CMA CGM, roi des superprofits en France devant TotalEnergies et LVMH (mais la fête est finie)

CMA-CGM a de nouveau profité de la surchauffe du transport maritime en 2022, avec un bénéfice net record de 24,88 milliards de dollars (environ 23,4 milliards d'euros), le plus haut publié par une entreprise française pour l'année 2022 devant ceux de TotalEnergies, Stellantis et LVMH.
'armateur a ainsi multiplié les investissements dans des bateaux et terminaux portuaires (à New York et en Inde notamment), et négocie le rachat de la compagnie La Méridionale, qui relie Marseille à la Corse et au Maroc.
'armateur a ainsi multiplié les investissements dans des bateaux et terminaux portuaires (à New York et en Inde notamment), et négocie le rachat de la compagnie La Méridionale, qui relie Marseille à la Corse et au Maroc. (Crédits : Yves Herman)

Plus fort que TotalEnergies, LVMH ou encore Stellantis. Moins de quinze ans après avoir évité la faillite, CMA CGM a dégagé dernier un bénéfice net de 24,8 milliards de dollars (23 milliards d'euros), en hausse de près de 7% par rapport à 2021. Le tout pour un chiffre d'affaires de 74,5 milliards de dollars (environ 70,1 milliards d'euros), en hausse 33,1% sur un an.

TotalEnergies, le roi de l'Ebitda

Jamais atteints dans l'histoire du groupe, ces profits stratosphériques propulsent l'armateur marseillais sur la première marche du podium des entreprises françaises en termes de bénéfice net généré, devant et LVMH (22,4 milliards de dollars) et TotalEnergies (20,5 milliards de dollars) ou encore Stellantis (près de 18 milliards de dollars). Pour autant, en prenant plutôt l'Ebitda (bénéfice avant impôts, intérêts, dépréciation, amortissement), l'un des principaux indicateurs de rentabilité, CMA CGM est loin derrière TotalEnergies. L'Ebitda du groupe énergétique dépasse en effet les 70 milliards de dollars, plus de deux fois plus que celui de l'armateur maritime (33 milliards).

Marge opérationnelle de 44,7%!

Le troisième armateur mondial a été porté par les prix historiquement hauts du fret maritime depuis le début de la pandémie. CMA-CGM n'a toutefois pas toujours connu cette ivresse : avant de voir son bénéfice exploser en 2021 à 17,9 milliards de dollars, le groupe avait perdu 229 millions de dollars en 2019, après avoir évité la faillite en 2009. Le groupe de Rodolphe Saadé a atteint en 2022 un niveau colossal de marge opérationnelle, à 44,7% (+3,4 points sur un an).

Multiplication des investissements

Tout en présentant ces résultats historiques, la direction du groupe a tenu à souligner qu'ils restent « exceptionnels » et ne perdureront pas. CMA-CGM, comme ses concurrents dans l'Union européenne, est soumis à la « taxe au tonnage », qui porte sur les capacités de sa flotte et non sur ses bénéfices, et à l'impôt sur les sociétés pour le portuaire et la logistique. Son taux effectif d'imposition était de 2% en 2021, selon une mission de l'Assemblée nationale sur les profits exceptionnels. CMA-CGM a assuré qu'il réinvestissait « près de 90% des bénéfices » réalisés en 2022, dont deux milliards d'euros en France. L'armateur a ainsi multiplié les investissements dans des bateaux et terminaux portuaires (à New York et en Inde notamment), et négocie le rachat de la compagnie La Méridionale, qui relie Marseille à la Corse et au Maroc.

Il se prépare aussi à de nouveaux soubresauts dans le fret maritime en se diversifiant : il a investi dans la logistique terrestre, aérienne, spatiale et dans les médias. L'armateur est entré en 2022 au capital d'Air France-KLM et d'Eutelsat et a acquis le transporteur de véhicules Gefco ainsi que des sociétés dans la logistique de l'e-commerce. Il a racheté le pilier de la presse locale La Provence, pris une part minoritaire du groupe M6 et deviendra cet été le sponsor principal de l'Olympique de Marseille. Le groupe va par ailleurs investir 1,5 milliard d'euros sur 5 ans pour créer un fonds chargé d'accélérer la transition énergétique dans l'ensemble des activités de transport. 726 millions d'euros ont aussi été redistribués en 2022 aux 155.000 collaborateurs du groupe.

