Les Ford Fiesta et autres Volkswagen Polo peuvent trembler... Les marques françaises lancent une offensive non concertée mais très agressive avec leurs nouvelles citadines. Renault renouvelle sa célèbre Clio, numéro 1 en Europe sur le segment, et première vente mondiale pour la marque au losange. De son côté, Peugeot, fort de sa dynamique de marque enclenchée en 2016 avec le 3008, revisite complètement sa 208 dans une nouvelle mouture. De l'aveu de chaque partie, la guerre sera totale !

Pour Renault, il s'agit de conserver son leadership tout en montant en gamme. Si sûre de son produit, la marque française s'est offert le luxe de ne toucher que superficiellement le design extérieur, comme une allemande... « Nous avons voulu capitaliser sur la force de la voiture, et son design plaît toujours. On observe que la courbe des ventes n'a pas fléchi en fin de cycle, au contraire, elle a même augmenté », explique Frédéric Clermont, directeur de gamme segment A et B chez Renault.

« Le design extérieur est la première raison d'achat », souligne Olivier Murguet, directeur commercial et régions, et membre du comité exécutif du groupe. C'est donc à l'intérieur que Renault a opéré son renouvellement. « Nous avons réalisé un vrai saut en qualité perçue », lance Frédéric Clermont : plastique moussé sur le tableau de bord et les panneaux de porte, matériaux plus nobles, davantage de technologies avec une « nouvelle expérience de connectivité ». Il s'agit de monter en gamme, un enjeu majeur pour Renault qui pêche sur les segments supérieurs.

[Avec la Clio, Renault a favorisé la qualité intérieur de son nouveau véhicule]

De meilleurs niveaux de finition

Chez Peugeot, la stratégie est très différente. Le design de la voiture a été totalement revu pour « coller » davantage au nouveau souffle stylistique inauguré en 2016 par le 3008. « Nous sommes sur un autre registre d'expression que les SUV, explique Guillaume Clerc, chef de projet 208. Il y a plus de rondeurs. » Mais la 208 ne néglige pas non plus l'ambiance intérieure. La marque au lion place même son système i-Cockpit, autre marqueur du succès du 3008, un cran au-dessus avec un tableau de bord en trois dimensions. Chez Peugeot, on vise la première place, mais le véritable objectif est de tirer les options et les niveaux de finition le plus haut possible, pour un maximum de rentabilité.

« On fera tout pour prendre la place de numéro 1, mais nous ne sacrifierons pas nos marges », lance Guillaume Clerc qui poursuit : « L'enjeu pour nous est de remporter le leadership en termes d'image de marque qui est la meilleure source de mix-produit élevés. » Peugeot se veut très enthousiaste sur sa 208. « Il y a comme un air de 206... », souriait Jean-Philippe Imparato, patron de Peugeot, en voyant l'accueil de sa nouvelle citadine présentée pour la première fois au salon de Genève. Mais les deux françaises portent également une lourde responsabilité sur leurs épaules, celle d'améliorer le mix-énergie de leur groupe respectif en vue des objectifs de réduction de CO² imposés par l'Union européenne et qui pourraient coûter des centaines de millions d'euros aux constructeurs les plus pollueurs.

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Là-dessus, les deux marques ont également opté pour des stratégies différentes. La Clio mise sur une technologie innovante et étonnante : une hybridation non-rechargeable qui permet toutefois de rouler en zéro émission 80 % du temps en agglomération. En général, cette solution technologie est surtout une aide à la propulsion et ne permet pas de dépasser une distance de 4 kilomètres en zéro émission. Mais Renault a mis au point un système efficient de recharge des batteries. La nouvelle Clio revendique ainsi avec son système e-Tech un gain de 13 grammes de CO2 tout en gagnant 20 Nm de couple moteur (la puissance d'accélération).

Une offre tarifaire accessible

Chez Peugeot, c'est le 100 % électrique qui a été adopté. Un pari risqué tant cette technologie reste tributaire des investissements en infrastructures des pouvoirs publics. Mais, tandis que Renault dispose déjà de la Zoé qui sera bientôt renouvelée, la marque au lion se devait d'équiper sa gamme d'une voiture 100 % électrique.

Avec 340 km d'autonomie, et une offre tarifaire qui se veut accessible (299 euros par mois en location avec option d'achat, Peugeot espère que sa e-208 électrique sera compétitive. L'année des citadines françaises ne fait que commencer puisqu'elles vont relancer dans quelques mois une offensive non moins stratégique, celles des SUV de segment B (Captur et 2008). La guerre est totale !