
La demande européenne de gaz diminue, et elle ne devrait pas s'arrêter de sitôt. Du moins, c'est ce que semble affirmer le Forum des exportateurs de gaz (GECF) dans son rapport mensuel. Selon ce rapport, la consommation (très surveillée depuis le début de la guerre en Ukraine) a reculé de 10,6% au premier semestre 2023, soit de 21 milliards de mètres cube. « Pour l'année 2023, nous prévoyons une baisse de l'ordre de 8 à 10% par rapport à 2022 », indique le Forum.
Températures plus élevées
Ce recul de la demande européenne de gaz s'explique « en premier lieu par l'hiver exceptionnellement chaud qui a enveloppé l'UE au premier trimestre 2023 », entraînant une baisse de la demande de chauffage des ménages, explique le rapport. Or, au second semestre 2023, « la probabilité d'observer des tendances similaires dans la consommation de gaz naturel en Europe reste particulièrement élevée », estime le GECF qui regroupe une douzaine de pays exportateurs de gaz, hors Etats-Unis. Il s'appuie notamment sur les prévisions météorologiques les plus récentes « qui suggèrent que le quatrième trimestre 2023 se caractérisera par des conditions relativement plus chaudes ».
Le rapport souligne également la poursuite de la politique volontariste de sobriété de l'Europe. Cette dernière a fixé un objectif de 15% de baisse de la consommation à ses 27 Etats membres.
Enfin, le Forum des exportateurs de gaz mentionne la baisse de la demande du secteur industriel, « peu susceptible de connaître une reprise substantielle au cours des six prochains mois ». Le GECF en veut pour preuve le premier semestre 2023 au cours duquel, malgré une chute des prix du gaz en Europe, la demande industrielle n'a pas retrouvé ses niveaux d'avant-déclin.
Des stocks qui restent insuffisants
Bien que la demande de gaz tende à être moins importante, cela n'empêche pas les pays européens de remplir leurs unités de stockage en prévision de l'hiver. Selon les données agrégées de « Gas Infrastructure Europe » (GIE), une association qui réunit les opérateurs européens d'infrastructures de gaz, les stockages européens étaient remplis en moyenne à près de 90% ce jeudi 17 août.
Toutefois, ils ne suffiront pas à couvrir la totalité de la consommation. La France, par exemple, dispose de 130 TWh de capacités de stockage souterrain de gaz naturel, soit moins d'un tiers de sa consommation annuelle de gaz qui s'établit à environ 450 TWh, selon la Commission de régulation de l'énergie. A l'instar de l'ensemble de l'Europe, l'Hexagone devra donc compter sur les importations par gazoduc ou navires méthaniers (gaz naturel liquéfié), dans un environnement incertain en termes de prix.
Une demande croissante dans certaines régions du monde
En effet, toutes les régions du monde ne devraient pas suivre la même tendance que l'Europe, c'est-à-dire une baisse de leur demande de gaz. La Chine par exemple a connu une progression de 6% de sa consommation de gaz au premier semestre par rapport à la même période l'an dernier, selon le GECF, qui table sur la même dynamique au second semestre, compte tenu de la demande industrielle. Si les fondamentaux du marché mondial « restent relativement faibles », notamment en raison de la faible demande européenne, le GECF estime que la demande grandissante de GNL en Asie du sud et du sud-est « soutiendra les prix dans les mois à venir ».
(Avec AFP)
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