Remaniement : face aux nombreux dossiers sensibles, Patrice Vergriete va devoir jouer de son expérience aux Transports

Peu de surprises côté Transports. Clément Beaune est bel et bien évincé pour laisser place à Patrice Vergriete, l'ancien ministre du logement. Avant de s'attaquer au dossier des Jeux Olympiques et de la décarbonation des transports, il devra gérer la menace de grèves SNCF pour les vacances d'hiver qui débutent ce soir. Et calmer la colère grandissante des chauffeurs de poids lourds, de taxis et VTC ainsi que des deux-roues.
Patrice Vergriete ne sera resté que six mois au logement.
Patrice Vergriete ne sera resté que six mois au logement. (Crédits : Reuters)

Exit Clément Beaune. Si le désormais ex-ministre délégué chargé des Transports a un temps laissé planer la possibilité qu'il puisse être reconduit dans son poste, il n'en est rien. Ce midi, à l'hôtel de Roquelaure, il laissera sa place à Patrice Vergriete. Ministre du logement pendant les six derniers mois du gouvernement d'Elisabeth Borne, il change donc de portefeuille avec Gabriel Attal.

À l'instar de Clément Beaune, il doit incarner l'aile gauche de la Macronie au sein du nouveau gouvernement. Comme lui, il avait d'ailleurs mis en balance sa démission au moment de la loi immigration. Et si les deux hommes se sont finalement abstenus, cette histoire a en partie coûté son poste au premier, tandis que le second conserve un portefeuille ministériel. Il pourrait d'ailleurs avoir à gérer d'entrée de jeu un dossier social avec la menace de grève à la SNCF pour les vacances d'hiver.

Familier des transports

Comme son prédécesseur, Patrice Vergriete sera rattaché au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de Christophe Béchu. Mais contrairement à Clément Beaune, ce polytechnicien, diplômé des Ponts & Chaussées, ne partira pas de rien pour prendre en main les Transports. Il pourra s'appuyer sur son expérience en tant que maire de Dunkerque. Son plus beau fait d'armes : la mise en place de la gratuité des bus au sein de cette agglomération de 200.000 habitants en 2018, une première en France, suivie depuis par Bourges, Nancy et tout récemment Montpellier.

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À l'échelle nationale, Patrice Vergriete a eu aussi l'occasion de se faire la main en tant que président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFIT France). Nommé sur proposition d'Emmanuel Macron en janvier 2023, il aura connu là aussi un mandat plus qu'éphémère. Mais, l'espace de ces six mois, il aura tout de même été à la tête de cette administration centrale dans le développement de la mobilité et des transports en France, qu'il s'agisse de la route, du ferroviaire ou du portuaire.

Doubler la part du train d'ici 2030

Patrice Vergriete ne devrait ainsi pas être dépaysé au moment d'aborder la politique en faveur du développement ferroviaire, avec l'objectif de doubler la part du train pour les passagers comme le fret d'ici 2030. Cela passera notamment par la mise en œuvre du plan d'investissement de 100 milliards d'euros supplémentaires pour rénover les infrastructures vieillissantes, annoncé en février 2023. Un effort qui est en partie porté par l'AFIT France, dont les financements servent à la régénération et la modernisation du réseau ferré, indispensables au développement du train.

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L'ancien patron de l'Agence pourrait ainsi être tenté de reprendre l'ambition de Clément Beaune de faire passer une loi de programmation pluriannuelle pour sécuriser la trajectoire financière. Mais encore faut-il pouvoir convaincre Bercy de signer un tel engagement.

Ses expériences à Dunkerque, comme à l'AFIT France, pourraient aussi servir au ministre dans l'accompagnement des projets de services express régionaux métropolitains (SERM), plus connus sous le nom de RER métropolitains. Voulus par Emmanuel Macron, ils sont en partie financés dans le cadre des contrats de plan État-Région (CPER), auxquels contribue l'AFIT France.

