Mali : les syndicats d'Air France appellent les navigants à exercer leur droit de retrait

Alors que la situation sécuritaire se dégrade au Mali, les syndicats des personnels navigants d'Air France alertent sur un danger grave et immédiat et appellent les salariés à faire jouer leur droit de retrait.
Léo Barnier
Un CSE extraordinaire de l'exploitation aérienne s'est tenu pour alerter sur le danger grave et immédiat au Mali.
Un CSE extraordinaire de l'exploitation aérienne s'est tenu pour alerter sur le danger grave et immédiat au Mali. (Crédits : Regis Duvignau)

La position de la France au Mali ne cesse de reculer. Sept mois après le retrait définitif des militaires de l'opération Barkhane, c'est Air France qui se voit mis en difficulté dans le pays en raison de l'aggravation de la situation sécuritaire. Face à cette situation, les syndicats de personnels navigants alertent sur le danger potentiel que représente la desserte ou le survol du Mali et appellent leurs adhérents à exercer leur droit de retrait en attendant des mesures de la part de la direction.

C'est tout d'abord le principal syndicat de pilotes de la compagnie, le SNPL Air France-Transavia, qui s'est positionné comme indiqué ce jeudi par l'AFP. Comme le rapporte l'agence, citant le bureau du syndicat : « Par une consigne syndicale, le SNPL Air France-Transavia invite ses adhérents, et les pilotes qui le souhaitent, à exercer leur droit de retrait afin de ne pas effectuer les vols à destination de Bamako, en l'état actuel des choses ».

Et comme l'a appris La Tribune, un comité social et économique (CSE) exceptionnel de l'établissement « exploitation aérienne » - qui regroupe pilotes, hôtesses et stewards - s'est tenu pour voter avis de danger grave et imminent sur la desserte et le survol du Mali et donc là aussi la possibilité pour les navigants d'exercer leur droit de retrait.

Christelle Auster, présidente du syndicat représentatif SNPNC (au sein de l'intersyndicale PNC avec l'Unsa) et représentante syndicale au CSE d'établissement, a indiqué que cette position a été très largement adoptée par les élus du personnel. Elle a également indiqué que les réponses apportées par la direction n'apparaissaient pas comme satisfaisantes jusque-là, même si elle n'a voulu en mentionner aucune pour raison de sécurité.

De son côté, Air France n'entend pas changer la desserte de Bamako, la capitale du Mali, à l'heure actuelle. Celle-ci est actuellement desservie à raison d'un vol par jour en A350. La compagnie a déclaré : « Air France suit en permanence l'évolution de la situation géopolitique des territoires qu'elle dessert - dont le Mali - afin d'assurer le plus haut niveau de sûreté et de sécurité des vols. La compagnie est en contact permanent avec les autorités locales et internationales, ainsi qu'avec la DGAC Française, compétente en matière d'autorisations de survol et de desserte. Celle-ci, procède à une veille de la situation sur les zones de conflit et à une analyse régulière du risque, en partenariat avec la commission européenne. »

Lire aussi : Bamako: la prise d'otages est terminée, 22 morts selon un premier bilan

La FAA américaine avait lancé l'alerte

La déclaration d'Air France mentionne également « la FAA Américaine (qui), de son côté, émet des recommandations, qui sont examinées avec le plus grand soin par tous les acteurs du secteur. » Cette dernière a en effet publié le 23 février un Notam, un « message aux navigants », comme l'ont indiqué Les Echos mardi dernier.

Ce message d'alerte appelle les navigants à la prudence sur le territoire et dans l'espace aérien du Mali « qu'ils en sortent, qu'ils s'y trouvent ou qu'ils le survolent à toutes les altitudes » et ce « en raison de l'aggravation de la situation en matière de sécurité, notamment des combats en cours, de l'activité des extrémistes/militants, de l'expansion de la présence militaire privée étrangère et de la mise en place d'un système de défense aérienne avancé ». Comme l'indiquent Les Echos, cette dernière partie fait référence à la présence de batteries de missiles anti-aériens russes à longue portée, mises en œuvre par la milice privée russe Wagner.

En novembre 2015, douze salariés d'Air France, deux pilotes et dix membres d'équipage, se trouvaient néanmoins dans l'hôtel Radisson Blu de Bamako lors de la prise d'otages qui a fait 22 morts. Indemnes, les personnels avaient été exfiltrés, et la compagnie a annoncé la suspension sine die de ses vols entre Paris et Bamako mais ceux-ci avaient repris rapidement mais avec une escale au retour pour éviter aux équipages de coucher sur place. Air France avait également suspendu ses vols entre janvier et mi-février 2022 en raison des tensions diplomatiques avec la junte au pouvoir.

Léo Barnier

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