
Coup de tonnerre et coup de de gueule pour la rentrée ferroviaire du réseau régional de TER Aleop en Pays de la Loire. Trois jours avant la rentrée, l'exploitant SNCF Voyageurs a annoncé supprimer, ou pour le moins suspendre jusqu'en octobre, dix-sept services (trains) sur les axes Nantes-Ancenis, Nantes-Pornic, Nantes-Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Nantes-Rennes via Sablé-sur-Sarthe et Angers Laval. « Soit dix-sept trains sur cinq-cent-quatre-vingt », semble minimiser SNCF Voyageurs. Sur ces lignes pourtant très fréquentées, deux milles usagers, a minima, sont directement impactés, sans compter le report de clientèle vers les autres trains qui circulent bondés.
Selon le transporteur, rapporte la région, ces perturbations s'expliqueraient par un nombre important de rames immobilisées au centre de maintenance de Nantes. « Depuis la fin du printemps, de nombreux incidents, des chocs liés à des heurts d'animaux, des collisions, des intempéries... nécessitent des immobilisations inhabituelles de trains du réseau Aleop pour des réparations plus lourdes et plus longues dans le temps », justifie la direction régionale de SNCF Voyageurs qui, sollicitée, n'a pas souhaité nous répondre. Pour la région qui a lancé le process d'ouverture à la concurrence et attribué les deux premiers lots (neuf lignes train-tram et Sud Loire) à SNCF Voyageurs le 23 juin dernier, c'est un sentiment de colère et de mécontentement qui domine.
« Des sanctions seront appliquées »
« C'est inacceptable ! » a aussitôt réagi Christelle Morançais, présidente de la région des Pays de la Loire qui a rencontré, lundi 4 septembre, Christophe Fanichet, directeur général de SNCF Voyageurs, pour lui exprimer son mécontentement et demander que soit mis en place des solutions de transport de substitution et des modalités de dédommagements pour les usagers. Au lendemain de ce rendez-vous, la collectivité a annoncé qu'elle avait demandé le remboursement d'à minima 50% de la valeur des abonnements concernés, des modalité simples et directes d'indemnisation, des garanties en termes de calendrier de rétablissement du service à la normale au cours de prochaines semaines et la mise en place de solutions alternatives de déplacement pour pallier le déficit de service. Sera-t-elle entendue ? Selon SNCF Voyageurs, un plan de transport adapté sera mis en place en semaine du lundi au vendredi sur 5 lignes du réseau Aléop TER (580 trains quotidiens). Le réseau ne serait pas impacté le week-end.
« C'est, en tout cas, une très mauvaise image envoyée par SNCF Voyageurs » estime Roch Brancour, vice-président du Conseil régional, président de la commission Infrastructures, transports et mobilités durables, pour qui « seront tirées toutes les conséquences de ces défaillances et des sanctions appliquées au regard des contrats signés avec l'opérateur ». Car, du même coup, c'est aussi une très mauvaise image pour la région qui dit ne pas vouloir lier directement les deux évènements, annonçait l'ouverture à la concurrence comme un supplément d'offres, de services et de transition écologique. « Ce choc d'offres va profondément transformer le quotidien des gens qui prennent le TER et attirer ceux qui hésitent encore à prendre le train », défendait il y a quelques mois la présidente de Région.
« Le grand bazar à la place du Grand Soir ! »
« A trois jours de la rentrée, c'est stupéfiant ! », s'étonne Thierry Violland, conseiller régional d'opposition, (Le Printemps des Pays de la Loire) membre de la commission transport et utilisateur d'une des lignes concernées. « Cela a des conséquences très concrètes pour les familles qui ont dû, au pied levé, trouver des alternatives le jour de la rentrée », constate-t-il. « Il y a quelque chose d'incompréhensible. Je ne peux pas imaginer que la Région, autorité organisatrice des transports, n'était pas au courant. Elle semble découvrir le problème trois jours avant la rentrée. Soit, c'est vrai, et elle fait preuve d'une grande légèreté dans le suivi, soit elle manque totalement d'anticipation », dénonce l'opposant à l'ouverture de la concurrence.
« La Région nous promettait le grand soir avec l'ouverture à la concurrence, et venait d'annoncer une hausse des tarifs de 36% en fait, c'est le grand bazar !».
De leur côté, les syndicats de cheminots évoquent le manque de matériel, - sept rames avaient été revendues en 2017 à la région Centre-Val de Loire -, le manque de personnel, et les difficultés de recrutement d'agents du technicentre assurant la maintenance des 90% des TER régionaux. Une rentrée qui sonne comme un signal à l'attention de l'autorité organisatrice des transports. L'Association Française du Rail (AFRA), qui rassemble les opérateurs alternatifs à la SNCF et qui défend une amélioration de l'offre de transport avec l'ouverture à la concurrence n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.
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