Daimler sacrifie son usine de Moselle contre toute attente

Le constructeur automobile allemand (Mercedes, Smart) a annoncé la cession de son site d'Hambach (Est de la France), alors qu'il avait lancé un lourd programme d'investissement pour y produire des voitures 100% électriques. La crise du coronavirus contraint Daimler à des décisions encore plus radicales, après les premières mesures de rationalisation de sa production annoncées dès 2019...
Nabil Bourassi
L'usine d'Hambach fabrique des Smart depuis 1998. Mais elle devait accueillir dès 2021, un nouveau modèle 100% électrique dérivé de la Mercedes Classe A, et qui permettait de pérenniser le site.
L'usine d'Hambach fabrique des Smart depuis 1998. Mais elle devait accueillir dès 2021, un nouveau modèle 100% électrique dérivé de la Mercedes Classe A, et qui permettait de pérenniser le site. (Crédits : Thomas Peter)

C'est un véritable revirement stratégique que vient d'opérer Daimler. Le groupe automobile allemand vient d'annoncer un processus de cession de son site d'Hambach en Moselle (Est de la France). Cette usine ouverte en 1998 emploie près de 1.500 personnes.

Pour l'heure, le groupe n'a pas donné davantage d'informations sur le type de processus en vue: cession vers un autre constructeur automobile ou reconversion totale du site. Cette annonce est une véritable surprise puisque Daimler avait annoncé au printemps 2019 qu'il allait investir près de 500 millions d'euros sur ce site afin d'y substituer la production de Smart (délocalisée en Chine) et y installer un futur véhicule 100% électrique, et dont le lancement est désormais imminent (début 2021). Autrement dit, le groupe a probablement déjà dépensé une partie de l'enveloppe d'investissement.

L'électrification, priorité du groupe

D'autant que l'électrification est une priorité pour Daimler. Sa filiale Smart commercialise déjà des véhicules électriques, tandis que Mercedes a lancé un label spécifique baptisé EQ et qui prévoit plusieurs modèles dont celui prévu à Hambach, et qui est un dérivé de la Classe A.

Le groupe automobile allemand, dont le patron historique, Dieter Zetsche, a quitté le groupe il y a tout juste un an, fait actuellement l'objet d'une revue stratégique de fond. Dès novembre dernier, le constructeur annonçait près de 10.000 suppressions d'emplois sur 304.000, à horizon 2022 pour économiser 1,4 milliard d'euros de coûts. Il s'agissait alors de financer le développement de l'électrification, justement...

En réalité, les constructeurs automobiles premiums allemands investissent tous azimuts dans divers projets dont l'électrification mais pas seulement, au point que leur marge opérationnelle avait déjà commencé à s'éroder en 2019. En outre, la menace d'amendes sur les objectifs CO2 à tenir en 2020 a augmenté la pression. Aujourd'hui, peu de constructeurs sont toujours assurés d'échapper à ces amendes qui risquent de s'élever à des centaines de millions d'euros.

C'est dans ce contexte que les constructeurs premiums avaient tour à tour lancé d'importants plans sociaux. Fin 2019, après Mercedes, c'est Audi qui a annoncé 9.500 suppressions de postes, tandis que BMW a confirmé se séparer de près de 10% de ses effectifs.

La crise du coronavirus a aggravé la crise

Avec la crise du coronavirus qui a fait plonger les ventes au premier semestre et pourrait amputer le marché d'environ 20% de ses ventes sur l'ensemble de l'année, l'équation financière s'est encore aggravée. Les constructeurs sont désormais contraints de prendre des décisions plus radicales encore, notamment sur les programmes de R&D. Récemment encore, Daimler et BMW ont annoncé la suspension de leur partenariat dans le développement de la voiture autonome.

La décision sur l'usine d'Hambach est une demi-surprise dans le contexte de grave crise économique, et laisse présager de nouvelles annonces du même type...

Nabil Bourassi

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Commentaires 10
à écrit le 04/07/2020 à 14:55
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PSA avec Tavarez a fait pareil chez Opel après avoir annoncé qu'il n'y aurait pas de licenciement... La France est LE pays le plus hypocrite du monde (rav touitou - youtube). La parole d'un francais ne vaut rien !

à écrit le 04/07/2020 à 11:07
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un boycott des produits Mercedes s'impose

à écrit le 04/07/2020 à 10:32
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Cette usine n'a jamais été rentable, la Smart est une niche qui n'a jamais trouvé sa clientèle, normal que Mercédés arrête les frais.

à écrit le 04/07/2020 à 9:59
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Bon, chinois et coréens ont décidé de décrocher cette usine de Daimler, donc pas comme ils avaient promis, mais comme pronostiqué. Toutes les Smart seront assemblées en Chine, ou l'Etat vas sauver ce savoir faire?

à écrit le 04/07/2020 à 9:38
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Bah les allemands ne nous aiment pas mais hélas nos hommes d'affaires aveuglés par leurs comptes en banque continuent de nous sacrifier à eux. Le déclin c'est toujours trop long vers la fin.

à écrit le 04/07/2020 à 9:22
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cette usine devait être consacrée à un modèle électrique Merco, la production de la smart électrique étant délocalisée.... en chine.... résultat, soit on rapatrie les prod en Allemagne, soit dans les pays de l Est, réservoir de main d oeuvre de l al...

à écrit le 03/07/2020 à 23:27
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Comment cela, oser quitter le pays le plus compétitif du monde ? Celui dirigé par JUPITER, le génie absolu, ? Celui que même les martiens nous envient ?

à écrit le 03/07/2020 à 23:27
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Comment cela, oser quitter le pays le plus compétitif du monde ? Celui dirigé par JUPITER, le génie absolu, ? Celui que même les martiens nous envient ?

à écrit le 03/07/2020 à 21:59
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vu le pognon fou qu ils ont reçu de subvention ....

à écrit le 03/07/2020 à 19:29
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ca va envoyer du lourd, y a pas mal de sous traitants juste a coter, donc il vont aussi fermer....... d'un autre cote c'est pas etonnant, la smart, ca pouvait marcher comme petite voiture pas chere, ils l'ont positionne bobo urbain a tarif eleve, ce...

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