Les professionnels de la route rêvent de toujours plus d'investissements

La loi d'orientation des mobilités vient de débloquer des investissements pour les infrastructures, mais au regard des demandes croissantes de services à court et moyen-terme, l'organisation Routes de France estime que ces montants seront insuffisants.
César Armand
(Crédits : DR)

Il quitte la présidence de son organisation représentant les entreprises des infrastructures de mobilité et de l'aménagement urbain mais il n'abandonne pas ses combats. Lors des vœux de Routes de France le 9 janvier 2020, Pierre Calvin, 40 ans d'infrastructures routières au compteur, a appelé à "entretenir et protéger" cette "enveloppe protectrice".

"Conçue pour les voitures, la route s'est très vite adaptée aux poids lourds, à des modes de transport variés de même qu'elle a dû accueillir de plus de plus de réseaux: d'assainissement, d'électricité, de fibre...", a listé l'ex-président de Routes de France. "Quand l'un est malade, l'autre le devient à son tour. Un nid-de-poule, c'est une perte d'efficacité pour en-dessous. Une fuite, c'est du désordre sur la surface", a poursuivi Pierre Calvin.

Toujours plus de demandes de services à court et moyen-terme

Les routes sont en outre prises en tenaille entre la durabilité de l'infrastructure à long-terme et les demandes d'usages et de services à court et moyen-terme, comme le développement des véhicules autonomes. La loi d'orientation des mobilités est censée répondre à cette double injonction et contient deux enveloppes pour l'investissement dans les infrastructures: 13,4 milliards d'euros pour 2020-2022 et 14,3 milliards pour 2023-2027.

Mais pour Routes de France, ces montants demeurent insuffisants. "Nous ne tiendrons plus avec des petites mesures", a pointé Pierre Calvin. "De la peinture pour créer une piste cyclable, c'est résoudre un problème de court-terme, alors que cela nécessite une remise en état global de l'infrastructure. Nous devons repenser la ville et les mobilités."

"Certes c'est bien d'investir, mais si on ne maintient pas les infrastructures en bon état, les plus gros problèmes de maintenance d'aujourd'hui seront les problèmes d'investissement de demain", a complété son successeur Bernard Sala, élu président ce 9 janvier 2020.

La suppression de l'avantage fiscal sur le GNR ne passe toujours pas

Car, dans le même temps, au nom de la transition écologique et dans le cadre du projet de loi de finances, le gouvernement a acté la suppression des dégrèvements fiscaux liés au GNR, le gazole non routier utilisé dans les engins, d'ici à 2022. D'abord au 1er juillet 2020, avec une suppression de 45% du taux réduit sur la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Puis de 75% au 1er janvier 2021. Et enfin au 1er janvier 2022, la suppression définitive de cet avantage fiscal.

Ce qui agace prodigieusement le président de la maison-mère FNTP (Fédération nationale des travaux publics), Bruno Cavagné, qui estime que "c'est un gasoil moins soufré [contenant moins de soufre,Ndlr] et donc moins polluant que les autres". Ce dernier a en outre calculé que seuls 10.000 sur 30.000 engins français pourraient fonctionner avec de l'électricité.  "Les seuls qui existent coûtent 25%, 50% voire 100% plus cher !", martèle-t-il. "Laissez-nous du temps pour accélérer."

C'est sans doute pourquoi le nouveau président de Routes de France, Bernard Sala, a fait un vœu pour 2020: "Que l'Etat trouve d'autres moyens de nous taxer que le GNR !" Il en oublierait presque qu'en France, la créativité fiscale ne connaît pas de limites.

César Armand

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Commentaires 4
à écrit le 12/01/2020 à 10:29
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Toujours cette "politique de l'offre" qui veut une augmentation de la mobilité avec ses conséquences climatiques et menant a l'irresponsabilité de chacun!

à écrit le 11/01/2020 à 12:55
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Moins d'argent public pour entretenir nos routes de plus en plus en mauvais état et une volonté politique dy faire rouler toujours plus de camions toujours plus lourds détruisant toujours plus nos infrastructures. Déjà...

à écrit le 10/01/2020 à 17:20
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Ah si l'ECOTAXE avait été maintenue ... Quand je vois le nombre de poids-lourds étrangers qui roulent sur nos routes Françaises sans payer un centimes de redevances (hors autoroutes concédées) , je suis dubitatif sur la fiscalité (écologique) Franç...

le 10/01/2020 à 18:25
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Ségolène Royal etait dans le vrai, mais les Bretons au bonnet rouge et l'aide de Le Driant ont torpille le projet, à 800 millions d'euros quand même.

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