Refus d'indemnisation pour perte d'exploitation : à Lyon, le litige entre des restaurateurs et Axa renvoyé au fond

La crise du Covid-19 a stoppé net leur activité. Le couple de restaurateurs se pensait pourtant parfaitement couvert par son contrat "multirisque professionnel" souscrit chez Axa, assurant la perte d'exploitation en cas de "fermeture administrative (...) conséquence d'une maladie contagieuse, d'un meurtre, d'un suicide, d'une épidémie ou d'une intoxication". Mais Axa avait refusé d'indemniser leur perte d'exploitation estimée à quelque 17.000 euros, arguant d'une "clause d'exclusion".

Le juge des référés du tribunal de Commerce de Lyon a renvoyé au fond, le 1er juillet, l'affaire opposant des restaurateurs du Beaujolais à l'assureur Axa qui refuse d'indemniser leur perte d'exploitation pendant le confinement, a-t-on appris auprès de l'avocat des demandeurs.

"Le juge nous a indiqué qu'il nous ouvrait toutes grandes les portes du tribunal de Commerce, mais qu'il se déclarait incompétent pour juger l'affaire en délibéré", a précisé à l'AFP Me Jean-Jacques Rinck.

"C'est une bonne nouvelle car il aurait pu nous débouter", a-t-il ajouté.

Une nouvelle audience au fond se déroulera donc le 1er juillet au tribunal de Commerce.

Il arrive qu'en matière de référé, le juge considère que l'affaire ne présente pas le niveau d'évidence suffisant pour justifier une condamnation, mais considère toutefois qu'elle est suffisamment urgente pour justifier une décision rapide. Dans ce cas, le juge des référés renvoie l'affaire au fond.

Les demandeurs, David Genillon et Valérie Nassi, gèrent depuis 2013 dans le village de Lancié (Rhône) "Le Bacchus", petit restaurant du terroir fermé administrativement depuis le 14 mars pour cause de crise sanitaire, comme tous ses concurrents.

Le couple se pensait parfaitement couvert par son contrat "multirisque professionnel" souscrit chez Axa, assurant la perte d'exploitation en cas de "fermeture administrative (...) conséquence d'une maladie contagieuse, d'un meurtre, d'un suicide, d'une épidémie ou d'une intoxication".

"Tour de passe-passe"

Mais Axa avait refusé d'indemniser leur perte d'exploitation estimée à quelque 17.000 euros, arguant d'une "clause d'exclusion" figurant dans leur contrat: l'épidémie ne doit pas frapper d'autres établissements mais se limiter, en l'espèce, au seul restaurant Le Bacchus.

"C'est une clause abusive, un tour de passe-passe contractuel car l'épidémie est expressément garantie", avait affirmé Me Rinck à la sortie de l'audience le 3 juin.

"Pour nous, avait relevé M. Genillon à la sortie de l'audience, c'était marqué +épidémie+ dans notre contrat, donc c'était bon". "Si on perd, ça met en péril l'existence de notre établissement".

À Paris, en Gironde, d'autres litiges avec des restaurateurs

Pour l'avocat de la compagnie, "Axa n'est pas un mauvais payeur. La clause d'exclusion est parfaitement valable". "Quand plusieurs établissements sont touchés, il s'agit d'une fermeture collective, Axa ne peut pas couvrir les pertes d'exploitation".

Me Pascal Ormen avait également estimé que le juge des référés "n'était pas compétent pour statuer" sur cette affaire.

Ce litige survient après le cas du restaurateur parisien Stéphane Manigold, auquel le tribunal  de Commerce de Paris avait donné raison contre Axa - qui a fait appel. Mais, dans ce cas, il n'y avait pas de clause d'exclusion, avait rappelé Me Ormen.

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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2020 à 10:56
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"multirisque professionnel" " "clause d'exclusion"" La position de l'assurance est totalement hypocrite, rien qu'avec ces deux expressions c'est flagrant. Devant:"Monsieur dans notre magasin nous vendons tout ! Dedans: "sauf ce que nous n'...

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