Nucléaire : ce soir, arrêt définitif du réacteur n°1 de Fessenheim, mais des salariés menacent de désobéir

L'opération historique et définitive qui consiste à arrêter le réacteur nucléaire n°1 doit commencer vendredi à 20H30 et s'achever à 02H00 du matin samedi. Elle mettra un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, bâtie dans les années 1970 à un jet de pierre de la frontière avec l'Allemagne. Mais certains salariés menacent de ne pas appliquer les procédures d'arrêt du réacteur à eau pressurisée de 900 MW.
(Crédits : Vincent Kessler)

Le réacteur n°1 de la centrale de Fessenheim, plus ancienne centrale nucléaire française en activité, doit être définitivement mis à l'arrêt dans la nuit de vendredi à samedi, un clap de fin historique qui met les nerfs des salariés à vif et divise.

L'opération doit commencer vendredi à 20H30 et s'achever à 02H00 du matin samedi. Elle mettra un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, bâtie dans les années 1970 à un jet de pierre de la frontière avec l'Allemagne.

Pourrait-elle être remise en cause ? Certains salariés menacent de désobéir et de ne pas appliquer les procédures d'arrêt du réacteur à eau pressurisée de 900 mégawatts (MW), tandis que d'autres salariés jugent une telle initiative "impensable".

"Une équipe de quart, composée de 10 à 15 à personnes", doit initier vers 20H30 le processus d'arrêt du réacteur, a expliqué à l'AFP une source syndicale au sein de la centrale.

Un moment qui sera "très difficile à vivre"

"Pour l'ensemble du personnel de quart, cette nuit d'arrêt du réacteur n°1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre", explique encore cette source.

Cette source poursuit :

"Dire si réellement certains agents refuseront de le faire, c'est une initiative personnelle pour laquelle je ne peux pas me prononcer."

Mais un autre salarié estime "complètement impensable" que les procédures ne soient pas respectées.

"C'est une question d'honneur. Le travail sera fait et bien fait. Tout le monde suivra les ordres."

L'arrêt définitif a été publié au JO mercredi

Si la procédure suit son cours normalement, la puissance du réacteur doit baisser progressivement et il sera déconnecté du réseau électrique national lorsqu'il sera descendu à 8% de sa puissance habituelle.

La procédure est identique à celle d'une opération de maintenance classique. Mais cette fois, aucune remise en service n'aura lieu.

Le calendrier du démantèlement s'étale sur les 20 prochaines années

Le réacteur n°2 doit lui être arrêté le 30 juin.

Un décret publié au Journal officiel mercredi "abroge l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim dont EDF est titulaire", inscrivant noir sur blanc le caractère définitif de cet arrêt.

Lire aussi : EDF présente son plan pour sortir la filière du nucléaire de l'impasse

L'évacuation du combustible de la centrale sera, selon le calendrier prévu, achevée en 2023. Ensuite doit se poursuivre la phase de préparation au démantèlement, processus inédit en France à l'échelle d'une centrale entière qui devrait commencer à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.

Le combustible radioactif restera sur place plusieurs années encore

Pour Matignon, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France, qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire - actuellement de 70%, la plus importante au monde - et une augmentation de celle de l'électricité d'origine renouvelable.

Mais la polémique sur le bien-fondé de cette fermeture ne va pas cesser avec l'arrêt du réacteur n°1. Samedi, pro-Fessenheim et antinucléaires feront entendre leurs voix en affichant une même priorité, l'écologie, mais avec des arguments bien différents.

Les associations de défense de l'environnement, vent debout depuis des années contre cette centrale, et encore davantage depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, tiendront une conférence de presse à Colmar dans la matinée.

Puis elles se rassembleront dans le centre de Strasbourg l'après-midi, rejointes notamment par l'association écologiste allemande Bund. Celle-ci a prévu de déboucher le "Sekt" (vin mousseux allemand), mais pas avant l'arrêt du deuxième réacteur le 30 juin. "L'arrêt de cette centrale moribonde est un motif de célébration transfrontalière, mais pas un motif de triomphe", le combustible radioactif restant présent encore plusieurs années, a-t-elle commenté.

Lire aussi : Fessenheim: EDF sommée de donner des précisions sur le démantèlement

L'inquiétude d'un territoire abreuvé depuis 40 ans par les taxes versées par EDF

À l'inverse, le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger a demandé aux salariés "pardon pour ce choix irresponsable dont vous êtes les premières victimes".

