks)

Dans une interview accordée à La Tribune, le PDG d'Aleph-Networks Nicolas Hernandez détaille les enjeux de la levée de fonds de 3 à 5 millions d'euros qu'il compte finaliser avant la fin de l'année. Il est prêt à céder entre 20 % et 25 % du capital du spécialiste du renseignement en source ouverte (OSINT).
« En Europe et en France, nous n'avons pas le droit de voler un voleur » (Nicolas Hernandez, PDG d'Aleph-Networks).
« En Europe et en France, nous n'avons pas le droit de voler un voleur » (Nicolas Hernandez, PDG d'Aleph-Networks). (Crédits : Aleph-Networks)

La Tribune : Quels sont les enjeux de cette levée de capital de 3 à 5 millions d'euros pour Aleph-Networks ?
Nicolas Hernandez :
Notre volonté est d'être le leader européen incontesté dans le domaine de l'OSINT (Renseignement en source ouverte, ndlr). Et pour y parvenir, il faut qu'on accélère ; et pour accélérer, nous avons besoin d'un peu de carburant. C'est pour cela que nous visons une augmentation de capital de 3 à 5 millions d'euros, pour 20 % à 25 % du capital d'Aleph-Networks. Cette opération a été précédée en 2022 par une levée de fonds de 500.000 euros (Seed) souscrite par des Business Angels, pour préparer notre opération.

La société Aleph-Networks est-elle rentable ?
Notre quatrième trimestre (la société clôture son exercice au 30 septembre de chaque année) sera bénéficiaire pour la première fois. Nous engrangeons les nouveaux contrats en BtoB de façon très satisfaisante. Aleph ne perd donc plus d'argent et nous visons désormais 30 millions de chiffre d'affaires en 2028, hors acquisitions.

A quoi va servir ce carburant ?
A accélérer notre développement. Ces moyens vont être utilisés pour trois principaux items : intensifier notre R&D avec le recrutement de développeurs afin d'accroître notre avance technique dans un monde mouvant et adresser le marché des PME et des ETI, fortement victimes de cyberattaques ; recruter une équipe commerciale afin d'être présents dans toute l'Europe (nous sommes déjà distribués en Suisse et au Portugal et nous vendons directement au Bénélux) ; enfin, saisir des opportunités d'acquisitions, et devenir le pôle de regroupement des acteurs de notre secteur.

Vous avez été soutenu par le ministère des Armées, notamment l'Agence Innovation de défense (AID). Souhaitez-vous rester français et européen ?
Nous n'oublions pas que l'État français, et tout particulièrement le ministère des Armées, nous a financé pendant dix ans. Aleph-Networks est une entreprise française et entend bien le rester. Les fonds, les holdings d'investissements ou les family offices avec qui nous discutons, sont principalement français et européens. Ils ont notre préférence de principe. Nous sommes à la recherche des meilleurs partenaires, capables de nous accompagner quelques années. L'introduction en bourse d'Aleph Networks fait partie des options pour la suite !

Pourquoi ?
Notre vision est européenne et mondiale. Mais nous sommes également conscients que notre Tech est aussi, à sa modeste échelle, un maillon de notre souveraineté...

Êtes-vous déjà en discussion avec des investisseurs ?
Nous avons été approchés par des investisseurs et étrangers, ce qui est le cas régulièrement depuis quelques années... Avant la guerre en Ukraine, des investisseurs russes étaient entrés en contacts avec nous... Et des chinois, qui ont été très culottés. Bien sûr, nous ne répondons pas à toutes ces sollicitations, car nous cherchons à rester cohérents et fidèles à nos convictions. Nous avons ouvert des discussions avec des investisseurs français et européens, mais il est vrai que nous sommes également sollicités par des investisseurs américains et moyen-orientaux.

L'opération doit-elle être réalisée avant la fin de l'année ?
Oui. Car notre objectif est d'être prêts pour délivrer le marché OSINT qui est ouvert et va exploser à partir de 2025. Et nous le serons. Nous n'avons plus d'enjeu de survie. Tout ce qu'on signe aujourd'hui nous permet d'être rentables. La croissance de ce marché va être générée par l'arrivée au 1er janvier 2025 des normes européennes NIS2 et DORA, qui vont être obligatoires pour toutes les banques et les compagnie d'assurances. Ces normes vont structurer ce marché. C'est un coup de poing sur la table de l'Europe qui s'est rendue compte que les États européens n'arrivaient pas à faire bouger les entreprises sur ce sujet. Et cela nous est très favorable.

Quelle est l'évaluation de ce marché ?
C'est un marché absolument astronomique. La norme DORA va concerner 20.000 entreprises du secteur Banque & Assurances en Europe, pour ne parler que d'elles, tandis que la norme NIS2 visera directement 120.000 entreprises, leurs fournisseurs et les administrations liées. Elles porteront la responsabilité des fuites de données et d'informations (entreprises, salariés, fournisseurs...). Pour répondre concrètement à votre question, nous évaluons ce marché à environ 4 milliards d'euros.

Toutes les entreprises vont-elles jouer avec les mêmes cartes sur ce marché sensible ?
En Europe et en France, nous n'avons pas le droit de voler un voleur. Nous n'avons pas le droit de rentrer dans un système fermé, comme par exemple Telegram, de regarder ce qui se dit en se faisant passer pour autrui et d'utiliser tout ce qu'il est possible de récupérer, sous peine d'être déclaré coupable de recel de données. Nos « amis » américains et israéliens, ainsi que certains pays d'Asie du Sud-Est, qui sont nos concurrents, n'ont pas les mêmes règles. Ils ont tendance à se focaliser sur l'information « noire » : de fait, toute leur base de données est illégale en Europe.
Si nous nous risquions à faire du renseignement en sources ouvertes sur la base de ces sociétés ou de ces données, nous tomberions dans le recel de données et serions pénalement répréhensibles ! Sur ce marché du renseignement en source ouverte, le nombre d'acteurs en Europe, qui sont en capacité de gérer un volume comparable de données, sont au nombre de trois. Mais Aleph Networks est, à notre connaissance, la seule entreprise du secteur en Europe, à être à 100 % en conformité avec toutes les règles.

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Commentaires 2
à écrit le 07/09/2023 à 12:54
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Dommage que les particuliers ne puissent pas placer de jetons dessus !

à écrit le 07/09/2023 à 8:00
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Vous êtes sûr que c'est pas la photo d'un gars qui a été pris en otage par ses ordinateurs ?

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