Lafarge plaide coupable pour son soutien à des organisations « terroristes » en Syrie

C'est une première aux Etats-Unis de la part d'une entreprise. Le cimentier français a reconnu sa culpabilité dans le soutien matériel à une organisation terroriste en Syrie alors en guerre. Jusqu'ici, le groupe avait contesté toute responsabilité dans la destination de ces versements. Il va devoir verser une amende de 778 millions de dollars.
Le groupe Lafarge Holcim a plaidé coupable ce mardi face aux juges américains du tribunal fédéral.
Le groupe Lafarge Holcim a plaidé coupable ce mardi face aux juges américains du tribunal fédéral. (Crédits : Arnd Wiegmann)

Le verdict est tombé. Six mois après une première mise en examen, le cimentier français passé sous contrôle du suisse Holcim, a du cette fois-ci répondre de ses actes devant un tribunal fédéral américain. Finalement, le groupe a plaidé coupable mardi des accusations liées à des paiements à des groupes considérés comme terroristes par les Etats-Unis, parmi lesquels l'Etat islamique (EI), selon le compte rendu de l'audience.

Les faits reprochés se sont déroulés entre 2013 et 2014, lorsque Lafarge devait maintenir en activité son usine de Jalabiya, dans le nord de la Syrie. Un maintien qui s'était alors monnayé plusieurs millions d'euros alors que le pays s'enfonçait dans la guerre, entre 4,8 et 10 millions d'euros pour le seul groupe EI, selon l'enquête des autorités françaises.

Lafarge va donc payer une amende de 778 millions de dollars. Au-delà du volet financier, cette reconnaissance de culpabilité est surtout la première exprimée par une entreprise devant la justice américaine concernant des accusations de soutien matériel à une organisation terroriste.

Déjà, en France en mai dernier, le groupe avait été mis en examen pour « complicité de crime contre l'humanité », pour avoir maintenu en activité une cimenterie après l'éclatement de la guerre en 2011.

Lafarge a toujours contesté depuis 2017

Un rapport interne commandé par LafargeHolcim avait mis en lumière des remises de fonds de Lafarge Cement Syria (LCS) à des intermédiaires pour négocier avec des « groupes armés ». Mais Lafarge SA a toujours contesté toute responsabilité dans la destination de ces versements à des organisations terroristes. L'enquête judiciaire a été ouverte en 2017. Lafarge a plusieurs fois demandé l'annulation de son inculpation de « complicité de crimes contre l'humanité ».

Cette fois, outre-Atlantique, le groupe cimentier a « accepté la responsabilité des actions des dirigeants individuels impliqués, dont le comportement était en violation flagrante des codes de conduite » internes, a indiqué Lafarge dans un communiqué, ajoutant « regretter profondément » ces actes.

Le ministère américain de la Justice a reconnu que le groupe avait mis en place des procédures de contrôle appropriées pour désormais détecter, et éviter, toute conduite de cette nature et a en conséquent estimé qu'il n'était « pas nécessaire » de nommer un contrôleur indépendant, a souligné de son côté Lafarge.

Magali Anderson, l'une des membres du comité exécutif d'Holcim, a souligné que plusieurs cadres ont « accepté en connaissance de cause et volontairement de participer à une association de malfaiteurs pour effectuer et autoriser des paiements destinés à bénéficier à différents groupes armés en Syrie ».

« Les personnes responsables de ces actes ont quitté l'entreprise depuis au moins 2017 », a-t-elle précisé.

Lafarge est également suspecté d'avoir vendu du ciment de l'usine à l'EI et d'avoir payé des intermédiaires pour s'approvisionner en matières premières auprès de factions jihadistes.

A la Bourse suisse, le cours de Holcim, la maison mère, a été temporairement suspendu mardi. Elle évoluait en hausse après la reprise de la cotation, les investisseurs appréciant généralement quand une entreprise solde des poursuites judiciaires.

Holcim avait fusionné avec Lafarge en 2015 pour créer un géant mondial du béton et s'appelait au début LafargeHolcim. Mais le nom Lafarge, à la réputation entachée, a été abandonné de la raison sociale l'an dernier pour redevenir simplement Holcim.

(Avec Reuters et AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 18/10/2022 à 19:54
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Coupable ou pas, on s'en fiche et Holcim n'a pas le choix.Allez hop à la caisse. On peut dire ce qu'on veut, les USA savent y faire quand il s'agit de faire payer les autres.

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