Quant à la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne qui se rend vendredi dans le Haut-Rhin, elle a assuré qu'il n'y aurait "aucune perte d'emploi".

Samedi matin pourtant, les élus locaux iront brandir une banderole au pied de la centrale, réclamant que l'État n'abandonne pas ce territoire abreuvé depuis 40 ans par les taxes versées par EDF. Ils redoutent que des centaines de familles dotées de revenus confortables ne le quittent.

Les élus seront suivis dans l'après-midi par des associations pro-nucléaire qui veulent "protester contre cet acte de vandalisme climatique et environnemental".

Lire aussi : L'arrêt de la centrale de Fessenheim menace la sécurité d'approvisionnement de la France

Douze autres réacteurs arrêtés dans les 15 prochaines années

Douze réacteurs supplémentaires, sur les 58 que compte la France, doivent être arrêtés d'ici 2035, sans toutefois conduire à des fermetures complètes de centrales comme à Fessenheim.

Lire aussi : Nucléaire : des réacteurs promis à la fermeture... mais sans précipitation

Cette nuit, le maire de Fessenheim va couper symboliquement l'éclairage public

Dans la petite commune de moins de 2.500 habitants, l'éclairage public sera éteint toute la nuit de vendredi à samedi. Une "plongée dans le noir" qui symbolisera un territoire "qui n'a pas beaucoup de lueurs d'espoir", a expliqué son maire Claude Brender.

Lire aussi : Fessenheim cherche encore la voie de l'après-atome

Lire aussi : "On pourrait transformer la centrale nucléaire de Fessenheim en batterie géante" (Bertrand Piccard)

Lire aussi : Fessenheim : l'Etat dévoile son projet à 10 millions d'euros pour transformer le site

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Commentaires 47
à écrit le 28/06/2023 à 14:32
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C’est mai 1940 La fermeture de la centrallevde Fessenheim est désastreuse.

à écrit le 22/02/2020 à 19:50
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Les exportations d'électricité vont donc diminuer...merci pour le deficit commercial .

à écrit le 22/02/2020 à 8:58
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Le nucléaire étant une technologie sensible et potentiellement dangereuse, il n'est pas admissible que les salariés désobéissent. Par contre rien ne les empêche d'empêcher le démantèlement du réacteur (en particulier le démontage de la salle de contr...

le 22/02/2020 à 9:56
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Perso, je suis pour l'arrêt des réacteurs anciens, mais nous devons engager la reconstruction de tranches de remplacement. Une vieille voiture, même entretenue, reste moins fiable, qu'une voiture neuve. Evidemment, la fiabilité d'une installation es...

à écrit le 22/02/2020 à 8:37
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>J'ai lu dans un journal en général bien informé que la centrale de Fessenheim 900 MW exportait une grande partie de son courant vers l'Allemagne et que celle ci allait mettre en service une centrale au charbon! de + de 1000 MW (bravo le bilan carbon...

le 22/02/2020 à 12:28
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@GABUZO 22/02/2020 8:37 Malgré que la France soit, la plupart du temps, exportatrice nette d'électricité, on importe souvent du courant de l'Allemagne pour le réexporter vers la Suisse et l'Italie. Cela doit être une question de prix, de réseau et d...

à écrit le 22/02/2020 à 1:12
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Je propose que la minorité favorable à la fermeture de la centrale nucléaire paie les sur cout de la fermeture C'est facile d'être vertueux avec l'argent des autres

à écrit le 22/02/2020 à 0:01
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Nous invitons tous les Citoyens à répertorier avec rigueur les coupures d'électricité qui se produiront sur notre Territoire National Métropolitain, à partir d'aujourd'hui et sur les trente prochaines années. Nous invitons tous les Citoyens à suiv...

à écrit le 21/02/2020 à 20:18
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Je ne fais que répéter mon commentaire: Le pouvoir n'est vraiment pas en phase avec ceux qui les ont élus, cela accroche mal quand on abandonne le pragmatisme pour courir derrière un dogme!

à écrit le 21/02/2020 à 19:34
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Innocente question : d'ou va venir toute l'électricite nécessaire à la recharge des batteries des Tesla , zoe et autres ?? Le moteur à explosion et 4 temps a encore de beaux jours au delà de 2050 et plus

à écrit le 21/02/2020 à 18:40
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Quel gâchis... Avoir refait la centrale pour 400me million et maintenant la fermer, c est vraiment pas écologique.

