La French Tech, locomotive de l'emploi en France

Malgré la crise mondiale que traverse le secteur de la tech (licenciements, chute des financements, faillites bancaires...), le numérique français résiste bien : les entreprises de la French Tech ont créé 19.300 emplois au premier semestre, soit un peu moins de 10% du total du semestre en France. Le nombre d'emplois dans le secteur du numérique devrait croître de 6,3% en 2023, d'après les chiffres de Numeum.
Sylvain Rolland
(Crédits : Brian Snyder)

Le poids économique de la French Tech ne cesse de prendre de l'ampleur. D'après le baromètre semestriel de l'association professionnelle Numeum, qui fédère 2.500 entreprises du numérique en France, les pépites du secteur ont créé plus de 19.000 emplois en 2023. C'est moins qu'au premier semestre 2022 (23.000), mais le contexte a radicalement changé : la tech mondiale est brutalement passée de l'euphorie à la crise, avec des centaines de milliers de licenciements à la clé, une chute spectaculaire des levées de fonds et des valorisations, et des faillites à la pelle.

Belle reprise après l'avril noir

Dans le détail, l'écosystème réalise presque un sans-faute au premier trimestre, avec 4.336 emplois créés en janvier, 1.320 en février et 2.753 en mars. La crainte d'un retour brutal sur Terre a envahi les esprits en avril quand, pour la première fois, les entreprises du secteur ont supprimé 3.667 emplois sur un mois. Mais cette alerte a été effacée dès le mois de mai avec un rebond spectaculaire de 8.348 emplois créés, record du semestre, confirmé en juin avec 6.015 créations nettes. « Ce sont plus de 14.000 emplois qui ont été créés par les jeunes pousses ces entre mai et juin, soit 75 % du total depuis le début d'année », relève l'étude de Numeum.

Si bien qu'après une année 2022 exceptionnelle avec une croissance de l'emploi de 7,4%, 2023 s'annonce presque aussi bon : Numeum prévoit une croissance de 6,3% au total, même si les prédictions heurtent à la forte volatilité de l'écosystème, comme l'a montré le mois d'avril. A noter que l'étude se concentre uniquement sur les créations nettes, pas les remplacements : ainsi, en juin par exemple, plus de 8.000 postes ont été pourvus, pour un peu plus de 6.000 créations nettes.

La greentech explose, 40% des emplois hors de l'Ile-de-France

Sans surprise, le secteur de la greentech tire particulièrement son épingle du jeu avec plus de 3.300 emplois créés au premier semestre, soit 17% du total ou encore un recrutement sur six dans la French Tech. Logique : la greentech est également le secteur le plus dynamique du semestre en termes de levées de fonds, comme l'a révélé le baromètre du capital-risque du cabinet EY. Les startups dans la logistique/transports, les fintech et les deeptech suivent, avec entre 1.500 et 1.750 emplois pour chacun.

Pour Guillaume Buffer, administrateur de Numuem et président de la commission Startup de l'organisation professionnelle, la résistance de la dynamique d'emploi dans la French Tech malgré la crise actuelle s'explique par un phénomène de « vagues » sectorielles d'innovations. « Lorsqu'un secteur atteint un palier, un nouveau prend le relais. Mais la dynamique forte de la greentech semble cependant plus structurante et plus pérenne : la France s'impose petit à petit comme l'un des fers de lance des solutions au service des transitions écologiques et climatiques au niveau européen et international », estime-t-il.

Autre relative bonne nouvelle : alors que les levées de fonds restent extrêmement centralisées, du moins en valeur, sur Paris et l'Ile-de-France (par un ratio de 70% vs 30%), l'emploi se répartit un peu mieux dans les territoires. Ainsi, l'Ile-de-France a généré 11.600 emplois sur 19.300, soit 60% du total. L'Auvergne-Rhône-Alpes prend la deuxième place du podium avec 1.700 emplois depuis janvier (8,8%), et les autres régions suivent dans un mouchoir de poche.

Mis en perspective avec les chiffres globaux de créations nettes d'emplois en France, le numérique s'impose clairement comme l'un des secteurs moteurs de l'économie française. D'après l'Insee, plus de 83.000 emplois ont été créés, tous secteurs confondus, au premier trimestre, et le deuxième trimestre serait beaucoup moins bon, avec environ 38.000 postes créés d'après les premières estimations. Soit un total de 121.000 emplois environ au premier semestre, ce qui ferait une part d'un peu moins de 10% pour la French Tech.

Sylvain Rolland

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