En pleine crise, Airbnb préparerait son entrée en Bourse

La plateforme de location de logements entre particuliers devrait déposer une demande d'entrée en Bourse dans les semaines à venir. Alors que son activité a été touchée de plein fouet par la pandémie du coronavirus, Airbnb traverse une crise d'identité. Le groupe, qui s'attend à une chute drastique de son chiffre d'affaires pour 2020, souhaite recentrer son activité sur les courts séjours de proximité.
Anaïs Cherif
(Crédits : Dado Ruvic)

Airbnb s'apprêterait à faire le grand saut en Bourse. La plateforme de location de logements entre particuliers souhaiterait déposer sa demande d'entrée à Wall Street auprès de la SEC, gendarme de la Bourse américaine, au cours du mois d'août, selon un article du Wall Street Journal publié mardi. Mais l'incertitude plane sur le calendrier. Il n'y a aucune garantie que la cotation d'Airbnb puisse être réalisée d'ici la fin de l'année, tant les processus d'examens de la SEC sont incertains, selon le quotidien financier.

Dans un premier temps, la société californienne devrait réaliser une demande dite "confidentielle". Cette procédure, permise depuis 2012 par une loi américaine et élargie en 2017 aux grosses entreprises par la SEC, vise à favoriser les introductions en Bourse sans avoir à révéler publiquement des informations confidentielles dès le début du projet. Les banques Morgan Stanley et Goldman Sachs devraient piloter l'arrivée de la plateforme sur le marché des actions, toujours selon le Wall Street Journal.

Reste à savoir si les investisseurs seront au rendez-vous, alors que les finances de Airbnb sont touchées de plein fouet par la crise sanitaire et économique mondiale provoquée par le coronavirus. La licorne américaine - ces startups non cotées en Bourse et valorisées plus d'un milliard de dollars - a vu sa valorisation fondre drastiquement en l'espace de quelques mois. Encore valorisé 31 milliards de dollars au début de l'année, Airbnb serait désormais évalué à 18 milliards de dollars. Fin 2019, WeWork, avait également vu sa valorisation fondre comme neige. Le géant américain de location de bureaux a finalement abandonné son entrée en Bourse, tant ses lourdes pertes ont effrayé les investisseurs.

Airbnb encaisse l'effondrement du tourisme mondial

En septembre dernier, Airbnb avait officialisé pour la première fois son intention d'être coté à Wall Street d'ici la fin de l'année. Mais le projet a été suspendu en raison de la pandémie du Covid-19. Le fleuron de la Silicon Valley a été touché de plein fouet par le coup d'arrêt porté au tourisme mondial, alors que plus de la moitié de la planète a été appelée à se confiner depuis le début de l'année. Or, son business model repose sur les commissions prélevées lors des réservations passées sur sa plateforme : 3% par réservation pour les loueurs, et entre 0% et 20% pour les voyageurs.

En parallèle, la plateforme a du gérer les annulations en cascade de réservations de logements. Traditionnellement, les annulations sont intégralement gérées par les particuliers, selon les propres conditions définies par le loueur. Mais Airbnb a exceptionnellement promis le remboursement des locations aux touristes ayant annulé leur séjour entre le 1er avril et le 31 mai, en raison des restrictions sanitaires. Conséquence : un vent de colère s'est soulevé chez les loueurs, qui se sont estimés lésés. Nombre d'entres eux espéraient initialement pouvoir négocier un reports de séjour, et donc, conserver une partie des avoirs déjà versés par les voyageurs.

1.900 salariés licenciés, soit un quart des effectifs

Dès le mois d'avril, Airbnb a du repasser par la case investisseurs pour affronter la tempête. La plateforme a levé un milliard de dollars, en dette et actions, auprès des fonds Silver Lake et Sixth Street Partners. 250 millions de dollars ont directement été alloués à la création d'un fonds, Superhost Relief Fund, dédié à la compensation des loueurs pour tenter d'apaiser leur colère.

Dans la foulée, le groupe a enclenché un plan social massif, en annonçant le licenciement de 1.900 salariés, soit environ 25% de ses employés. Airbnb "a été durement touché" par l'épidémie, a justifié le Pdg et cofondateur Brian Chesky dans une note de blog. Le groupe estime que ses revenus pour l'année 2020 seront "de moins de la moitié" de ceux générés l'an passé, estimés à 4,8 milliards de dollars.

Lancée à San Francisco, la plateforme s'est développée après la crise de 2008 en proposant initialement des chambres chez l'habitant, à des tarifs abordables pour des touristes en quête d'authenticité. Progressivement, les loueurs se professionnalisent - ce qui vaut à Airbnb des accusations de concurrence déloyale de la part des hôtels. A compter de 2018, le groupe entame une diversification de ses services. Il a alors lancé plusieurs services haut de gamme pour cibler une clientèle plus âgée et plus aisée.

Lire aussi : Pourquoi Airbnb se lance dans le luxe

Sa nouvelle cible : les séjours de proximité

Pour traverser cette crise, Airbnb "doit revenir à ses racines", écrit Brian Chesky, suite à l'annonce des licenciements. "Notre cible : des personnes comme vous et moi qui ouvrent les portes de leur logement et proposent des expériences". La plateforme a donc décidé de "suspendre" et "réduire" ses investissements dans les logements de luxe, les hôtels, et les services complémentaires comme le transport.

"Voyager dans ce nouveau monde sera différent. Les gens voudront des options plus près de chez eux, plus sûres et plus abordables", poursuit le cofondateur. "Ils aspireront également à retrouver le contact humain dont ils semblent avoir été privés."

Depuis le début de la pandémie, Airbnb a constaté que la part de réservations réalisées dans un rayon de quelques 300 kilomètres autour du logement principal a progressé de moitié.

Lire aussi : Impactée par la Covid-19, la galaxie Airbnb prépare déjà la reprise

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 13/08/2020 à 16:55
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Mais le modele economique de cette boite est structurellement bon. Le crise renforcera sa position.

à écrit le 13/08/2020 à 8:36
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Cela ne fera pas faire baisser les prix de l'immobilier pour autant, airbnb surfait sur cette bulle financière gigantesque, bulle que les mégas riches du monde peuvent tenir aussi longtemps qu'ils le veulent et vu que leurs petits cerveaux ne sont pa...

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