à écrit le 21/02/2020 à 17:17
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haha bien, ils devraient faire comme tous ces ecolos a la con qui pronent la desobeissance civile! jusqu'a en faire peter un reacteur, qu'on voit ce que ca donne quand certains ne respectent pas les regles! y a pas de raisons, les desobeisseurs bi...

à écrit le 21/02/2020 à 16:55
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Il faut raison garder, les systèmes techniques ne sont pas éternels, cette centrale n'est que la première, bon nous avons je crois, mais la mémoire me joue des tours, 58 réacteurs en activités si nous en stoppons deux par an cela fait... Place au neu...

le 22/02/2020 à 8:49
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Le problème n'est pas de fermer des réacteurs mais d'en construire suffisamment de nouveaux pour les remplacer.

à écrit le 21/02/2020 à 16:17
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Devant la menace brandie par ceux que l'on peut légitimement appeler des "terroristes atomiques", une élémentaire mesure de prudence, basée sur le principe de précaution s'impose : déloger illico les fauteurs de trouble, les empêcher d'accéder aux in...

le 21/02/2020 à 17:09
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Tout le monde ne vous ressemble pas...

le 21/02/2020 à 21:14
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Vu la pénurie actuelle d ingenieurs et de techniciens dans le nucléaire le pb ne sera pas leur emploi. Celui des conjoints par contre sera plus problématique. Sinon votre réflexion est médisante pour ces gens très très compétents.

à écrit le 21/02/2020 à 15:13
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La fermeture de cette centrale sert bien les intérêts d'EDF car elle lui évite d'énormes travaux de remise à niveau pour lui permettre de fonctionner dix ans de plus en toute sécurité,

le 22/02/2020 à 8:53
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Un grand carénage c'est 1 milliard. La production d'un réacteur de 900MW type Fessenheim pendant 10 ans, même avec un facteur de charge de seulement 80% et au prix de gros actuel de 40€/MWh, c'est 2,5 milliards de CA. L'intérêt évident d'EDF était de...

à écrit le 21/02/2020 à 14:14
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-gestion de l'énergie: fermeture des centrales nucléaire et disparition totale de celles au charbon, généralisation de l'électricité dans les transports. - gestion des transports: élimination du transport individuel, et dans le me^me temps, réductio...

le 22/02/2020 à 18:46
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C'est exactement ça,une pure catastrophe et remplis d'incohérence. Ils espèrent alimenter les voitures électriques avec des panneaux solaires et des éoliennes placarder sur toute la France ? Pour 65M de personne voir plus ? Sans parler des Europée...

à écrit le 21/02/2020 à 13:54
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Je dois dire que je suis personnellement contre cet arrêt, pour une centrale pouvant profiter d'un rétrofit et produire à bas coûts une énergie fiable et sécuritaire pendant encore deux décennies. Mais ce qui est décidé est décidé, nous sommes dans u...

à écrit le 21/02/2020 à 13:42
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Pour la fourniture des 900 MW que ne produira plus Fessenheim, pas de problème : une nouvelle centrale au charbon allemande de m^me puissance va démarrer incessamment dans la région. On n'ose pas penser à la quantité de CO2 émise. Mon dieu ! que les...

à écrit le 21/02/2020 à 13:18
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Rappelons que dans les faits, le nucléaire est de loin : - l’énergie la moins dangereuse (autour de 0,04 mort par TWh, contre 0,15 pour l’éolien, 0,44 pour le PV, et 4 pour le gaz naturel) - la plus bas carbone (autour de 6gCO2/kWh pour le nucléair...

le 21/02/2020 à 14:06
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Cette fermeture est surtout la victoire de l'intelligence sur la crétinerie des masses. C'est aussi la victoire de l'avenir sur une france archaïque, moyenâgeuse. Mais bon : tant que vous prendrez vos sources - fausses ! - auprès des nervis du lobby ...

à écrit le 21/02/2020 à 13:00
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La France n’arrête pas d'innover en terme de grève. Cette fois-ci ils refusent d'arrêter de travailler. Mais où tout cela va finir ....

le 21/02/2020 à 14:02
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C'est logique. Ils sont trop payés!

le 21/02/2020 à 22:05
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@Nouveau type de grève, vous m'avez fait mourir de rire !!! Merci !! "..ils refusent d'arrêter de travailler.." trop fort !!!

à écrit le 21/02/2020 à 12:56
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C’est un choix tellement stupide et les écolos sortent le champagne pendant que l’Allemagne émet son co2 avec son charbon remplaçant du nucléaire

à écrit le 21/02/2020 à 12:51
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Les ultras minoritaires de la CGT qui font reculer a France vont être mis au pas. Le réacteur S E R A A R R E T E !!!!!!!!!!!!

