EDF : l'impact de la baisse de la production d'électricité grimpe à ...32 milliards d'euros

Le géant électricien français a réévalué l'impact financier de la baisse de sa production électrique pour 2022, tombée à un plus bas historique. Il le chiffre désormais à 32 milliards d'euros en raison d'une indisponibilité de nombre de réacteurs et l'obligation de vendre à bas prix. Il pourrait d'ailleurs être encore revu à la baisse puisque l'impact des dernières semaines de grève est encore « à l'étude ». C'est dans ce contexte particulièrement morose que le nouveau PDG, Luc Rémont, doit arriver. Le gouvernement souhaite voir sa prise de fonctions anticipée à la mi-novembre.
« La production nucléaire en France pendant les 9 premiers mois s’établit à 209,2 TWh, soit 59 TWh de moins qu'à la même période en 2021 », a précisé EDF.
« La production nucléaire en France pendant les 9 premiers mois s’établit à 209,2 TWh, soit 59 TWh de moins qu'à la même période en 2021 », a précisé EDF. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

EDF se dirige vers une perte colossale cette année. L'énergéticien français se retrouve plombé par l'indisponibilité de près de la moitié des 56 réacteurs du parc nucléaire, à l'arrêt pour des maintenances prévues ou des problèmes de corrosion soupçonnés ou avérés. Ajouté à cela, l'obligation de vendre une large partie de sa production nucléaire à bas prix.

Ainsi, « sur la base de l'estimation de production nucléaire en France pour 2022 dans le bas de la fourchette 280-300 TWh et des prix à terme 2022 au 7 octobre 2022 », EDF évalue l'impact de la baisse de production sur le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) à 32 milliards d'euros.

Une prévision constamment revue à la baisse cette année puisqu'elle a d'abord été estimée à 18,5 milliards en début d'année, puis 24 milliards en juillet et encore 29 milliards en septembre. Et ce sera peut-être encore pire en raison des mouvements sociaux en septembre et octobre, « dont l'impact est à l'étude », a précisé EDF.

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Une production électrique au plus bas

La situation financière du groupe est plombée par sa baisse de production électrique, tombée à un plus bas historique. « La production nucléaire en France pendant les 9 premiers mois s'établit à 209,2 TWh, soit 59 TWh de moins qu'à la même période en 2021 », a précisé EDF.

EDF ne pouvait par ailleurs guère compter sur les barrages : sur 9 mois, la production hydraulique s'élève à 24,9 TWh, une baisse de 8,6 térawattheures (TWh) par rapport à 2021 en raison d'une capacité « historiquement faible », conséquence de la baisse du niveau des retenues d'eau liée à la sécheresse.

La grève pendant plusieurs semaines dans les centrales a aussi aggravé la baisse de production.

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Chiffre d'affaires et clients en hausse

EDF, détenu à 84% par l'État et bientôt renationalisé à 100%, a annoncé par ailleurs un chiffre d'affaires en hausse de 78% sur 9 mois à 101,5 milliards d'euros contre 57 milliards par rapport à la même période en 2021. Déjà au deuxième semestre, le géant électricien avait enregistré une forte progression de son chiffre d'affaires : +67,2%, à 66,262 milliards d'euros, du fait de la forte hausse des prix de l'électricité et du gaz en Europe.

Il a aussi annoncé un gain net de 939.000 nouveaux contrats d'énergie (gaz et électricité) sur 12 mois. Des clients attirés par ses tarifs réglementés, dans le contexte de difficultés qui touchent les fournisseurs d'énergie alternatifs face à la flambée des coûts sur les marchés.

Pour autant, davantage de clients et davantage d'électricité vendue ne veut pas dire, pour EDF, plus de bénéfices. Ce « retour de clients » n'est d'ailleurs pas forcément une bonne nouvelle selon l'électricien, car il aura un impact négatif sur la rentabilité « compte-tenu de l'achat des volumes correspondants sur le marché à prix très élevés », met-il en garde.

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Arrivée avancée du nouveau PDG

C'est dans ce contexte qu'est désormais (quasiment) acté l'arrivée de Luc Rémont à la tête d'EDF. Il succédera à Jean-Bernard Lévy, en poste depuis 2014. Les commissions des Affaires économiques de l'Assemblée nationale et du Sénat ont émis ce mercredi un avis favorable à la nomination de l'actuel numéro 2 de Schneider Electric aux fonctions de PDG d'EDF, après la proposition de l'Élysée, le 29 septembre dernier.

Une prise de fonctions que le gouvernement souhaite effective à la « mi-novembre », a indiqué ce jeudi le ministre de l'Économie sur BFM Business. « Nous avons un nouveau dirigeant, Luc Rémont, qui est la bonne personne au bon moment et nous allons faire en sorte qu'il puisse prendre ses fonctions le plus rapidement possible. C'était prévu fin novembre (...) nous, nous souhaitons qu'il puisse entrer en fonction mi-novembre, pour accélérer le processus », a déclaré Bruno Le Maire.

En pleine crise énergétique, sa feuille de route s'annonce d'ores et déjà chargée. Tout l'enjeu pour le nouveau PDG sera de faire redémarrer suffisamment de réacteurs pour faire face aux pics de consommation cet hiver. À plus long terme, Luc Rémont devra mettre sur les rails la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires, conformément aux ambitions du gouvernement.

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(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 27/10/2022 à 23:14
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De profondis, Notre génération dite de boomers tellement jalousée a pris sa retraite très tôt, les générations qui ont suivi n'assurent pas où si peu. Pourtant nous étions les meilleurs électriciens du monde (et des tas d'autres spécialités). Tout...

à écrit le 27/10/2022 à 12:22
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Avec un tel "résultat" , vous reprendrez bien un peu de nucléaire alors que l'ardoise est déjà là et que de nombreux "murs" ne sont pas prêts d'être surmontés (montagne de déchets hautement radioactifs , piscine de la Hague qui déborde, démantèlement...

le 27/10/2022 à 16:11
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L'ardoise ne serait pas là sans les politiques irresponsables menées depuis des décennies en matière de politique énergétique, dont, en particulier l'aberrante tarification de l'électricité avec le système ARENH. On pourrait aussi parler de l'arrêt d...

le 27/10/2022 à 20:41
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Manque de fiabilité technique, délais d'intervention sur réacteurs de plusieurs années, toute puissance de la corporation nucléaire qui dépense ses millions pour acheter des influenceurs, poursuivre en justice tous les projets renouvelables, contrain...

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