À Rennes, la question du logement, de la construction et de l'urbanisme va prendre sa part dans la campagne des municipales : les prix de l'immobilier continuent de s'envoler (2 740 euros en moyenne au mètre carré dans l'ancien) et la métropole accueillera environ 90 000 nouveaux habitants en 2035 (443 192 actuellement, + 1,4 % par an, 216 815 à Rennes, + 0,7 % par an).
De nombreux Rennais reprochent à la maire sortante Nathalie Appéré (PS) sa politique de construction débridée et de densification par la hauteur. Ces six dernières années, la ville (avec la métropole) s'est engagée dans de grands projets structurants (nouvelle gare et LGV, deuxième ligne de métro...) et une politique de renouvellement urbain associant mixité sociale, accès facile aux commerces, aux écoles, aux emplois et innovation architecturale. À travers des programmes comme la tour d'habitation de 17 étages à Maurepas-Les-Gayeulles ou la nouvelle ZAC de Baud-Chardonnet, l'objectif affiché était de « réveiller la skyline » de Rennes tout en n'excluant pas les classes moyennes et modestes.
« Ces six années ont donné aux habitants un sentiment d'urbanisme brutal », a attaqué Carole Gandon, la candidate de LREM, lors du premier débat, vendredi 17 janvier, sur TV Rennes et Public Sénat entre les six principaux candidats. « Il faut penser plus global en intégrant le commerce, le stationnement ou les places en crèche. Densifier ne signifie pas forcément hauteur. »
Limiter la spéculation
Matthieu Theurier (EELV) souhaite ralentir le rythme de transformation de la ville « pour prendre le temps de réfléchir aux projets avec les habitants et mettre en place des outils de régulation du marché, notamment sur les loyers ».
Nathalie Appéré revendique « un développement aujourd'hui maîtrisé. J'assume qu'il faut continuer à construire. Si on arrête, on exclut ». Sous sa mandature, Rennes s'est projetée en cité durable et du vivre ensemble. Pour limiter un étalement urbain jugé nocif, elle a pris de la hauteur.
Comme sa métropole, Rennes est fidèle au concept de ville archipel : ouverte, peu consommatrice de foncier, solidaire. La ville, qui en 2017 a livré 2 522 logements neufs, limite aussi la spéculation (hors programmes en accession libre). Elle impose 25 % de locatif social (loyer unique), 15 % d'accession sociale aidée et 20 % de foncier solidaire. Nathalie Appéré va devoir défendre la vision bétonnée de son « choc d'égalité ».
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Retrouvez notre DOSSIER SPÉCIAL dans La Tribune Hebdo n°318 du 24 janvier 2019 :
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