à écrit le 21/02/2020 à 12:40
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La date a été longtemps reportée et finalement décidée et rendue applicable dans le mois alors que ca aurait pu et dû être acté 6 mois avant afin de permettre une meilleure organisation des choses comme des esprits. Et rien n'est prévu pour la sui...

le 21/02/2020 à 13:49
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Puisque l'on veut suivre aveuglement les décisions Allemandes, il n'y a qu'a rouvrir les anciennes mines de charbon et surtout chercher si nous n'aurions pas des gisements de ...lignite dans l'Hexagone !

le 21/02/2020 à 13:54
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Vous seriez "dans la boucle", vous prévoieriez quoi pour l'avenir ? Y a des choses à créer/développer la bas ? Cultiver des tomates ? Construire une usine de construction automobile électriques ? Ou planter des éoliennes ? Peut-être aucun avenir préc...

à écrit le 21/02/2020 à 12:02
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Le symptôme d'une époque dans laquelle l'état de "droit" n'a plus aucune autorité et ne cesse de courber l'échine devant la minuscule minorité agissante qui bénéficie d'une large couverture médiatique, jusqu'à perdre toute crédibilité.

à écrit le 21/02/2020 à 11:17
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Oui c'est un cataclysme pour l'emploi technologique en Alsace. Il faudra 20 ans à 25 ans pour rendre le site totalement à la nature et demanteler toute la centrale. Les ingénieurs sont plus habités à construire qu'a déconstruire des réacteurs et je t...

le 22/02/2020 à 8:46
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Plutôt un siècle pour planter des patates à la place de la cuve quand à l'accident de dimensionnement je préfère celui de Three mile island (1979). Pour la région, les aides ont du pleuvoir qu'ont ils fait pour anticiper cette situation prévisible.

à écrit le 21/02/2020 à 11:15
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Oui c'est un cataclysme pour l'emploi technologique en Alsace. Il faudra 20 ans à 25 ans pour rendre le site totalement à la nature et demanteler toute la centrale. Les ingénieurs sont plus habités à construire qu'a déconstruire des réacteurs et je t...

à écrit le 21/02/2020 à 10:44
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On achève bien les chevaux.... alors une centrale nucléaire ! Curieux comme les gens s'attachent à un tel objet au point de le faire perdurer pour leur petit confort personnel, au détriment de la sécurité et contre le vent salvateur des énergies ren...

à écrit le 21/02/2020 à 10:32
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L'hystérie allemande contre le nucléaire nous fait fermer une centrale en perdant vingt ans de production rentabilisée .Hitler est mort mais Berlin dicte la politique française .

le 21/02/2020 à 10:49
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Le choix de la défaite : Lacroix-riz

le 21/02/2020 à 12:05
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"Dicte sa politique à la France"; pour être plus précis, je dirais que nous sommes dans la vieille tradition de la collaboration... Cette politique est justifiée par le dogme européiste, donc faire l'Europe à tout prix même si celle-ci est allemande....

le 21/02/2020 à 12:06
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"Dicte sa politique à la France"; pour être plus précis, je dirais que nous sommes dans la vieille tradition de la collaboration... Cette politique est justifiée par le dogme européiste, donc faire l'Europe à tout prix même si celle-ci est allemande....

le 23/02/2020 à 17:34
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En tous cas les journaux allemands en ligne se félicitent du succès des pressions suisses et allemandes pour cette fermeture .La population alsacienne et ses représentants ne comptent pas .Un décret peut annuler un décret ....

à écrit le 21/02/2020 à 10:18
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Le pouvoir n'est vraiment pas en phase avec ceux qui les ont élus, cela accroche mal quand on abandonne le pragmatisme pour courir derrière un dogme!

à écrit le 21/02/2020 à 9:57
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Des employes refusent de se plier ! C'est la France.

le 21/02/2020 à 10:28
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C’est surtout des syndicalistes et ces gens sont d’une dangerosité extrême, voilà où nous en sommes : mettre des irresponsables dans une centrale nucléaire.

à écrit le 21/02/2020 à 9:40
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Elles sont plus classes les banderoles de contestation quand on a un lobby derrière soi plutôt que quand c'est une contestation simplement citoyenne comme l'installation d'une usine polluante sans le consentement des habitants seulement décidée par d...

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