
Le groupe Valéo vient d'annoncer un investissement record de 61 millions d'euros sur trois ans sur son site de Nogent-le-Rotrou. Ce plan, qui bénéficiera du soutien de l'Etat à hauteur de 5,5 millions d'euros via France 2030, est séparé en deux phases représentant chacune 30 millions d'euros.
La première vise à créer un nouveau département d'affichage « tête haute » (Head Up Display-HUD) dans l'usine. Grâce à l'IA, ce dispositif, pour l'instant réservé aux voitures haut de gamme, permet de rendre accessibles au conducteur les données du tableau de bord directement sur le pare-brise. L'activité se substituera d'ici 2026 à la spécialité historique du site percheron depuis sa création en 1992, les groupes de climatisation des véhicules thermiques, déjà réduite à 20% au profit des capteurs à ultra-sons.
« L'autre moitié de l'enveloppe sera, d'autre part, consacrée à opérer une bascule stratégique vers l'électronique, la mécatronique et l'optoélectronique, mais également à faire de Nogent un site efficient et complètement décarboné, explique Brice Beuraert, directeur du site de Nogent-le-Rotrou. La finalité est d'inventer une nouvelle génération d'outils dotés d'une capacité de détection supérieure, notamment en termes de distance ».
Comme le dispositif « tête haute », les capteurs ultrasons constituent une des briques essentielles des systèmes d'aide à la conduite (Advance Drivers Assistance Systems - ADAS). Ils ont vocation à être généralisés au sein de toutes les gammes des constructeurs pour renforcer la sécurité.
Nouvelles lignes opérationnelles en 2026
Le site de Nogent-le-Rotrou, l'un des 30 opérés par Valéo en France, avait déjà opéré une mutation structurelle au début des années 2010. Introduite respectivement en 2012 et en 2016, les activités de capteurs à ultrasons et d'injection plastique automatique y sont désormais ultra-majoritaires avec 80 % de l'ensemble de la production. Le site, qui emploie quelques 330 salariés (il en comptait 1.000 dans les années 80), doit désormais relever le défi de ce nouveau changement, induit par la révolution en cours de l'automobile.
A la clé, la mise en production en 2026 de deux nouvelles lignes de production, qui seront testées courant 2025. La première sera réservée à la fabrication des dispositifs « tête haute », la seconde aux cartes électroniques et systèmes d'injection plastique. Ces investissements en nouveaux matériels entièrement robotisés seront accompagnés d'un volet de formation significatif. La maîtrise de l'IA embarquée dans les outils industriels et la capacité des effectifs à intégrer ces nouveaux métiers constitue un enjeu de taille pour Valéo.
Concurrence des fabricants d'électronique
La bascule à court terme du site nogentais vers le « tout électronique » s'inscrit au sein des deux tendances principales du marché automobile en pleine mutation : l'électrification et les aides à la conduite. Si Valéo détient le leadership sur ces segments face aux autres grands équipementiers français (Faurecia, Plastic Omnium, etc), le géant (20 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 109.000 collaborateurs dans le monde en 2022) est confronté à une nouvelle concurrence redoutable. Les fabricants asiatiques de produits électroniques comme Panasonic et LG se positionnent également auprès des constructeurs.
Cette ouverture du marché de l'équipement automobile à d'autres acteurs devrait encore s'accélérer avec la montée en autonomie des véhicules. Si la technologie est prête, les législations restent pour l'instant prudentes au niveau mondial. Seuls des robots taxis entièrement automatisés ont été autorisés en 2022 aux Etats Unis et en Chine.
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