Recycler les plastiques, un work in progress

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs de Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est le plastique : alternatives, recyclage et compostage. Paprec, société spécialisée dans ces activités, explique comment on peut améliorer le recyclage de ces matériaux.
« En France, nous avons un vrai savoir-faire dans le tri et le recyclage des matières plastiques. Pour monter en puissance, le déploiement du recyclage des plastiques au grade alimentaire est indispensable » pour le directeur général de Paprec, Sébastien Petithughenin.
« En France, nous avons un vrai savoir-faire dans le tri et le recyclage des matières plastiques. Pour monter en puissance, le déploiement du recyclage des plastiques au grade alimentaire est indispensable » pour le directeur général de Paprec, Sébastien Petithughenin. (Crédits : DR)

« Le plastique, c'est fantastique » chantait Elmer Food beat il y a 30 ans. Solide, résistant, léger, ce matériau protéiforme rend de nombreux services à l'humanité depuis plus de douze décennies. Un des intérêts du plastique est sa légèreté - une bouteille d'eau minérale pèse 25 g et permet de transporter 1,5 kg -, ce qui permet d'économiser du CO2 lors du transport des marchandises.

C'est aussi un matériau propice à la conservation des aliments qu'il protège sans les contaminer. Le problème étant que, pour l'instant, tous les objets en plastiques ne se recyclent pas. Néanmoins, les techniques s'améliorent et le volume du plastique recyclé augmente. Ces matières sont d'abord triées, lavées, extrudées (refondues pour passer dans un filtre) puis refroidies et coupées en petites billes pour aboutir à des granulés que l'on peut réutiliser.  « Quand les plastiques (PET, polyéthylène, polypropylène, polystyrène, etc.) sont utilisés en mono matériaux, par exemple une bouteille composée uniquement de PET, ils sont faciles à recycler. Mais quand on rencontre des plastiques complexes, mélanges de plusieurs sortes de plastiques ou de plastique et carton, ça devient très difficile voire impossible » explique Sébastien Petithuguenin, directeur général de Paprec, qui traite 300 000 tonnes de plastiques par an.

Exemple : l'opercule qui protège la barquette de jambon est composée de 10 à 15 plastiques différents sur quelques microns d'épaisseur et n'est pas recyclable. À l'inverse, le film qui enveloppe les packs de bouteilles d'eau est totalement recyclable et peut intégrer une forte proportion de matière recyclée. Une fois triés, les objets deviennent à 80 % une matière première et à 20 % des déchets ultimes qui sont enfouis ou incinérés.

Trois modes de recyclage

Parmi les emballages en plastique recyclables, on trouve les bouteilles et flacons (+ de 90 % sont recyclables mais ils ne sont captés puis triés qu'à 65 %) et une partie des pots et barquettes et des films alimentaires (environ 60 % sont recyclables, mais captés pour seulement 5 %). Concernant les plastiques non recyclables, il existe trois modes de traitement après la collecte des déchets : l'enfouissement dans des sites de stockage, le brûlage en incinérateur ou la transformation en combustibles solides de récupération (CSR).

Une fois broyés et débarrassés de leur chlore, les emballages plastiques et autres refus de tri deviennent un combustible pour les cimentiers ou pour des chaudières spéciales. L'État offre une aide financière à l'investissement dans des unités de production d'énergie à partir de CSR pour développer ce mode de recyclage encore marginal en France comparé à l'Allemagne et à la Scandinavie. « Contrairement aux idées reçues, les décharges ne polluent pas l'environnement car les déchets sont stockés dans un sarcophage et l'eau est nettoyée. Pour les incinérateurs, les fumées sont elles aussi traitées » précise Sébastien Petithuguenin.

Pour Paprec, le plastique, quand il est bien conçu et recyclable en fin de vie, n'est pas mauvais pour la planète car il permet de consommer moins d'énergies fossiles et limite les émissions de CO2 grâce aux allègements qu'il autorise. « En France, nous avons un vrai savoir-faire dans le tri et le recyclage des matières plastiques. Pour monter en puissance, le déploiement du recyclage des plastiques au grade alimentaire est indispensable. Or, seul le PET (bouteilles transparentes) est éligible. Mais pour les bouteilles en PEHD, il n'y a pas de réglementation » regrette le directeur général de Paprec.

Le recyclage est aussi soumis aux fluctuations du prix du pétrole. « Quand les prix sont bas, nous ne sommes plus compétitifs vis-à-vis des matières premières issues du pétrole » décrypte Sébastien Petithughenin. Mais les choses avancent néanmoins, comme l'illustre la directive européenne Single Use Plastics qui obligera en 2025 à incorporer 25 % de plastique recyclé dans chaque bouteille de PET. Et d'après une étude du cabinet Elabe, 80 % des Français se disent prêts à payer leur bouteille d'eau un centime de plus pour s'assurer qu'elle est recyclable.

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