72 milliards d’euros en 10 ans : l’incroyable dérive des coûts de la LGV britannique HS2

Conçue pour rapprocher de Londres les grandes villes du nord de l'Angleterre, la LGV HS2 devait coûter 37,5 milliards de livres en 2013. Le coût s'est envolé depuis à quelque 100 milliards (115 milliards d'euros).
Les travaux du premier tronçon entre Londres et Birmingham ont commencé en avril 2020 et les premiers trains devraient s'élancer entre 2029 et 2033.
Les travaux du premier tronçon entre Londres et Birmingham ont commencé en avril 2020 et les premiers trains devraient s'élancer entre 2029 et 2033. (Crédits : DR)

Plus de 60 milliards de livres en 10 ans (71,68 milliards d'euros). C'est le montant de l'incroyable explosion des coûts de la HS2 (High Speed 2), la deuxième ligne à grande vitesse britannique, après celle qui relie le tunnel sous la Manche Évalué à 37,5 milliards de livres en 2013, le projet ferroviaire, qui vise à relier Londres aux grandes villes du Nord de l'Angleterre, puis l'Ecosse, est désormais estimé à près de 100 milliards de livres, soit 115 milliards d'euros. Ce qui en fait « l'un des projets ferroviaires les plus chers du monde » au kilomètre, a expliqué à l'AFP Sam Dumitriu, responsable des politiques pour l'association pour la croissance économique Britain Remade, qui a comparé des projets d'infrastructure dans quatorze pays.

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A titre d'exemple, la facture pour réaliser les 215 kilomètres de voies du premier tronçon, entre Londres et Birmingham, s'élèvera à 247 millions de livres (284 millions d'euros) par kilomètre, plus de huit fois plus cher que la LGV Tours-Bordeaux, entrée en service en 2017. Pour rappel, les travaux ont commencé en avril 2020 et les premiers trains devraient s'élancer entre 2029 et 2033.

Les riverains et les défenseurs de l'environnement écoutés

En cause notamment, selon lui, la prise en compte des griefs des riverains ou aux défenseurs de l'environnement dans tous les projets d'infrastructure, qui se traduit, dans le cas de la HS2, par une multiplication des tronçons en tunnels, plus coûteux. « Pourquoi est-il plus coûteux de construire en Grande-Bretagne qu'en Chine ? » s'interrogeait en février Jon Thompson, président de l'entreprise publique HS2, dans une tribune dans le journal The Telegraph.

« Ici, nous ne bafouons pas l'environnement, le droit de l'urbanisme, les autorités et les populations locales », martelait-il. Et d'envoyer quelques piques à certains pays ferroviaires du continent.

« Contrairement à (ce qui se fait en) Espagne, HS2 transportera les gens directement au cœur des centres-villes dans certaines des zones foncières et immobilières les plus chères au monde ». Et contrairement à la France, « nous choisissons de creuser des tunnels plutôt que de démolir des communautés entières et des pans de campagne ».

Coupes dans le projet

Pour autant l'envolée des coûts fait grincer des dents au gouvernement, qui essaye depuis de faire des coupes dans le projet pour faire des économies. Ainsi, en novembre 2021, le tronçon qui devait relier Birmingham à Leeds est passé à la trappe. D'autres tronçons ont ensuite été reportés tandis que la ligne ne s'arrêtera pas comme prévu initialement à la gare de Euston, dans le centre de Londres, mais dans la banlieue ouest de la capitale. En juillet, l'autorité britannique des infrastructures et projets a estimé que le projet « semblait irréalisable » dans sa forme actuelle. Selon la presse britannique, le gouvernement planche encore sur l'annulation d'un autre tronçon, entre Birmingham et Manchester cette fois. Au grand dam des élus locaux. Car il faut trouver d'autres économies. Même amputé, le projet pourrait tout de même coûter plus de 90 milliards de livres une fois la récente envolée de l'inflation prise en compte, a estimé cette semaine le Financial Times.

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Sud-Ouest : un convoi contre les LGV vers Dax et Toulouse

« Cette LGV, on n'en veut pas ! »: plusieurs centaines de militants ont entrepris ce week-end une « sarabande », un convoi suivant le tracé du projet de lignes à grande vitesse depuis Bordeaux vers Dax et Toulouse, véritable serpent de mer politique de la région.

