Travailleurs détachés : les routiers manifestent aux frontières françaises

"On ne veut pas que les routiers soient les esclavagistes de la route!" Pour faire pression sur les négociations autour de la réforme du travail détaché, à l'appel de leur intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGE-CGC), les routiers ont commencé par bloquer le tunnel de Fréjus empêchant tout passage de marchandises entre l'Italie et la France.
"On ne veut pas que les routiers soient les esclavagistes de la route, a expliqué à l'AFP Antoine Fatiga, de la CGT. Quand les gens sont sur le sol français, ils doivent avoir les mêmes droits. Quand ils viennent travailler ici pour deux fois moins cher que nous, on a du mal à garder notre boulot."

Une cinquantaine de routiers bloquaient mardi matin l'accès du tunnel du Fréjus en Savoie, empêchant tout transit de marchandises sur cet axe de circulation majeur entre la France et l'Italie, pour protester contre l'exclusion du transport routier de la nouvelle directive européenne sur le travail détaché.

Dès 06H00, ce 21 novembre, les manifestants, à pied, ont commencé à bloquer dans le calme avec des palettes la rampe d'accès du tunnel côté français, à Modane en Savoie, selon un photographe de l'AFP sur place. Les camions étaient empêchés de passer dans les deux sens et se mettaient à la queue leu leu. Le tunnel du Fréjus relie Modane à la ville italienne de Bardonecchia dans le Piémont.

"On fait du filtrage: on bloque les poids lourds mais on laisse passer les voitures", a expliqué à l'AFP Antoine Fatiga, de la CGT.

Le syndicaliste ajoutait :

"On ne veut pas que les routiers soient les esclavagistes de la route. Quand les gens sont sur le sol français, ils doivent avoir les mêmes droits. Quand ils viennent travailler ici pour deux fois moins cher que nous, on a du mal à garder notre boulot."

Vers 08H00, 180 camions étaient déjà bloqués sur un parking en amont du péage de Saint-Michel-de-Maurienne. L'action était prévue pour durer jusqu'à midi.

Barrages filtrants sur la frontière avec la Belgique

D'autres mobilisations devaient se tenir dans la journée aux frontières françaises à l'appel de l'intersyndicale des routiers (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGE-CGC).

Ainsi, vers 7H30 ce mardi matin sur l'autoroute à hauteur de Menin, à la frontière franco-belge, environ 200 routiers ont mis en place un barrage filtrant. Une opération escargot a également eu lieu sur l'autoroute Lille-Gand, l'A22, où une trentaine de véhicules sont partis à 06H00 de Lille pour se diriger vers l'ancien poste-frontière de Rekkem.

Cette journée s'inscrit dans le cadre d'une semaine de mobilisation initiée par l'ETF, fédération européenne des travailleurs des transports.

"Nous demandons à l'Europe de prendre les mesures pour combattre ce dumping social et pour faire en sorte qu'il y ait une concurrence loyale", a déclaré Roberto Parrillo de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF).

Le transport routier exclu de l'accord du 28 octobre 2017

Pour mémoire, les ministres du Travail et des Affaires sociales de l'Union européenne étaient parvenus lundi 23 octobre à un accord sur la révision de la directive de 1996 sur les travailleurs détachés. Cette réforme défendue au nom de la lutte "anti-dumping social" par la France et l'Allemagne notamment ne cesse de raviver les clivages avec les pays de l'Europe de l'Est.

| Lire aussi : Transport routier : la Pologne conteste les smic imposés par la France et l'Allemagne

Pour obtenir un compromis au sein de l'UE, la France a accepté lundi 23 octobre d'exclure le transport routier de la directive de 1996 révisée sur le travail détaché. Pour ce secteur hyperconcurrentiel, l'ancien texte continuera de s'appliquer jusqu'à la réforme du "paquet mobilité" dédié à la profession.

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Travailleurs détachés Statista

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(Un graphique de notre partenaire Statista)

Une bombe à retardement

Certes, cet accord trouvé entre les Vingt-Huit prévoit le maintien du paiement des cotisations sociales dans le pays d'origine pendant un maximum de 18 mois mais garantit aux salariés détachés une égalité de rémunération, primes comprises, dans le respect des conventions collectives, avec les salariés nationaux du pays d'accueil.

Mais les routiers ne considèrent pas que cette exclusion du transport routier des négociations soit rassurant. Pour eux, le problème est loin d'être réglé, c'est une bombe à retardement :

"Les mesures proposées ne sont pas les bonnes, elles vont augmenter le dumping social et vont faire en sorte qu'il y ait plus de concurrence déloyale entre entreprises et ça, c'est un danger pour les travailleurs du transport, mais aussi pour les citoyens", a déclaré Roberto Parrillo de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF).

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 21/11/2017 à 18:30
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a beau parler les politiciens non cure a bien faire et ne défendent guère leur propre pays ! ! mais se préoccupent de leur apanage

à écrit le 21/11/2017 à 16:12
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C est bien beau de se plaindre mais les chauffeurs français ne veulent plus faire leur métier : dès qu il s agit de découcher un week-end c est la fin du monde. Or c est la base du métier de Chauffeur routier international car c est bien de cela qu ...

à écrit le 21/11/2017 à 13:11
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Bon puisqu'il faut pas dire trop de mal de cette UE qui est en train d'assassiner les salariés européens on peut dire quoi alors ? Si on ne peut pas dire la vérité sur cette europe de voyous faites par les riches pour les riches fermez les commen...

le 21/11/2017 à 14:41
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@citoyen blasé Je suis sur votre registre ; malgré tout, pas tout à fait anti européen, mais contre l’Europe dans sa définition actuelle qui ne peut rien nous apporter de bien.

à écrit le 21/11/2017 à 12:11
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Que la France refuse la concurrence totale pour les salariés européens mais fasse une exception pour les routiers est un véritable scandale. Le macronisme reconnait que tous les français ne sont pas égaux : les routiers valent moins que les autres sa...

à écrit le 21/11/2017 à 12:10
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Très pessimiste pour les salariés français de ce secteur (cf. mondialisation et transport maritime/marine marine marchande dans les années 80) mêmes causes mêmes effets

à écrit le 21/11/2017 à 11:02
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cela eclaire sur les MENSONGES des politiques qui prétendent vouloir développer le travail manuel mais qui font tout pour ne pas le payer ex un eboueur merite un bon salaire mais on prefaire y mettre un etranger qui de retour chez lui encaisse trois...

le 21/11/2017 à 11:56
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Votre exemple de l'éboueur est mal choisi car l'immigré qui fait ce boulot ne pique pas la place à un gaullois . De plus les éboueurs perçoivent des primes pour travail de nuits, pour intempéries ou insalubrité qui fait qu'ils ne sont pas les plus ma...

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