Photonis s'efface, Exosens s'élance

Après avoir multiplié ces derniers mois les acquisitions avec le soutien très actif de son actionnaire le fonds HLD, Photonis change de nom et devient Exosens. Très clairement, le spécialiste des systèmes servant à la vision nocturne est dans une dynamique de croissance après son rachat par HLD en 2021.
Michel Cabirol
Objectif d'Exosens : doubler son chiffre d'affaires dans cinq ans.
Objectif d'Exosens : doubler son chiffre d'affaires dans cinq ans. (Crédits : Photonis)

Poussé par Florence Parly, Bruno Le Maire a vraiment eu le nez creux de s'opposer fin 2020 à la vente de Photonis au groupe américain Teledyne. Pour deux raisons, dont la première appartient désormais à l'histoire : l'État français s'était opposé à l'acquisition de Photonis par Flir Systems, mais qui a été racheté par Teledyne à l'issue de négociations soigneusement cachées au gouvernement français complètement dans le brouillard. Clairement un coup de chance... Deuxième raison, Photonis est finalement tombé dans les mains d'un actionnaire, le fonds luxembourgeois HLD, qui est un formidable créateur de croissance pour les entreprises qu'il rachète (23 sociétés dans son portefeuille, soit 4,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 36.000 salariés).

HLD a déjà fait du très bon boulot dans la défense avec Rafaut, devenu en mai 2022 Aresia, qui affiche de fortes croissances. C'est également le cas avec Photonis, qui s'efface aujourd'hui au profit d'Exosens, même si Photonis, en tant que marque mondiale reconnue pour ses tubes intensificateurs de lumière, va demeurer. HLD n'a pas choisi Photonis par hasard. Car comme le précise le directeur général d'Exosens Jérôme Cerisier, le groupe de la région bordelaise, dont le siège social est à Mérignac, est « numéro un mondial avec 65% du marché mondial hors Etats-Unis, Chine, Russie ». En dépit de sa croissance rapide en seulement deux ans, elle dispose encore d'un très fort potentiel de croissance grâce à ses technologies, qui échappent à la réglementation américaine ITAR (ITAR Free). Son objectif est de doubler le chiffre d'affaires d'Exosens dans cinq ans.

Photonis décolle

Avec HLD, la belle endormie Photonis, dont les ambitions avaient été anesthésiées par Ardian, décolle. Elle va atteindre plus de 300 millions de chiffres d'affaires en 2023 pour plus de 1.500 salariés (un tiers en France) alors qu'elle avait enregistré un chiffre d'affaires de 217 millions d'euros en 2022. Soit une hausse de 30% sur ses quatre métiers (défense, nucléaire, sciences de la vie et contrôle industriel) hors croissance externe. Des métiers tous en croissance, notamment la défense où Photonis réalise 70% environ de son chiffre d'affaires (15% dans les sciences de la vie, 10% dans le contrôle industriel et 5% dans le nucléaire).

« C'est une technologie indispensable, il n'y a pas un combat d'infanterie qui ne se fait pas de nuit », rappelle Jérôme Cerisier. Il bénéficie d'ailleurs des volumes vendus qui ont été multipliés par 20 et de performances multipliées par deux en 20 ans. Exosens profite également des cycles technologiques relativement court dans sa filière (7/8 ans). Au-delà, les systèmes d'armes équipés par les produits Photonis sont dépassés par des technologies plus performantes, conduisant les armées à renouveler régulièrement leurs parcs.

Multiplication des acquisitions

Outre la croissance organique, les acquisitions signées en 2023 vont lui permettre d'obtenir environ 15% de croissance additionnelle cette année. C'est d'ailleurs là où HLD joue pleinement son rôle d'actionnaire en permettant à Photonis d'être un des acteurs de la consolidation dans ses métiers, notamment celui de la vision nocturne. Ainsi, depuis décembre 2022, l'ETI de la région bordelaise s'est déjà offert quatre sociétés : le belge Xenics, spécialiste des capteurs et caméras infrarouges, l'allemand Proxivision (détection ultra-violet), le canadien Telops (caméras hyperspectrales et infrarouges refroidie) et l'israélien El-Mul (détecteurs d'électrons et d'ions).

Le changement de nom devrait faciliter l'intégration de ces quatre PME, dont les marques ne vont pas disparaitre à l'exception de Proxivision. Et selon Jean-Hubert Vial, partner chez HLD, « on a vocation à continuer cette stratégie d'acquisitions. On s'y prépare ». Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'Exosens finalise un rachat d'ici à la fin de l'année.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 21/09/2023 à 18:20
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Bonjour, avant toute chose ils faut voir si cette entreprise sera rentable sur le marché intérieur et a l'exportation.... Donc , seul le temps nous sera porteur d'information... Pour le reste voir si cela était un bonne investissement, ils nous faud...

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