Le patron de la SNCF demande des moyens pour doubler le rail et "réussir la transition climatique"

Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, propose de doubler la part du rail pour tenir les engagements de réduction des gaz à effet de serre de l'accord de Paris. Il appelle pour cela à la « mobilisation générale », nécessaire pour moderniser le réseau, désengorger certaines gares et construire de nouvelles liaisons.
Doubler la part du train permettrait de réaliser entre le quart et le tiers de l'effort de décarbonation des transports auquel s'est engagée la France d'ici à 2030.
Doubler la part du train permettrait de réaliser entre le quart et le tiers de l'effort de décarbonation des transports auquel s'est engagée la France d'ici à 2030. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

À quelques semaines d'une élection présidentielle « dont le résultat sera décisif pour notre pays », le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou amène sa pierre au débat. La fondation Jean Jaurès publie ainsi ce jeudi 10 février une contribution d'une dizaine de pages du président du système ferroviaire français, dans laquelle il explique la nécessité de « doubler la place du train pour une vraie transition climatique ».

« Sans un report modal fort de la route vers le train, l'objectif de l'accord de Paris sera inatteignable », plaide-t-il. « Il faut être très volontariste sur le sujet (...). Il faut agir, et agir vite ! »

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Doubler le train pour décarboner les transports

Petit calcul : les transports représentent en France 31% des émissions de CO2, et le train, qui assure 10% des transports, seulement 0,3%. Doubler la part du train permettrait de réaliser entre le quart et le tiers de l'effort de décarbonation des transports auquel s'est engagée la France d'ici à 2030. Le train devenant lui-même plus propre, relève Jean-Pierre Farandou.

Avec un "acte II" à engager pendant le prochain quinquennat, l'acte I étant la réforme ferroviaire de 2018. Pour le PDG, cette dernière a permis d'assainir les finances de la SNCF et de clarifier les règles de concurrence. « L'acte II, c'est une accélération, une amplification des impulsions données, avec une ambition plus forte, c'est le "fois 2" », clame Jean-Pierre Farandou.

À noter néanmoins qu'il y a quelques jours, l'autorité de régulation des transports (ART) a rendu son avis sur le projet de contrat de performance 2021‑2030 entre l'État et SNCF Réseau, qui doit notamment permettre de justement atteindre les objectifs fixés en 2018. Le régulateur estime qu'il n'y a « aucune ambition industrielle » : absence de vision-cible, effort de renouvellement et de modernisation insuffisant, incertitude sur les ressources financières, ou encore, manque d'incitation à la performance industrielle... Le texte final doit être voté au printemps.

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Rénover, moderniser, désengorger

Pour le fret, l'ambition de doubler d'ici à 2030 la part du rail de 9% à 18% du transport de marchandises a été endossée par le gouvernement et inscrite dans la loi. Pour rappel, 18% est la moyenne européenne actuelle, que Bruxelles veut entre-temps porter à 30%.

Le patron de la SNCF s'était fixé le même objectif de 2030 pour un doublement du trafic voyageurs, mais il l'a maintenant un peu retardé. « Il faut monter en puissance, créer des lignes. C'est pour ça qu'on s'est donné une perspective un peu plus large, dans la décennie 2030 ».

Il va surtout falloir mettre le paquet dans le réseau, le moderniser, désengorger certaines gares et construire de nouvelles liaisons. Pour le moment, le projet de contrat de performance de SNCF Réseau, très critiqué, prévoit juste de quoi régénérer les lignes principales.

Jean-Pierre Farandou cite pêle-mêle, dans sa liste des courses du "programme x2", la construction d'une commande centralisée du réseau pour remplacer les vieux postes d'aiguillage, le déploiement d'une signalisation plus performante, « la transformation des TER en RER dans les 13 grandes métropoles », le programme fret et la construction de nouvelles lignes, comme Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, Montpellier-Perpignan ou l'axe Marseille-Nice. Sans oublier les nouveaux trains nécessaires, forcément plus verts. Avec un effort particulier à fournir dans les zones rurales, afin d'offrir une alternative à la voiture individuelle.

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Une facture à plusieurs dizaines de milliards

Au bout du compte, la facture atteindrait plusieurs dizaines de milliards d'euros, même si Jean-Pierre Farandou souligne qu'il « ne (fait) pas les additions ». Il note au passage que les pays voisins investissent beaucoup plus que la France dans le rail. D'après le PDG, « malgré l'effort fait pour la régénération depuis 2018, la France investit beaucoup moins par habitant et par kilomètre de ligne que la plupart des grands réseaux européens : environ deux fois moins qu'en Allemagne et en Italie ». Et, comparé à des pays plus petits, l'Hexagone investit six fois moins que la Suisse, cinq fois moins que l'Autriche, quatre fois moins que le Danemark et la Suède, trois fois moins que les Pays-Bas.

« Les politiques devront s'emparer du sujet du financement », estime le patron de la SNCF, se contentant d'évoquer « une tarification du carbone et une réglementation des usages » là où il avait déclaré il y a quelques mois que les avions n'étaient pas assez chers ou qu'il faudrait faire payer les poids lourds. Et de rappeler que l'Allemagne vient de décider de consacrer 86 milliards d'euros à son réseau sur dix ans (trois quarts sont à la charge de l'État fédéral, un quart à la charge des Länder). « Soit 8,6 milliards d'euros par an sur 2021-2030, pour un réseau qui est pourtant deux fois plus jeune que le nôtre », glisse-t-il.

« Quelle est ma démarche? C'est créer l'envie de plus de ferroviaire », résume-t-il. Avec à la clef des retombées pour l'aménagement du territoire et des bénéfices industriels, le "programme x2" devant créer des emplois dans l'industrie ferroviaire, le BTP, à la SNCF et chez ses concurrents qui profiteront aussi de l'essor du rail.

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Commentaires 7
à écrit le 11/02/2022 à 12:20
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Je vais fréquemment en Italie pour le plaisir et j'y suis actuellement. Je me déplace uniquement en train et bus, c'est relativement aisé alors qu'en France ce type de voyage est impossible. En outre la fiabilité du train en France est médiocre pou...

à écrit le 10/02/2022 à 22:07
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Le développement du transport ferroviaire passe à mon avis par le fret : quand on voit le nombre de poids-lourds qui encombrent nos autoroutes, il y a un marché à prendre ... !!

à écrit le 10/02/2022 à 18:35
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Qu'il aille au Japon voir voyager sur le Shinkansen. Guillaume Pépy a tout misé sur un TGV qui est une honte nationale. Il devrait être mis en examen pour l'état de décrépitude dans lequel il a laissé la sncf !

à écrit le 10/02/2022 à 16:33
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Plus un rond pour la SNCF, tant que cette boite n'aura pas un fonctionnement correct je dis même pas normal (gréves, retraites, pertes permanentes, concurrence, qualité de service, etc, etc, etc..) 17 milliards d'euros tombent chaque année dans ce...

le 10/02/2022 à 18:36
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Allez au Japon voyager sur le Shinkansen. Guillaume Pépy a tout misé sur un TGV qui est une honte nationale. Il devrait être mis en examen pour l'état de décrépitude dans lequel il a laissé la sncf !

à écrit le 10/02/2022 à 16:20
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Que voulez vous qu'il fasse en fin de mandat? Il n'a déjà pas fait ce qu'il voulait nous imposer pendant 5 ans!

à écrit le 10/02/2022 à 16:19
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Que voulez vous qu'il fasse en fin de mandat? Il n'a déjà pas fait ce qu'il voulez nous imposer pendant 5 ans!

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