Crise du gaz : BASF, le géant allemand de la chimie, supprime 3.300 emplois

Privé du gaz russe bon marché, BASF a vu sa facture de gaz s'alourdir de 2,2 milliards d'euros en 2022 par rapport à 2021 malgré une chute de sa production de 35%. Cette perte de compétitivité oblige le groupe de chimie à tailler dans ses effectifs et à fermer des sites en Allemagne.
Le site gigantesque de Ludwigshafen au bord du Rhin emploie environ 39.000 personnes.
Le site gigantesque de Ludwigshafen au bord du Rhin emploie environ 39.000 personnes. (Crédits : Reuters)

C'est l'une des conséquences de la fin de l'ère des prix bon marché du gaz russeoutre Rhin. BASF, le géant allemand de la chimie, va fermer plusieurs unités de production sur son site historique, ce qui va entraîner la suppression de 3.300 emplois dans le monde.

Sur son site gigantesque de Ludwigshafen au bord du Rhin, qui emploie environ 39.000 personnes, le chimiste compte reclasser en interne 700 postes qui seront perdus suite à la fermeture d'unités produisant notamment de l'ammoniac et du « TDI » servant à fabriquer des mousses et autres adhésifs.

Réduire les coûts

Le groupe veut par ailleurs réduire ses coûts dans le monde en supprimant 2.600 emplois nets, une fois décomptés les reclassements, dans des services centraux et la recherche, en évitant les licenciements secs. « La compétitivité de la région européenne » de BASF souffre de « coûts élevés pour la plupart des facteurs de production », a expliqué le patron du groupe Martin Brudermüller.

Le géant de la chimie a payé l'an dernier 2,2 milliards d'euros de plus pour le gaz qu'en 2021, bien que la consommation a chuté de 35% surtout en raison d'arrêts de production à Ludwigshafen. En 2021, ce site représentait 4% de l'ensemble de la consommation de gaz de l'Allemagne.

BASF avait annoncé l'an dernier vouloir consacrer 500 millions d'euros par an sur 2023 et 2024 pour réduire ses charges, constatant que les prix du gaz ne devraient pas revenir aux niveaux d'avant-guerre en Ukraine. Les prix du gaz ont certes baissé depuis mais ils pourraient à nouveau se tendre cette année alors que la Chine, qui a mis fin à sa politique « zéro Covid », a rouvert son économie.

L'usine d'Anvers conservée

Les fermetures annoncées vendredi visent dans le complexe industriel à Ludwigshafen une des deux unités produisant de l'ammoniac, une autre produisant du caprolactame, servant à produire du plastique et des fibres, ainsi que des unités d'engrais associées. A l'avenir, l'usine de caprolactame d'Anvers (Belgique) fournira seule la demande locale et celle du marché européen, explique le groupe.

D'autres unités produisant du cyclohexanol et de cyclohexanone, pour la fabrication du nylon, ainsi que de la soude lourde, enfin une unité d'acide adipique servant à produire des matières synthétiques, vont également fermer. La production de cet acide via une co-entreprise en France avec Domo à Chalampé (Haut-Rhin) va, elle, se poursuivre.

Enfin, le site d'où sort le TDI, dans lequel plus d'un milliard a été investi, va fermer en raison de sa sous-utilisation. Les clients seront servis à partir de sites situés aux Etats-Unis et en Chine.

BASF, qui produit des produits chimiques pour l'automobile, l'agriculture, la construction, vise en 2023 un bénéfice d'exploitation d'au mieux 5,4 milliards d'euros, inférieur à celui de 6,9 milliards d'euros dégagé en 2022, qui était déjà en recul de 11%. Les ventes devraient atteindre au maximum 87 milliards d'euros, ce qui représenterait le même niveau que l'an dernier.

Expropriation de sa filiale russe

Après l'expropriation de la filiale Wintershall DEA en Russie, active dans le pétrole et le gaz, BASF a organisé le retrait de cette entité du pays et corrigé par conséquent sa valeur de 6,5 milliards d'euros. En ajoutant la perte subie sur le chantier de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, abandonné dans le sillage de l'agression russe, le résultat global du groupe a basculé dans le rouge en 2022, de 627 millions d'euros.

Le groupe va néanmoins verser un dividende de 3,40 euros par action, stable par rapport à 2021. BASF met en revanche fin à son programme de rachat d'actions lancé en janvier pour 3 milliards d'euros et consommé pour moitié depuis. A la Bourse de Francfort, les investisseurs sanctionnaient le titre qui perdait 6,54% à 15h30, à 58,76 euros.

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Commentaires 2
à écrit le 25/02/2023 à 1:31
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Ce n'est que le debut. A terme ca va contaminer toute les usines de production. Merci bruxelles.

à écrit le 24/02/2023 à 23:17
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L arroseur arrosé … les citoyens allelàds peuvent remercier Schroder Merkel et les industriels du pays d’ avoir rendu aussi dépendant du gaz russe !!

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