Avec TotalEnergies, le Suriname se rêve en nouvel Eldorado du pétrole

TotalEnergies va lancer des études de développement d'un grand projet pétrolier de 9 milliards de dollars et de 200.000 barils/jour au large du Suriname. Le géant français s'est fixé « pour objectif » de prendre une décision finale d'investissement « fin 2024 ». Plongé dans une grave crise économique, ce pays du nord-est de l'Amérique du Sud attend avec impatience l'exploitation de réserves de pétrole qui s'annoncent importantes et desquelles il compte bien prendre sa part des recettes.
TotalEnergies est présent au Suriname depuis 2019 sur le bloc offshore 58, où cinq découvertes ont été réalisées.
TotalEnergies est présent au Suriname depuis 2019 sur le bloc offshore 58, où cinq découvertes ont été réalisées. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

Le Suriname sera-t-il le prochain Eldorado du pétrole ? TotalEnergies lorgne en tout cas sur ses réserves. Le géant pétrolier a justement annoncé ce mercredi le lancement d'études de développement d'un grand projet pétrolier sur le bloc offshore 58. Ce dernier est situé à proximité de l'immense zone d'ExxonMobil, dans l'ouest du Guyana, et devrait devenir le premier projet pétrolier offshore du pays.

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« Les études de développement du Bloc 58 que nous lançons aujourd'hui constituent une étape majeure vers la mise en valeur des ressources pétrolières du Suriname », a déclaré Patrick Pouyanné, après une rencontre avec le président surinamien, Chan Santokhi, et le PDG de la compagnie pétrolière nationale Staatsolie, Annand Jagesar, à Paramaribo, capitale de ce petit pays du nord-est de l'Amérique du sud.

« La décision finale d'investissement » (FID qui décide de l'exploitation ou non) est « attendue pour la fin de l'année 2024 avec un objectif de production en 2028 », selon un communiqué de TotalEnergies.

200.000 barils par jour

TotalEnergies est présent au Suriname depuis 2019 sur le bloc 58, où cinq découvertes ont été réalisées. « L'appréciation des deux principales découvertes de pétrole, Sapakara South et Krabdagu, s'est achevée avec succès en août dernier avec le forage et les tests de production de trois puits et a confirmé des ressources cumulées récupérables de près de 700 millions de barils pour les deux champs », indique le groupe dans un communiqué.

« Ces réserves, situées entre 100 m et 1.000 m de profondeur, seront produites par un système de puits sous-marins reliés à un FPSO (unité flottante de production, stockage et chargement) situé à 150 km de la côte du Suriname, d'une capacité de 200.000 barils par jour », souligne le communiqué de TotalEnergies.

Actuellement, la demande mondiale de pétrole est à un niveau record de 101,8 millions de barils par jour. Elle devrait augmenter en 2024 pour atteindre 102,8 millions de barils par jour. Une hausse qui ralentit néanmoins son rythme en raison de la faible croissance économique mondiale attendue - elle devrait atteindre seulement 3% et à peine 1,4% pour l'ensemble des économies avancées selon le FMI - et aux besoins en carburant pour le transport routier qui vont stagner « dans la plupart des grands marchés », indique l'AIE.

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Le Suriname veut prendre sa part du gâteau

L'investissement pour ce projet au Suriname représente au total « environ 9 milliards de dollars » (8,3 milliards d'euros), selon le communiqué de TotalEnergies. Le pétrolier français est « l'opérateur du Bloc 58, avec une participation de 50% au côté » de l'américain « APA Corporation ».

Toutefois, le président du Suriname, Chandrikapersad Santokhi, a précisé que l'entreprise publique Staatsolie allait exercer son droit de participation à hauteur de 20%.

« 20% des recettes vont à la Staatsolie, ce qui signifie en clair : 20 milliards de dollars de recettes en 20 ans. Recettes uniquement pour l'État », a-t-il déclaré, indiquant que ce montant ne comprenait pas les impôts ou encore les effets directs et indirects de la production.

« Tous les Surinamiens. Le secteur financier, des assurances, l'industrie locale, le tourisme, la restauration, les hôtels, les taxis, tous ceux qui font quelque chose, préparez-vous ! », a lancé le président. « C'est le marché en milliards que le Suriname attend depuis des années. Je l'ai déjà dit : il y a de la lumière au bout du tunnel ». Chandrikapersad Santokhi a aussi estimé qu'il fallait « une bonne gouvernance » et profiter de la manne pour diversifier l'économie en vue d'un « développement durable ».

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Ancienne colonie néerlandaise de 600.000 habitants, le Suriname est plongé dans une grave crise économique, avec une inflation galopante et une dette extérieure qui a explosé. Le pays attend donc avec impatience l'exploitation de réserves de pétrole qui s'annoncent importantes.

TotalEnergies et ses partenaires détiennent également des contrats de partage de production sur les blocs 6 et 8 en eaux peu profondes avec Staatsolie, près de la frontière avec le Guyana. D'une profondeur comprise entre 30 et 50 mètres, les blocs 6 et 8 sont adjacents au bloc 58. TotalEnergies exploitera ces deux blocs avec une participation de 40%, aux côtés de QatarEnergy (20%) et de Paradise Oil Company (POC), une filiale de Staatsolie (40%).

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 14/09/2023 à 14:59
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Suriname, qui est juste à côté de la Guyane Française, où la France s'est auto-interdit d'exploiter ses propres ressources pétrolières présentes dans son sous-sol. Qu'on l'importe ou qu'on le produise chez nous, de toutes façons nous avons besoin de ...

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