Economie circulaire : Coca-Cola, McDo et Evian promettent de s'y mettre

Entre le 16 et le 19 janvier, trois importants metteurs sur le marché de déchets d'emballages ont annoncé davantage s'engager sur la voie du recyclage et de l'éco-conception. Des prises de position qui répondent à des enjeux de réputation et de compétitivité.
Giulietta Gamberini
(Crédits : © Rick Wilking / Reuters)

Face au fléau des déchets d'emballages, dont environ 4,7 millions de tonnes sont jetées chaque année ne serait-ce qu'en France, quelques-uns des plus grands metteurs sur le marché affirment vouloir prendre leurs responsabilités, voire souhaiter utiliser la force de leurs marques en faveur d'un changement plus global. C'est le cas de Mc Donald's, Evian et Coca-Cola, qui ont ouvert 2018 avec trois annonces officielles concernant leurs politiques de recyclage et d'éco-conception, publiées respectivement les 16, 18 et 19 janvier. Ils s'y engagent à améliorer le recyclage de leurs emballages et à promouvoir l'utilisation de matière première recyclée, ou du moins, durable.

1 Coca recyclé pour 1 vendu (en 2030)

Le leader mondial de la restauration rapide a notamment affirmé dans un communiqué issu au niveau du groupe s'être fixé l'objectif qu'en 2025 100% de ses 37.000 restaurants implantés dans 100 pays du monde -dont 90% sont franchisés- recyclent les emballages de leurs clients -ce qui ne semble toutefois pas impliquer un taux de recyclage de 100%. Aujourd'hui, ils ne sont que 10% à le faire. Conscient que "les infrastructures, la réglementation et le comportement des consommateurs en matière de recyclage varient de ville en ville et de pays en pays", la société déclare souhaiter "contribuer à la solution et à entraîner un changement puissant".

Lire aussi: Zero Waste dénonce 115 tonnes d'emballages jetés chaque jour par McDonald's

Coca-Cola, dont à ses dires la majorité des emballages est aujourd'hui recyclable, s'engage pour sa part à oeuvrer afin qu'en 2030 l'équivalent de 100% des bouteilles et canettes vendues par la marque soit collecté et recyclé. Elle affirme notamment "investir son budget et ses compétences en markéting" afin "d'aider les gens à comprendre quoi, comment et où recycler", et vouloir "soutenir la collecte des emballages dans tout le secteur, y compris de bouteilles et canettes d'autres entreprises". Dans le cadre de cette "refonte globale" de son "approche de l'emballage" -baptisée "World Without Waste" "Un monde sans gaspillage"-le géant des boissons non-alcoolisées assure également "continuer de travailler" à ce que, à la même échéance, tous ses emballages soient à 100% recyclables dans l'ensemble des 200 pays où la marque est présente.

La marque Evian de Danone affiche en revanche un objectif "zéro déchet de bouteilles plastiques", qu'elle affirme poursuivre grâce à des bouteilles déjà aujourd'hui recyclables à 100% et à travers plusieurs partenariats. En France, elle cite notamment celui avec l'éco-organisme Citéo, visant à installer 2.000 nouveaux points de tri à paris afin de "recycler 25 millions de bouteilles en plastique supplémentaires d'ici 2019", ainsi que celui avec la startup Lemon Tri, pour faciliter le tri hors-domicile, qui en 2017 aurait permis de  récupérer 10 millions de bouteilles.

Que du plastique recyclé dans les bouteilles Evian en 2025

Plus radicalement, Evian s'engage à n'utiliser pour la production de ses bouteilles que du plastique recyclé d'ici 2025, alors qu'aujourd'hui la marque n'en incorpore qu'en moyenne 25% sur l'ensemble de la gamme. Bien que moins ambitieux, Coca-Cola affiche aussi des objectifs en matière d'éco-conception: notamment celui d'inclure 50% de matière recyclée en moyenne dans ses bouteilles en 2030, et de "fixer un nouveau standard global pour l'emballage des boissons". La société américaine évoque également des travaux visant à "développer des résines végétales" ou à "réduire la quantité de plastique dans chaque récipient".

McDo se limite pour sa part à promettre qu'en 2025 100% de ses emballages "viendra de sources renouvelables, recyclées ou certifiées, avec une préférence pour la certification du Forest Stewardship Council". Aujourd'hui, 50% de ses emballages et 64% de ceux à base de fibres naturelles proviennent de telles sources. Et jusqu'à présent, l'objectif fixé était qu'en 2020 100% des emballages à base de fibres naturelles viendrait de "sources recyclées ou certifiées où il n'y a pas de déforestation".

Les emballages, premier souci environnemental des clients de McDo

Ce changement de cap est désormais un enjeu croissant de réputation, de conformité aux réglementations et de compétitivité, laissent entendre les trois sociétés.

"Nos clients nous ont dit que les déchets d'emballages représentent la première des questions environnementales qu'ils voudraient que nous adressions. Notre ambition est de mener des changements que nos clients désirent", explique clairement dans le communiqué la responsable de la gestion de la chaîne logistique et du développement durablede McDonald's, Francesca DeBiase.

Le 16 janvier, dans une lettre révélée par le New York Times, Laurence Fink, le PDG du fonds américain BlackRock, le plus gros gestionnaires d'actifs au monde, avait d'ailleurs mis en garde les grands patrons, en leur lançant:

"Pour prospérer au fil du temps, toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers, mais également montrer comment elle apporte une contribution positive à la société".

Le gouvernement français a même récemment lancé une réflexion sur  comment mieux intégrer profit, responsabilité environnementale et ensemble de parties prenantes dans les entreprises.

Des partenariats indispensables

Les multinationales toutefois l'avouent: pour réussir, et malgré leur poids, elles ne pourront pas agir seules. Afin de développer des modèles davantage circulaires, Coca-Cola et Evian travaillent ainsi coude à coude avec la fondation Ellen MacArthur, ONG spécialiste de ces questions. Les objectifs de McDonald's sont pour leur part une conséquence directe de son entrée en 2014 dans le programme Global Forest & Trade Network du WWF. Les collectivités locales sont aussi citées parmi les premiers partenaires indispensables, dans la mise en place d'infrastructures comme dans la sensibilisation des consommateurs.

Mais les partenaires industriels jouent aussi un rôle incontournable. Les premiers engagements de McDonald's en matière d'emballage durable, il y a 25 ans, sont issus d'une collaboration avec EDF, rappelle le groupe, qui aurait permis d'éviter plus de 136.000 tonnes d'emballages et d'en recycler un million en dix ans. Evian compte sur la technologie de l'entreprise canadienne Loop Industries afin de disposer de plastique recyclé correspondant à ses standards et ainsi pouvoir bannir le plastique fossile.

Partenaire de Mission 2020, campagne mondiale lancée en 2017 par l'Onu afin de favoriser l'accélération des engagements climatiques et d'inverser la courbe des émissions de CO2 d'ici 2020, la société français compte ainsi également entraîner d'autres marques. Evian profitera du Forum économique mondial de Davos pour lancer "un appel à la collaboration à toutes les industries pour intégrer durablement les  principes de l'économie circulaire à grande échelle, lit-on dans son communiqué.

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 23/01/2018 à 11:10
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Promettent... on attend les actes parce que pour l'instant cela ne leur fait que de la publicité bon marché.

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