L'épée de Damoclès plane toujours sur le secteur immobilier chinois, fragilisé par les dettes estimée à 260 milliards d'euros du géant Evergrande, l'un des plus gros promoteurs du pays. Tandis qu'il y a quelques semaines la banque centrale chinoise estimait que les retombées d'un potentiel défaut de paiement du groupe étaient maîtrisables, la tension est montée d'un cran, avec, ce vendredi, la convocation officielle du patron du groupe, Xu Jianyin, par le gouvernement. Pékin craint ni plus ni moins de voir tout un pan de son économie être ébranlée par une potentielle banqueroute du promoteur qui emploie directement 200.000 personnes et indirectement des milliers de sous-traitants.
Cette convocation survient après qu'Evergrande a indiqué ne "pas garantir" avoir des ressources suffisantes pour honorer ses obligations financières. Ces informations ont été livrées vendredi soir par des documents déposés à la Bourse de Hong Kong.
Dans la foulée, les autorités locales du Guangdong ont annoncé dans un communiqué avoir "immédiatement convoqué Xu Jianyin (...) et s'être mis d'accord pour dépêcher un groupe de travail à Evergrande Real Estate Group pour superviser la gestion des risques de l'entreprise".
Face aux échéances de remboursement qu'Evergrande se montre incapable de tenir, Pékin avait déjà pressé en octobre le groupe "d'accroître ses efforts pour céder des actifs et accélérer la reprise des chantiers."
Des échéances seulement partiellement déminées
Evergrande a déclaré qu'elle explorait diverses solutions, "y compris, mais sans s'y limiter, le renouvellement et la prolongation d'emprunts et des cessions d'actifs". Le groupe a déjà évité plusieurs défaut de paiement en octobre, en effectuant in extremis des paiements d'intérêts à des détenteurs d'obligations à l'étranger ou en se séparant d'actifs.
Il a ajouté que l'une de ses émissions obligataires devait arriver à échéance mardi, pour un montant de 400 millions de dollars. Un échec pour honorer ce remboursement placerait l'entreprise en défaut de paiement, avec pour conséquence de déclencher un défaut sur d'autres remboursements de dette.
Des risques de faillites en cascade
En Chine, ce qui ressemble à une bulle des emprunts menace d'autres promoteurs. Après le groupe Fantasia Holdings qui totalise 205,7 millions de dollars (177 millions d'euros) d'impayés, c'est au tour de Kaisa (27e promoteur du pays, 27.000 salariés) d'annoncer vendredi de risquer le défaut de paiement après avoir contracté des prêts pour répondre rapidement à la ruée de construction de logements. Il doit s'acquitter mardi d'un remboursement de 400 millions de dollars dus sur des intérêts d'emprunt. Incapable de rembourser cette somme, il avait proposé le mois dernier à ses créanciers de rééchelonner la dette.
Dans un communiqué adressé à la Bourse de Hong Kong, Kaisa a fait savoir que son offre, qui devait obtenir l'aval de 95% des porteurs, a été rejetée. En conséquence, "il n'est pas garanti que l'entreprise sera en mesure d'honorer ses obligations de remboursement", a reconnu le promoteur.
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