Facebook : la mauvaise semaine de Mark Zuckerberg

Après s'en être pris "plein les oreilles" face aux sénateurs américains jeudi, le réseau social de Mark Zuckerberg annonce un grand ménage dans ses applications tierces. L'objectif : rassurer les autorités américaines de plus en plus excédées par les scandales à répétition, alors que plusieurs enquêtes sont en cours.
Sylvain Rolland
Mark Zuckerberg a rencontré les sénateurs américains jeudi et s'en serait pris plein les oreilles, d'après de nombreux élus. Le patron de Facebook n'a pas d'autre choix que d'annoncer des mesures fortes pour prouver qu'il prend au sérieux la question des données personnelles.
Mark Zuckerberg a rencontré les sénateurs américains jeudi et s'en serait pris "plein les oreilles", d'après de nombreux élus. Le patron de Facebook n'a pas d'autre choix que d'annoncer des mesures fortes pour prouver qu'il prend au sérieux la question des données personnelles. (Crédits : Reuters)

Facebook montre patte blanche. Empêtré depuis deux ans dans une série de scandales dévastateurs pour son image et qui lui valent de nombreuses pressions de la part des autorités américaines et européennes, le réseau social de Mark Zuckerberg passe aux actes. Le géant a annoncé vendredi avoir suspendu de sa plateforme des "dizaines de milliers" d'applications tierces, au motif qu'elles représentent potentiellement un risque en terme de respect de la vie privée de ses utilisateurs, d'après une enquête interne menée sur "des millions" d'applications.

Les suspensions concernent 400 développeurs. Certaines applications ont été suspendues parce qu'elles "n'ont pas répondu à nos requêtes demandant plus d'informations", précise l'entreprise, et quelques-unes ont été interdites, notamment pour "avoir partagé des données de façon inappropriée" ou "ne pas avoir protégé l'identité d'utilisateurs". Facebook a aussi entrepris des actions en justice contre des sociétés qui refusent de coopérer ou qui ont créé des applications pour pirater les téléphones d'usagers.

Lire aussi : Enième scandale Facebook : les numéros de téléphone de 420 millions de comptes dans la nature

Une réponse au scandale Cambridge Analytica

Le réseau social au 2,4 milliards de membres a lancé cette enquête en réponse au scandale Cambridge Analytica. En 2018, un lanceur d'alerte a révélé que cette entreprise britannique avait mené des campagnes de manipulation massives, via des applications tierces sur Facebook, pour influencer les électeurs américains et britanniques. Les informations recueillies auraient ensuite permis d'élaborer des profils psychologiques pour cibler spécifiquement des électeurs avec des messages politiques, notamment en faveur du Brexit ou de l'élection de Donald Trump à la présidence américaine en 2016.

L'agence de protection des consommateurs américaine a infligé en juillet une amende record de 5 milliards de dollars à Facebook pour avoir "trompé" ses utilisateurs sur le contrôle de leur vie privée, notamment lors de cette fuite massive de données personnelles.

Lire aussi : Atteinte à la vie privée : Facebook payera une amende record de 5 milliards de dollars

Objectif : supprimer la collecte inutile de données

"Nous avions promis à l'époque [de Cambridge Analytica, NDLR] que nous passerions en revue toutes les applis ayant eu accès à des quantités importantes d'informations (sur les utilisateurs, NDLR) avant le changement de notre règlement en 2014", rappelle dans un communiqué Ime Archibong, vice-président des partenariats chez Facebook.

Pour cette grande enquête, Facebook a donc travaillé avec des "centaines de personnes: avocats, enquêteurs externes, analystes de données, ingénieurs (...)", afin de "mieux comprendre les mécanismes abusifs" et pour pouvoir, in fine, "déloger les acteurs néfastes parmi les développeurs".

Verdict : "Nous sommes loin d'avoir fini" concède Ime Archibong. "Tous les mois, nous incorporons ce que nous avons appris et nous réexaminons les manières pour les développeurs d'utiliser nos plateformes", comme Instagram, réseau social plus axé sur les photos et vidéos, et la messagerie Messenger. Le représentant rappelle toutefois que la plateforme a restreint les possibilités pour les applications de collecter des données à moins de démontrer qu'elles servent à améliorer l'expérience utilisateur. Ainsi, "les applis dont l'utilité est limitée, comme les quizz de personnalités, ne sont plus autorisées sur Facebook".

Plusieurs enquêtes en cours sur la gestion des données personnelles et les pratiques commerciales

Depuis un an, Facebook multiplie les actes de contrition médiatiques et les promesses de changement. Mark Zuckerberg a ainsi annoncé en mars un grand "pivot" vers la protection des données, et en août un nouvel outil pour permettre aux utilisateurs de mieux contrôler l'usage qui est fait de leurs données sur Facebook.

Lire aussi : Peut-on faire confiance à Facebook pour protéger notre vie privée ?

Ces initiatives, saluées mais très tardives, n'empêchent pas le réseau social d'être dans la tourmente. En plus des 5 milliards de dollars d'amende, il fait face à plusieurs enquêtes aux Etats-Unis, à la fois à propos de ses pratiques sur la gestion des données personnelles, et aussi sur ses pratiques commerciales dans la publicité en ligne, un secteur qu'il domine avec Google.

Jeudi, Mark Zuckerberg a été reçu par Donald Trump à la Maison Blanche, et a rencontré des élus au Congrès américain. Si la rencontre avec le président américain a été décrite comme "bonne" par le chef de l'Etat, le patron de Facebook aurait été sérieusement chahuté par les élus.

"Je l'ai mis au défi de faire deux choses pour montrer que Facebook est sérieux sur les questions de l'impartialité, de la protection des données personnelles et de la concurrence", a raconté sur Twitter le sénateur républicain Josh Hawley. 1)Vendez Whatsapp et Instagram. 2) Soumettez-vous à un audit indépendant, extérieur sur la question de la censure. Il a répondu non aux deux", a confié le sénateur, qui avait déjà poursuivi le réseau de ses foudres quand il était procureur général du Missouri.

Sur Yahoo Finances, le sénateur démocrate Mark Warner a confirmé que Mark Zuckerberg "s'en est pris plein les oreilles de la part de nombreux collègues". Tout en précisant : "Je ne suis pas encore avec certains de mes amis qui veulent aller directement jusqu'à casser" le groupe.

Le Congrès planche sur une législation protégeant mieux la vie privée face aux géants de l'internet, pour qui les données personnelles sont souvent la principale source de revenus.

(Avec Afp)

Sylvain Rolland

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Commentaires 3
à écrit le 23/09/2019 à 5:21
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On peut tres bien se passer de ces soit disants reseaux "sociaux" qui n'en ont que le nom. On ne se fait pas des amis de cette maniere. Mais en ce cas ou est l'ego ?, et moi, et moi.....disait Dutronc du temps ou il etait genial et ou n'existait mem...

à écrit le 23/09/2019 à 0:01
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"Cela m'en frôle une sans bousculer l'autre"

à écrit le 22/09/2019 à 9:38
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La publicité seulement en image qui se découvre au fur et à mesure qu'on li est une excellente idée, bien mieux que ces vidéos prétentieuses qui viennent s'imposer à nous.

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