Retrouvez les épisodes de ce procès hors normes dans le secteur de l'aérien, dans nos éditions spéciales chaque samedi.
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Si les parties civiles sont sorties en partie frustrées de l'interrogatoire d'Air France dans le procès de l'accident du vol AF447, ce n'est possiblement pas le cas d'Airbus. Bien que les réponses apportées par Pascal Weil, représentant de la compagnie face au tribunal, n'aient sans doute pas toutes satisfaites le constructeur, cette séquence a été marquée par un certain retour à une forme d'entente cordiale entre les deux co-accusés.
Pas de reproches fondamentaux à Airbus
L'ancien pilote, instructeur ainsi que DRH de la Direction générale des opérations aériennes d'Air France, qui a volé sur une large part de la gamme Airbus pendant sa carrière, n'a pas souhaité attaquer le constructeur européen à travers ses réponses. Et ce, quand bien même l'un des avocats de parties civiles l'a enjoint à rompre le « pacte de non-agression ». « Est-ce que j'aurais passé 20 ans de ma vie sur Airbus, instructeur, pilote de l'A318 à l'A380, si j'avais eu des reproches fondamentaux à faire à Airbus ? », lui a ainsi répondu le représentant d'Air France.
De même, Pascal Weil a récusé le fait que la lenteur d'Airbus pour répondre à certaines questions posées par Air France suite à des incidents de givrage de sondes en 2008, puisse avoir un rapport causal direct avec l'accident de l'AF447.
Airbus, qui n'en demandait sans doute pas tant, a répondu favorablement à cette volonté d'apaisement, ne posant qu'une série de questions courtes et sans grand embarras pour le représentant d'Air France. L'avocat du constructeur, Maître Simon Ndiaye, l'a ainsi interrogé sur la persistance du mythe de l'Airbus qui ne décroche pas parmi les pilotes d'Air France. Ce à quoi Pascal Weil a indiqué qu'il n'y croyait pas à titre personnel, mais qu'il ne pouvait pas répondre sur le fait de savoir où se loge cette idée dans l'inconscient collectif des autres pilotes. A la question suivante, dont la formulation ne pouvait pas appeler d'autre réponse, Pascal Weil a confirmé qu'il n'y avait pas une seule ligne dans la documentation d'Airbus, ou la formation d'Air France, indiquant que les avions du constructeur européen ne pouvaient pas décrocher.
Le calme après la tempête
Cette attitude tranche avec celle tenue par l'un des avocats d'Air France il y a quelques jours. Celui-ci, après avoir indiqué au préalable qu'il s'agissait d'une « question sensible mais non hostile », avait largement questionné les experts du 1er collège sur l'impartialité d'un vol de démonstration organisé avec le constructeur dans le cadre de l'enquête judiciaire. Il avait alors insinué le doute sur « l'emprise d'Airbus » sur l'expertise comme sur l'ensemble du secteur aéronautique. Ce à quoi les représentants du constructeur avaient vivement réagi pour dénoncer une mise en scène.
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