Comme les autres compagnies low cost européennes, Easyjet a su conserver le dynamisme de l'été pour poursuivre son redressement cet automne. Entre octobre et décembre, la compagnie a multiplié son trafic par 4 par rapport à la même période en 2020 - même si avec 12 millions de passagers, c'est à peine plus de la moitié du niveau de 2019 - et multiplié ses revenus quasiment par 5, pour atteindre 960 millions d'euros. Surtout, comme le note son directeur général pour la France et les Pays-Bas, Bertrand Godinot, la compagnie orange a réussi à diviser ses pertes et sa consommation de cash par deux.
"Nous avons vu finalement un assez bon début de trimestre qui a été un peu au-dessus de nos espérances avant l'arrivée d'Omicron qui a mis un petit coup de frein sur décembre", détaille-t-il. De fait, la flambée de l'épidémie et le retour des restrictions (Royaume-Uni, Maroc, Suisse, etc.) ont directement impacté le trafic juste au moment où la compagnie accélérait le redéploiement de ses capacités.
La France résiste face à Omicron
Si le marché français a assez largement suivi les mêmes tendances que le reste du réseau, il offre tout de même quelques spécificités comme l'explique Bertrand Godinot : "En France, notre présence sur le marché domestique, où nous sommes la deuxième compagnie aérienne avec une forte présence régionale nous a permis de maintenir une assez bonne forme de résilience." Il estime ainsi que le trafic intérieur français a joué un rôle d'amortisseur et permis de compenser en partie les effets négatifs des mesures restrictives sur les trajets internationaux : "En termes de tendances, nous sommes plutôt meilleurs sur l'ensemble du trimestre et moins sensible aux variations qu'il peut y avoir sur d'autres marchés."
Cette certaine inertie se ressent aussi en sens inverse. Comme d'autres avant lui, le patron d'Easyjet en France salue la célérité avec laquelle repart le trafic dès que les conditions sanitaires s'assouplissent, mais concède que le marché français est parfois un peu moins réactif que certains de ses voisins. Avec la réouverture des frontières et l'arrivée des vacances de février, les prochaines semaines pourraient constituer un bon observatoire sur ce point. Le dirigeant note pour l'instant que les réservations entre la France et le Royaume-Uni, qui était l'un des principaux axes avant crise avec 5 millions de passagers annuels, ont redécollé dès la levée fin janvier de l'obligation de motif impérieux. Il estime que cela pourrait se reproduire avec le Maroc, qui a rouvert ses frontières le 7 février.
"Nous sommes toujours très optimistes sur l'été, avec une volonté de voyager qui reste très forte", s'enthousiasme Bertrand Godinot, directeur général d'Easyjet pour la France et les Pays-Bas.
Mais Bertrand Godinot attend le plus fort de l'accélération cet été : "Pour la saison estivale, c'est-à-dire le troisième trimestre de l'année calendaire et le quatrième de notre année financière (les exercices d'Easyjet vont du 1er octobre au 30 septembre, NDLR), nous pensons donc être assez proches des niveaux de 2019." Il ne s'agit néanmoins que de prévisions de capacités pour l'instant, et non de trafic. Au vu du fort degré d'incertitude qui règne encore, la compagnie ne préfère pas s'engager sur ce type de projection pour le moment.
Le domestique français, prioritaire pour Easyjet
A en croire Bertrand Godinot, le trafic intérieur hexagonal est en tout cas jugé prioritaire. Il en veut pour preuve la décision forte d'Easyjet lors de l'été 2021 de préserver son offre sur le domestique alors que la période est traditionnellement plus propice aux déplacements internationaux et donne lieu à des transferts de capacités. Les lignes transversales vers le sud du pays et la Corse (avec quatre aéroports desservis) ont ainsi constitué des axes forts.
Cette stratégie devrait encore être de mise cet été avec une offre constante sur le domestique, mais le redéploiement de capacités doit également permettre une croissance sur l'international. "Nous pensons que cet été, les gens auront de nouveau envie de voyager dans d'autres pays si les conditions, évidemment, le permettent", précise-t-il. Les destinations bien maîtrisées comme l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce ou le Maroc.
Easyjet a d'ailleurs préservé l'essentiel de ses effectifs en France, soit 1.700 personnes, bien aidé par le recours à l'activité partielle de longue durée (APLD) et à un accord de performance collective (APC). Une rupture conventionnelle collective (RCC) a été mise en place, mais moins de 50 personnes y ont recouru. De fait, la compagnie est déjà dimensionnée pour cet été en France, où elle disposera de 36 avions basés sur 7 aéroports.
Un trafic affaires constant dans la crise
Sans livrer de chiffres, Bertrand Godinot estime également que le marché a été porté par la bonne résistance du segment affaires. Alors que celui-ci peine à redécoller depuis le début de la crise, les compagnies low cost semblent ainsi renforcer leur pénétration sur ce marché, notamment auprès des PME-PMI qui ont repris leurs déplacements plus rapidement que les entreprises plus importantes. Ce mouvement est par exemple présent chez Transavia, qui déploie son offre à bas coût sur le domestique depuis fin 2020.
En septembre 2021, Easyjet France revendiquait déjà un quart du trafic affaires et la tendance s'est maintenue jusqu'à la fin de l'année. Cette part s'avère relativement conforme avec les niveaux déjà constatés avant la crise, en dépit des fortes fluctuations de trafic et un volume de passagers toujours deux fois inférieur à celui de 2019. Elle ne devrait d'ailleurs pas évoluer d'ici cet été - où le segment loisir est naturellement plus fort.
Le retour des entreprises plus importantes est tout de même attendu, avec des déplacements peut-être moins fréquents mais sur des durées un peu plus longues. C'est du moins ce que pense le patron d'Easyjet en France : "Nous sommes assez confiants sur le fait qu'à moyen terme, les grandes entreprises vont aussi reprendre les voyages, selon une logique où nous pensons être assez bien positionnés pour deux raisons. La première, c'est que les grandes entreprises se sont rendu compte que cela coûtait cher de voyager et font plus attention aux coûts des voyages. Notre positionnement de bon rapport qualité-prix devrait donc nous avantager. Le deuxième élément, c'est que la conscience écologique a tendance à se renforcer, en particulier auprès des entreprises. Le fait que nous soyons la seule compagnie qui compense l'ensemble des émissions carbone est un élément auquel les entreprises sont sensibles."
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