
Le dossier du sauvetage d'Air France ayant été finalisé avec l'apport de 7 milliards d'euros de liquidités provenant d'un prêt bancaire garanti par l'Etat d'un montant de 4 milliards d'euros et d'un prêt de l'Etat de 3 milliards d'euros, les autres compagnies aériennes françaises espèrent qu'elles ne seront pas les grandes oubliées de la prise de conscience des pouvoirs publics de l'intérêt du transport aérien pour un pays.
Avoir aussi les moyens de survivre
Corsair, La Compagnie, Air Austral, Air Calin, Air Calédonie International, Air Tahiti Nui, Chalair, Air Corsica, ASL Airlines, Air Caraïbes, French Bee, Twin Jet, Air Antilles, Air Guyane..., elles sont une douzaine de compagnies aériennes tricolores à demander elles aussi un coup de pouce de l'Etat, "au nom de l'égalité de traitement". Elles aussi sont frappées de plein fouet par la crise du Covid-19 et demandent d'avoir "les moyens de survivre".
"Il est normal qu'Air France soit sauvée, mais il faut un traitement équitable entre les compagnies aériennes", explique Jean-François Dominiak, président du Scara, le syndicat des compagnies autonomes, et PDG de la compagnie ASL Airlines.
Même son de cloche chez Alain Battisti, PDG de Chalair et président de la fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM) :
"Il pourrait y avoir un sujet de distorsion de concurrence par rapport aux autres transporteurs", reconnaît-il.
Les aides modifient les équilibres de compétitivité.
Tous ces transporteurs sont de petite taille. Mais tous sont concurrents d'Air France sur des axes bien précis : Air Caraïbes et Corsair sur les Antilles et la Guyanne, Air Austral, Corsair encore et French Bee sur la Réunion, ASL sur l'Algérie...
"Imaginez si une compagnie est aidée pour financer des avions neufs et se restructurer et pas l'autre?, fait valoir un PDG d'une compagnie
Personne ne remet en cause le sauvetage d'Air France, mais beaucoup déplorent que ce soutien permette non seulement de passer la crise du Covid-19, mais aussi de régler des problèmes structurels qui existaient bien avant la crise actuelle, comme les pertes sur le réseau domestique.
"Si on utilise le pognon pour régler un problème qui n'a rien à voir avec le coronavirus, cela pose un sérieux problème", explique un autre dirigeant de compagnie.
Demande d'un milliard d'euros pour les autres compagnies
Sans demander d'obtenir une aide représentant la moitié du chiffre d'affaires comme l'a obtenue Air France, le Scara demande une aide correspondant à 15% des recettes environ des compagnies aériennes hors groupe Air France. Ce qui fait un milliard d'euros, selon cette association de compagnies aériennes.
"Il faut un milliard d'euros d'aides pour l'ensemble des autres compagnies françaises", explique le Scara.
Pour l'heure, les compagnies françaises galèrent pour obtenir des prêts bancaires garantis par l'Etat. Même quand elles n'ont aucune dette, comme Corsair. Aucune compagnie aérienne n'a encore signé un tel prêt, même si le groupe Dubreuil, propriétaire d'Air Caraïbes et de French Bee, est en bonne voie pour finaliser un accord.
L'Etat a conscience du problème
Interrogé, Bercy indique que rien n'est prévu à ce stade à part les mesures générales. Et pourtant, selon nos informations, des discussions sont bel et bien engagées au sommet de l'Etat pour aider les autres compagnies aériennes, justement pour ne pas être accusé de fausser la concurrence. Ce sujet ressemble en effet à celui porté par Air France à l'échelle européenne contre les compagnies du Golfe, mais à l'échelle nationale.
Ces aides ne suffiront pas à surmonter une telle crise. Toutes les compagnies en ont consciente et préparent des plans d'économies.
"Etre aidé est indispensable. Mais il s'agira d'un prêt, pas d'un don. Il est clair qu'il faudra faire des efforts", explique Pascal de Izaguirre.
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