Ce convoi « festif et combatif », qui s'est élancé vendredi après-midi de l'université de Talence, près de Bordeaux, a fait une halte samedi matin à Balizac, dans le sud de la Gironde, où il a été rejoint par des élus, maires, députés et sénateurs des villages traversés par le grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO).

Les militants dénoncent un projet « écocide » et plaident en échange pour « la rénovation et la modernisation des lignes existantes ».

Le 7 septembre, l'Autorité environnementale, autorité indépendante appelée à rendre un avis sur chaque projet d'infrastructure soumis à une évaluation environnementale, a demandé une nouvelle étude d'impact. « Les réponses pour de nombreux items du code de l'environnement sont obsolètes ou incomplètes », a-t-elle déploré.

Consultée par l'AFP, SNCF Réseau assure que ses « équipes sont pleinement mobilisées pour répondre à l'avis de l'Autorité environnementale et fournir les éléments complémentaires dans les meilleurs délais ».

En janvier, un rapport du Conseil d'orientation des infrastructures avait déjà préconisé de reporter le projet, déjà moult fois retardé, au-delà de 2038.

« Les gens sont de plus en plus remontés. Et maintenant, ce qui les agace encore plus, ce sont les taxes. Ce sont les communes les plus impactées par ce projet qui devront payer. C'est fort ! Et les Girondins ne pourront même pas prendre cette LGV, à moins de sauter dans un train qui file à 300 km/h sous leurs fenêtres. Mais ils devront la payer. C'est comme s'ils nous condamnaient à mort, qu'ils nous faisaient payer nos propres obsèques », a conclu Jacqueline Lartigue-Renouil.

(Avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 24/09/2023 à 21:48
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Gagner une heure entre Bordeaux et Toulouse, une heure entre Poitiers et Toulouse, une heure entre Bordeaux et Marseille, une heure entre Bordeaux et Avignon, une heure entre Bordeaux et Lyon, 1 heure entre Bordeaux et Nice, 1 heure 10 entre Pari...

à écrit le 24/09/2023 à 20:49
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Ca fait combien, en Bic Mac'?

à écrit le 24/09/2023 à 8:01
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L’incroyable dérive financière de l’état français, on en parle, 1000 milliards de dette en 6 ans rien que pour macron, c’est phénoménal et lamentable, personne n’en parle….

le 25/09/2023 à 0:37
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Personne n en parle parce que ces prédécesseurs n’ ont guère fait mieux depuis les années 80… et puis faut pas oublier le covid qui a endetté tous les pays …640 milliards pour la France , 597 pour la Gb, 510 pour l Allemagne 430 pour l Italie et ...

le 25/09/2023 à 0:37
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Personne n en parle parce que ces prédécesseurs n’ ont guère fait mieux depuis les années 80… et puis faut pas oublier le covid qui a endetté tous les pays …640 milliards pour la France , 597 pour la Gb, 510 pour l Allemagne 430 pour l Italie et ...

à écrit le 23/09/2023 à 20:45
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"Et les Girondins ne pourront même pas prendre cette LGV, à moins de sauter dans un train qui file à 300 km/h sous leurs fenêtres. Mais ils devront la payer. C'est comme s'ils nous condamnaient à mort, qu'ils nous faisaient payer nos propres obsèques...

à écrit le 23/09/2023 à 17:13
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Bonjour, pourcle dépassement des coups financière, ils me semblent imcoyage qu'ils y est de telle dérive financière... Certes les lignes TGV demande un gros investissement, mais ils faut avant tous reduire les pertes économiques et fournir le me...

le 24/09/2023 à 13:01
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l article parle des lignes anglaises...celles de leur opérateur privatisé..il y ades boites privees qui doivnet se servir au passage...ou le cout aete sous-estime pour le faire accepter...le hic c est que ca concerne pas qie le ferroviaire idem pour ...

le 24/09/2023 à 13:04
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l article parle des lignes anglaises...celles de leur opérateur privatisé..il y a des boites privees qui doiventt se servir au passage...ou le cout a ete sous-estime pour le faire accepter...le hic c est que ca concerne pas que le ferroviaire idem p...

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