« Shrinkflation »  : Carrefour va épingler les industriels, Bruno Le Maire promet une disposition

Alexandre Bompard continue son offensive contre les industriels. Le PDG de Carrefour a, cette fois, dénoncé la « shrinkflation », cette technique légale qui consiste à réduire les quantités pour ne pas avoir à augmenter les prix, a minima.
Un projet de loi qui sera présenté début octobre devrait contenir une mesure destinée à obliger les industriels « à faire figurer de manière très visible la réduction de contenu quand ils gardent le même packaging ».
Un projet de loi qui sera présenté début octobre devrait contenir une mesure destinée à obliger les industriels « à faire figurer de manière très visible la réduction de contenu quand ils gardent le même packaging ». (Crédits : Reuters)

« Ce produit a vu son contenant baisser et son prix augmenter ». Le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, a annoncé mercredi soir au micro de France 5, dans l'émission « C dans l'air », qu'un message de précaution sera affiché dans les rayons pour informer les clients que certains industriels tentent de les abuser.

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En cause : la « shrinkflation », cette pratique marketing qui consiste à masquer la hausse des prix des produits, tout en réduisant les quantités vendues dans un emballage semblable, le tout avec un prix identique. Elle est légale, à condition que la mention du poids de la denrée soit ajusté. Elle peut toutefois induire en erreur les consommateurs.

Alexandre Bompard n'est pas le seul représentant de la distribution à dénoncer cette pratique. Le 5 septembre dernier, Thierry Cotillard, président du groupement Intermarché, a mentionné plusieurs marques, comme Findus et Carte d'or. « Ce n'est pas acceptable. Cette pratique a toujours existé, mais dans une période où il n'y avait pas d'inflation, c'est de bonne guerre, mais en ce moment, ce n'est pas possible », a-t-il martelé au micro de l'émission « C à vous » sur France 5.

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 Bientôt une disposition dans la loi ?

Interrogé sur cette pratique controversée, Bruno Le Maire a confirmé son intention de s'y attaquer. « C'est une arnaque, c'est scandaleux, a asséné le ministre de l'Economie au micro de France info, ce jeudi 7 septembre. Vous en avez moins et vous payez plus cher. Cela a toujours existé, mais cette pratique se multiplie. (...) C'est inacceptable. »

Le locataire de Bercy a ainsi promis une disposition au sein d'un projet de loi qui sera présenté début octobre visant à obliger les industriels « à faire figurer de manière très visible la réduction de contenu quand ils gardent le même packaging ».

« Nous ne sommes pas là pour remplir les poches des géants industriels, a-t-il asséné. Nous sommes là pour permettre aux Français de vivre décemment et de pouvoir se payer ce dont ils ont besoin, notamment en termes de produits alimentaires [sans être] trompés sur la marchandise. »

Le Conseil national de la consommation saisi

Pour rappel, la cheffe des députés Insoumis Mathilde Panot a annoncé le 31 août dernier déposer une proposition de loi pour lutter contre la « shrinkflation ». Ainsi, le texte déposé par LFI veut que soit considéré comme trompeur, et donc interdit, le fait de « réduire la quantité » d'un produit « pour un prix équivalent ou supérieur sans clairement en informer le consommateur ».

« Cette pratique déloyale provoque au mieux une multiplication de déconvenues aussi surprenantes que désagréables lorsque le consommateur s'en rend compte. Au pire, elle accroît les difficultés financières de millions de Français », dénonce la proposition.

La ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l'artisanat et du tourisme Olivia Grégoire a missionné le Conseil national de la consommation pour réaliser une enquête sur cette pratique. Cette analyse doit être achevée « au plus tard le 31 mars 2024 », selon la lettre de mandat du Conseil national de la consommation consultée par l'AFP.

« Les distributeurs qui ont ces produits les ont acceptés »

Quid des industriels pointés du doigt ? « Ce qui peut être amélioré sans doute, c'est l'information au consommateur, a reconnu Jean-Philippe André, président de l'Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA), au micro de RTL ce jeudi matin. Il n'y a pas d'arnaque sur ces produits-là, mais il faut voir comment améliorer encore l'information aux consommateurs. Il ne faut pas donner l'impression qu'il y a d'un côté des voleurs et de l'autre des chevaliers blancs ».

Le représentation de l'industrie agroalimentaire renvoie la balle aux distributeurs : « C'est très hypocrite de dire qu'il y a des arnaques. Les distributeurs qui ont ces produits, ils les ont acceptés ».

La « shrinkflation » est dans le viseur de certaines associations de consommateurs depuis quelques mois déjà. En septembre 2022, Foodwatch avait ainsi épinglé six marques « qui ont modifié la taille de leurs produits phares ces dernières années », citant Lindt et Salvetat.

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Commentaires 6
à écrit le 09/09/2023 à 17:52
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ils nous ont tant volé ....................volé le peuple tout nos dirigeants tôt ou tard le mal se paie !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

à écrit le 09/09/2023 à 17:51
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ils nous ont tant volé ....................volé le peuple tout nos dirigeants tôt ou tard le mal se paie !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

à écrit le 07/09/2023 à 20:58
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Les industriels ne sont pas obligés de vendre leurs produits à Carrefour. Carrefour n'est pas obligé d'acheter leurs produits. NOUS ne sommes pas obligés d'acheter des produits à Carrefour, ou d'acheter des produits dont les prix au kilo, au litre ou...

à écrit le 07/09/2023 à 18:58
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Alexandre Bompard qui fut l'un des premiers à dénoncer - dernièrement - les phénomènes de "greedflation" et "shrinkflation"?😂Quel gag, alors même que ces phénomènes endémiques furent constatés par des économistes y a une année aux États-Unis. Alors q...

à écrit le 07/09/2023 à 17:56
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"Les distributeurs qui ont ces produits, ils les ont acceptés" et alors ? Quand Coc*Col* dit "la bouteille fera 0,9L et non plus 1L, vous prenez ou ne prenez pas ? L'ancienne ne sera de toute façon plus produite". Ne pas prendre voudra dire avoir des...

à écrit le 07/09/2023 à 17:36
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C'est légal, le pilori privé?

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