Rachat de Velan par Flowserve : le silence assourdissant de la France

Dernière ligne droite dans le dossier de reprise du canadien Velan par Flowserve. Le groupe américain attend depuis plusieurs mois une réponse du gouvernement français pour la reprise des filiales françaises de Velan.
Michel Cabirol
Le dossier de la vente du canadien Velan, spécialisé dans la robinetterie industrielle et nucléaire, au groupe américain Flowserve est entré dans la dernière ligne droite.
Le dossier de la vente du canadien Velan, spécialisé dans la robinetterie industrielle et nucléaire, au groupe américain Flowserve est entré dans la dernière ligne droite. (Crédits : Velan)

Tic-tac, tic-tac, tic-tac... Le dossier de la vente du canadien Velan, spécialisé dans la robinetterie industrielle et nucléaire, au groupe américain Flowserve est entré dans la dernière ligne droite. La date limite pour clôturer cette transaction a été fixée au 7 octobre. Elle a déjà été reportée deux fois, les autorisations réglementaires n'ayant pas encore toutes été obtenues. Effectivement, il en manque une seule, celle de la France, où sont installées deux filiales de Velan : Segault qui fabrique notamment des robinetteries pour les chaufferies nucléaires embarquées sur la totalité des SNLE français, et Velan SAS, qui équipe l'ensemble des réacteurs nucléaires tricolores de ses robinetteries.

Un silence tactique ?

Si le cas Segault est déjà en grande partie réglé, après le veto en mai du ministre des Armées Sébastien Lecornu - la PME francilienne doit encore finaliser son tour de table avec à la manoeuvre le Fonds France Nucléaire -, le dossier Velan SAS, encore en cours d'instruction par la puissante direction générale du Trésor (DGT) dans le cadre des IEF (investissements étrangers en France), est toujours dans la pile sur le bureau du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Des réunions sont d'ailleurs prévues pour trancher ce dossier, qui oscille comme d'habitude entre attractivité de la France, dont les partisans sont puissants à Bercy, et souveraineté de la base industrielle française, qui est poussée dans ce dossier par EDF. C'est le grand paradoxe de ce ministère déchiré par des intérêts contradictoires...

« Velan SAS est une entreprise importante, voire critique pour l'industrie nucléaire et pour EDF, souffle-t-on à La Tribune. Ce dossier mérite d'être regardé ». D'autant que, selon nos informations, Flowserve, qui a entendu les inquiétudes françaises, aurait envoyé en juillet des propositions, notamment sur l'avenir de l'usine de Lyon, au gouvernement français. Elles sont loin d'avoir convaincu, y compris au sein même de la DGT - c'est dire - et de la Direction générale des entreprises (DGE). D'où le silence gêné, voire tactique, de l'administration française. Car à quelques jours du closing de l'opération, ne rien faire vaudrait le 7 octobre une réponse négative pour Flowserve, qui ne pourrait pas acquérir les deux filiales françaises de Velan, dont les activités sont bénéficiaires au contraire du groupe canadien. Ce qui pourrait mettre en péril la transaction entre les actionnaires de Velan et Flowserve.

Une réunion de la dernière chance

C'est peut-être la réunion de la dernière chance pour Flowserve qui a rendez-vous cette semaine à Bercy avec le cabinet de Bruno Le Maire. Soit ça casse, soit ça passe. Mais quoi qu'il arrive le dossier devrait rebondir rapidement. Les actionnaires de Velan veulent vendre. En priorité à Flowserve mais pourquoi pas à un autre acheteur si le groupe américain renonçait. Les actionnaires seraient déjà prêts à regarder de nouvelles propositions venant d'Europe où des groupes se montreraient intéressés, explique-t-on à La Tribune.

Le silence de Paris pourrait contrarier des offres de reprises d'acteurs français prêts à reprendre tout ou partie les activités françaises de Velan, qui pèseraient au total environ 100 millions d'euros (Segault + Velan SAS). « Le risque résultant sera de se faire coiffer au poteau par d'autres propositions qui arriveront, cette fois-ci du bon côté de l'Atlantique... mais de voisins européens », précise-t-on à La Tribune. Plusieurs offres françaises seraient dans les starting-blocks pour reprendre soit Segault seul, soit avec Velan Lyon, soit, enfin, Segault d'un côté et Velan Lyon de l'autre côté. Un projet regroupant les deux filiales aurait la préférence de la filière, qui est déjà trop dispersée. Une consolidation est d'ailleurs souhaitée par certains acteurs.

Le Fonds France Nucléaire (FFN), géré par Siparex, travaille sur plusieurs projets, d'autres sont étudiés par des industriels. Enfin, certaines propositions regrouperaient des industriels et des fonds. Doté de 200 millions d'euros, le FFN investit des tickets allant jusqu'à 20 millions d'euros dans les PME et les ETI de la filière nucléaire. Pour Bercy, il est temps de lâcher les vannes...

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 03/10/2023 à 18:04
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ceci constitue un DEVOIR D'ETAT !

à écrit le 03/10/2023 à 18:02
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je suis immensément étonné de m'apercevoir que rien n'est fait pour conserver les cahiers des charges, les plans, les nomenclatures et les étapes de fabrication y compris les archives sans oublier les brevets et leur "prolongations), sans oublier les...

à écrit le 03/10/2023 à 17:19
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Mais la France sans fou, elle a un nucléaire sans robinet ni vanne, ni tuyauterie... Vous savez c'est un EPR qui n'a besoin de rien.... Même pas d'uranium.

à écrit le 03/10/2023 à 12:41
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Vendre une centrale nucléaire, c'est une bonne opération économique, mais surtout un coup géostratégique. La France doit déjà maintenant trainer les Etats-Unis dans toutes ses négociations, cause déjà les turbines Arabelle d'Alstom Energie cédées à ...

à écrit le 03/10/2023 à 9:20
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Pour moi mais je voudrais avoir tort la réindustrialisation annoncée restera hélas au niveau de la Comm. Il n'y a pas d'industries sans un état fort, au minimum un état qui possède une politique qui dit vers où il se dirige.. Marianne se tourne pour ...

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