Les aéroports londoniens n'attendent décidément pas que la reprise du trafic se concrétise durablement pour afficher leurs ambitions. Alors qu'il est devenu extrêmement compliqué en Europe d'augmenter les capacités aéroportuaires en raison des contraintes environnementales, ils entendent augmenter leurs capacités pour accompagner la croissance du trafic aérien appelée à reprendre un rythme soutenu après la crise sanitaire.
Après Heathrow - qui n'a désormais besoin plus que du blanc-seing du gouvernement britannique pour lancer la construction d'une troisième piste - c'est au tour de Gatwick de vouloir s'étendre. Ce mercredi 25 août, le deuxième aéroport du Royaume-Uni a annoncé son projet de transformer sa piste d'appoint actuelle, située en parallèle de la piste principale, en véritable « runway » opérationnelle d'ici à 2030.
Cette seconde piste doit permettre à l'aéroport de Gatwick de passer d'une capacité maximale de 62 millions de passagers annuels aujourd'hui à 75 millions d'ici 2038. Soit peu proue la capacité de Roissy-Charles de Gaulle avant la crise sanaitaire. Cela permettrait à l'aéroport londonien de disposer d'une importante marge de progression pour son trafic. En 2019, avant la crise sanitaire, il avait accueilli 47 millions de voyageurs. Ce qui constitue un record pour une plateforme ne disposant que d'une piste.
Avec ce projet, Vinci Airports - qui a acquis 50,01 % du capital de l'aéroport en 2019, auprès de du fonds américain Global Infrastructure Partners - relance un rêve de longue date, déjà contrarié à plusieurs reprises. Pour emporter la décision, le gestionnaire va lancer une consultation publique de douze semaines, qui se tiendra entre le 9 septembre et le 1er décembre, avant de déposer son projet auprès des autorités britanniques. Et il assure déjà que cette seconde piste permettra de générer une valeur ajoutée brute de 1,5 milliard de livres pour la région et la création de plus de 18 000 emplois d'ici 2038. De même, il affirme que l'impact écologique sera limité et contribuera à l'objectif britannique d'atteindre le « zéro émission » carbone d'ici 2050.
Une menace pour les aéroports continentaux ?
Avec 75 millions de passagers annuels, Gatwick atteindrait le niveau de hubs comme Amsterdam-Schiphol, dont le nombre de mouvements est désormais limité, ou Francfort. Dans le même temps, la troisième piste d'Heathrow permettrait à l'aéroport d'accueillir un trafic de 135 millions de passagers par an, contre près de 80 millions avant la crise. Il distancerait ainsi largement Roissy-CDG, limité à 80 millions de passagers en attendant qu'un nouveau projet émerge après l'abandon du Terminal 4 en début d'année.
S'ils se réalisent, ces deux projets offriraient donc un potentiel de croissance inédit au trafic londonien, longtemps menacé de saturation à cause des blocages pour la construction de nouvelles pistes. Alors que le Brexit a exacerbé la concurrence entre le royaume insulaire et le continent, cela constituerait sans doute une mauvaise nouvelle pour les grands aéroports européens.
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