La fête est finie

Pour autant, la fête est finie. CMA CGM dit s'attendre vendredi à ce que le ralentissement de ses activités observé au quatrième trimestre 2022 se poursuive pour l'année en cours, invoquant des pressions inflationnistes qui pèsent sur les consommateurs. Le groupe, basé à Marseille et contrôlé par la famille Saadé, anticipe en 2023 une hausse des capacités dans le fret tant maritime qu'aérien et des perspectives incertaines pour la demande, en raison de la diminution des stocks aux Etats-Unis et des pressions sur le pouvoir d'achat.

Les conditions de marché dans l'industrie du transport et de la logistique ont continué à se détériorer au cours du second semestre 2022, a déclaré le groupe, citant les tensions géopolitiques, l'incertitude macroéconomique et la forte baisse des taux de fret.

« L'année 2023 s'est ouverte dans la continuité du second semestre 2022 avec un environnement de marché dégradé pour le secteur du Transport et de la Logistique », a ajouté CMA CGM dans un communiqué de résultats.

Le groupe a fait état d'une baisse de 3,6% sur un an de son chiffre d'affaires au quatrième trimestre, à 16,89 milliards de dollars (15,91 milliards d'euros). L'Ebitda est en baisse de 30.9%, à 5,69 milliards de dollars.

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Commentaires 9
à écrit le 04/03/2023 à 19:58
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Très bien le bénéfice mais à quelque part les clients ont été bernés. Cosco n'affiche pas un tel bénéfice. Souhaitons que çacontinue

à écrit le 04/03/2023 à 18:48
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Le profit est une constatation comptable; il peut donc y avoir des profits importants dus à l'activité industrielle ou à la réalisation de ventes d'actif, qui sont des profits exceptionnels, mais pas de superprofits; les mêmes conditions peuvent géné...

le 05/03/2023 à 13:09
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avoir un avis sur les super profit est une chose mais que bruxelles magouilles sur la fiscalité en accordant la domiciliation d'entreprise national a un autre pays d'europe est escroquerie fiscal qui se doit d'etre sanctionne y compris les législa...

à écrit le 04/03/2023 à 10:02
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Bonjour, Que cette entreprises est fais des bénéfice est une bonne chose , mais ils vons devoirs faire des investissements dans le matériel maritime afin de reduire la pollution....

à écrit le 04/03/2023 à 9:56
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"Soumis à la « taxe au tonnage », qui porte sur les capacités de sa flotte et non sur ses bénéfices, et à l'impôt sur les sociétés pour le portuaire et la logistique. =->>> Son taux effectif d'imposition était de 2% en 2021 <<<=". En clair: La gueusa...

le 04/03/2023 à 10:46
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On peut aussi voir les choses par le petit bout de la lorgnette !! Si cette compagnie n’existait pas et que ce soit les Danois ou les Chinois qui transportaient les conteneurs jusque dans les ports Français, les recettes fiscales seraient égales à Zé...

le 04/03/2023 à 14:15
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L'avantage d'une entreprise familiale, c'est que la direction peut choisir de réinvestir une grande partie des bénéfices, parce qu'il y peu d'actionnaires externes à gaver qui peuvent bloquer les investissements pour gonfler leur portefeuilles courte...

à écrit le 04/03/2023 à 8:55
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Chapeau! Construire une belle marge comme ça n’est pas simple, surtout dans le transport. Les investissements semblent sérieux, mais bon… La logistique est un métier pas simple. Ce n’est pas aussi récurrent ou prévisible que d’autres secteurs, il n’...

à écrit le 04/03/2023 à 1:12
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Nos collectivistes d'opérette vont encore se rouler par terre en criant à l'injustice...

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