Un bras de fer avec les sociétés d'autoroute

Si le ferroviaire est la priorité de la politique gouvernementale actuelle, la décarbonation des autres secteurs constitue un aspect essentiel de la fin du quinquennat. Pour l'aérien, cela passera essentiellement par le développement des carburants d'aviation durables (SAF), sur lesquels Clément Beaune se voulait proactif malgré des apports étatiques globalement jugés insuffisants par le secteur aérien pour espérer une véritable structuration d'une filière de production en France.

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Le nouveau ministre des Transports devra aussi se frotter aux sociétés autoroutières, comme Vinci et Eiffage sur la question de la fin des concessions à venir dans la prochaine décennie et la définition d'un nouveau modèle d'exploitation. Patrice Vergriete aura également maille à partir avec Vinci et Eiffage sur la question de la taxe sur les infrastructures de transports de longue distance, qui touche les autoroutes et les aéroports depuis le 1er janvier, et sur laquelle pèse des recours.

Négocier le budget avec Bercy

Côté voitures, le nouveau ministre devra reprendre le dossier brûlant du leasing social, la location à 100 euros de véhicules électriques pour les ménages les moins aisés. Cette mesure, mise en place depuis janvier, connaît un réel engouement. Mais elles posent plusieurs questions. Comment financer toutes les demandes ? Comment accélérer le nombre de véhicules à disposition des ménages ? D'autant que cette location, qui demande 13.000 euros de subvention par véhicule, crispe à Bercy. À tel point que les équipes de Bruno le Maire n'ont toujours pas défini le montant du futur bonus écologique, pourtant prévu pour le 1er janvier, inclus dans la même enveloppe budgétaire que le leasing social.

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Patrice Vergriete devra également calmer les colères des VTC et des motards. Les premiers demandent des conditions de travail « équitables » par rapport aux taxis et les seconds rejettent la nouvelle loi qui leur impose un contrôle technique obligatoire dès le printemps prochain. Les routiers ne sont pas en reste puisque les chauffeurs réclament le « maintien d'une fiscalité équitable », s'opposant « fermement à toute hypothèse de généralisation de l'écotaxe régionale sur le transport routier », comme l'a rapporté l'Organisation des transporteurs routiers européens à l'AFP hier soir.

Les Jeux Olympiques dans quelques mois

Le nouveau locataire de l'hôtel de Roquelaure va enfin devoir reprendre le dossier des Jeux olympiques de Paris, et l'épineuse question des transports pendant l'événement. Et ce, à moins de six mois de la cérémonie d'ouverture. Une question qui touche les transports internationaux et notamment l'aérien, avec nombre de problématiques : accueil à l'aéroport, gestion des délégations, bagages hors format, sûreté... Et qui se duplique dans les gares parisiennes ainsi que dans l'ensemble du réseau de transports urbains francilien.

Si cela peut paraître moins structurant sur le long terme que d'autres sujets, la dimension symbolique des Jeux olympiques confère assurément à ces dossiers une dimension prioritaire.

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Commentaires 4
à écrit le 10/02/2024 à 23:15
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Le problème «  d ambiance sociale » à la sncf est le double discours de cette boîte et des politiques vis à vis d eux… la population en n a pas conscience mais la sncf des avantages c est bien fini … les derniers qui restent - billets de train gratui...

à écrit le 10/02/2024 à 11:36
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Le problème «  d ambiance sociale » à la sncf est le double discours de cette boîte et des politiques vis à vis d eux… la population en n a pas conscience mais la sncf des avantages c est bien fini … les derniers qui restent - billets de train gratui...

à écrit le 10/02/2024 à 8:07
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Des responsables qui aiment le train pour gérer le train svp et non des représentants du lobby pétrolier et autres, merci me^me si visiblement cela n'a pas l'air possible.

à écrit le 09/02/2024 à 20:34
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Je ne veux pas dénigrer un X-Ponts, mais, pour les transports, l'actuel patron de la SNCF me paraissait plus dans sa partie, concernant les transports.

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