C'est la renaissance d'une voiture mythique. La Renault 5, écoulée à plus de 5 millions d'exemplaires dans le monde, 9 millions en ajoutant la Super 5, est restée 10 ans en tête des voitures les plus vendues dans les années 70 et 80. C'est désormais en version électrique qu'elle refait surface au Salon de Genève, avant une ouverture des commandes au printemps prochain. Annoncée il y a trois ans par le directeur général du groupe, Luca de Meo, son prix devrait tourner autour des 25.000 euros hors bonus écologique pour l'entrée de gamme, et monter progressivement jusqu'à plus de 30.000 euros, « pour s'adapter à tous les besoins », a confié Fabrice Cambolive, le directeur de la marque, lors d'une présentation à la presse. Ce sont d'ailleurs les R5 les plus chères, équipées des plus grosses batteries, qui seront commercialisées en premier. La voiture à 25.000 euros, promise par Luca de Meo, ne devrait arriver sur le marché qu'en fin d'année 2024 ou en 2025.
La renaissance de ce symbole a ainsi été une évidence pour Fabrice Cambolive et le groupe français. « Nous avions besoin d'une étoile polaire. La Renault 5 est un symbole qui a traversé toutes les classes sociales de la société ». Cette voiture, destinée à remplacer l'actuelle Zoe, marque ainsi l'accélération dans l'ère de l'électrique de Renault sous la patte de Luca de Meo. Positionnée sur le segment des citadines, le plus important en France dans les ventes, mais également le plus concurrentiel, cette R5 compte se distinguer par son côté Made in France. Cette Renault 5 est fabriquée dans l'usine historique de Douai et bientôt armée des batteries de l'usine d'Envision, située à une trentaine de kilomètres. En clin d'œil à son territoire d'origine, certaines versions de la voiture seront équipées d'un panier en osier pour mettre sa baguette de pain.
La méthode du « rétrofuturisme »
À Genève, on retrouve le jaune emblématique du modèle présenté dans les premiers dessins de Renault. Mais c'est en vert pop qu'elle sera proposée sans supplément de prix à la commande. Du blanc, du noir et du bleu nuit viendront compléter la gamme.
« L'idée était de compiler les caractéristiques. L'actuelle R5 électrique a les phares pétillants et fun de la R5, les oreilles élargies de la turbo et les feux arrière allongés de la Super 5 », décrit Gilles Vidal, responsable du design de la marque.
Dans son communiqué, Renault assume : « la méthode est de réinterpréter à l'aune de l'électrique et du XXIe siècle ces nombreux détails ancrés dans l'imaginaire collectif ». Ainsi, l'emblématique grille d'aération sur le capot devient quant à elle un écran affichant l'état de la batterie électrique, mais la forme du véhicule a été retravaillée pour optimiser son aérodynamisme.
Ce « rétrofuturisme » est une technique de marketing bien rodée. Surfant sur les souvenirs, elle permet de réduire les coûts de promotion. Avant la R5, Fiat et Mini ont également fait revivre leurs modèles historiques. Résultat : la Fiat 500 et la Mini 3 portes se classent toujours dans les 30 modèles les mieux vendus en France cette année. D'ailleurs, la petite citadine italienne avait été relancée sous la stratégie d'un certain Luca de Meo, alors directeur marketing du constructeur. Si la comparaison avec son désormais concurrent - Fiat appartenant à Stellantis - semble évidente, Renault se défend « ne pas vouloir un résultat vintage » pour la R5. La marque au losange espère tout de même avoir le même succès que la Fiat 500 avant les sorties de deux autres voitures historiques relancées en version électrique : la Renault 4 pour 2025 et la Twingo pour 2026.
Optimisation des coûts
En outre, la future R5 sera proposée avec deux types de batterie, offrant une autonomie entre 300 kilomètres et 400 kilomètres. Renault a également cherché à optimiser l'espace et à limiter le poids de ce véhicule afin de réduire sa consommation. La voiture gagne donc 13 centimètres de longueur par rapport à la Clio, mais dispose d'un coffre de 326 litres, « le plus grand des citadines électriques », assure la marque. À titre de comparaison, la future C3 électrique prévue pour le printemps aura un coffre de 310 litres et la Mini 3 portes de 211 litres.
Pour mettre sur route cette R5 en seulement trois ans, Renault a misé sur une toute nouvelle plateforme baptisée AmpR Small qui lui a « permis de réaliser des coûts d'échelle », affirme la marque dans son communiqué. Ainsi, le train avant de la R5 est partagé avec la Clio et la Captur.
Les autres éléments ont été conçus spécifiquement pour des voitures électriques. Les prochains modèles de la marque, comme la Twingo, en bénéficieront, permettant une nouvelle fois d'abaisser les coûts de production et de sortir une voiture autour des 20.000 euros. Avec la R5, la marque au losange commence ainsi définitivement la guerre des prix, anticipant l'arrivée de petites voitures électriques chinoises dans les prochaines années. Renault devra également composer avec la sortie de la C3 électrique de Stellantis au même moment et proposée à 23.300 euros.
Une économie de 50% grâce à la recharge bidirectionnelle
Pour ce faire, un tout nouveau système sera proposé dans une voiture Renault : le vehicle to grid (V2G), ou la restitution de l'électricité de la batterie dans le réseau. Cette option ne sera pas disponible sur le tarif de base, mais sera proposée dans les gammes supérieures ainsi que la borne bidirectionnelle et le contrat d'énergie spécifique avec le fournisseur The Mobility house. La marque promet une économie de 50% de sa facture d'électricité par mois grâce à ce système, « si le client se branche tous les jours ». La recharge bidirectionnelle est en test sur les R5 avant d'être étendue aux futurs véhicules électriques Renault. D'autres voitures sur le marché en sont déjà équipées comme les Nissan Leaf, Peugeot iON et Citroën C0.
Disponible en concession dès cet été, la R5 est ainsi l'espoir du groupe de reprendre sa position de leader dans le segment du « mass market », soit les modèles vendus en grand nombre avec des marges plus basses. La marque compte également sur une relance du leasing social, arrêté par le gouvernement il y a deux semaines, pour booster ses ventes, en particulier auprès des jeunes. Pour l'heure, si une nouvelle vague de ce dispositif proposant la location de voitures à 100 euros par mois a été annoncée, aucune date n'a été avancée.
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