Fintech : l'écosystème britannique affiche son optimisme malgré une conjoncture difficile

Rassemblé lors de l’événement annuel organisé à Londres par Innovate Finance, qui défend les intérêts de l’industrie au Royaume-Uni, l’écosystème fintech d’outre-Manche entend conforter sa position de numéro 2 mondial en gardant la main sur ses jeunes pousses les plus matures et en misant sur l’IA.
Bim Afolami, secrétaire économique au Trésor britannique, lors de l'IFGS 2024.
Bim Afolami, secrétaire économique au Trésor britannique, lors de l'IFGS 2024. (Crédits : Innovate Finance)

« L'écosystème britannique des fintech demeure extrêmement dynamique », s'est félicitée Janine Hirt, directrice générale d'Innovate Finance, lors d'un discours d'ouverture lui aussi très énergique. « Le Royaume-Uni détient 10% de parts de marché mondiales sur les fintech. En matière de financement, l'écosystème britannique est en deuxième position derrière les États-Unis, et devant toute l'Europe combinée. Ce dynamisme bénéficie à toute l'économie britannique : plus de 60% des petites et moyennes entreprises ont désormais recours aux fintech pour se financer », a-t-elle poursuivi.

Innovate Finance représente les intérêts de l'industrie des fintech au Royaume-Uni. Cette semaine, le groupe d'intérêt organisait la dixième édition de son événement annuel, l'Innovate Finance Global Summit (IFGS), dans le prestigieux Guildhall, l'ancien hôtel de la ville de la City classé monument historique.

Un écosystème attractif...

Si, à l'image de l'industrie des nouvelles technologies dans son ensemble, le secteur des fintech britanniques a connu une année 2023 difficile, avec une baisse des levées de fonds suite au retournement économique conjoncturel et aux années fastes du Covid, il conserve son titre d'écosystème le plus dynamique en Europe, et la débâcle crainte au moment du Brexit n'a pas eu lieu. Il peut également se targuer d'avoir gagné l'enthousiasme du public. « 86% des adultes britanniques numériquement actifs utilisent au moins un service fintech », a noté Bim Afolami, le secrétaire économique au Trésor britannique.

Ainsi que d'avoir engrangé de flamboyantes réussites, comme les néobanques Revolut, qui compte plus de 40 millions de clients dans le monde, et Monzo, qui vient d'atteindre les 5 milliards de dollars de valorisation, ainsi que la jeune pousse Wise, spécialisée dans les paiements transfrontaliers et fondée à Londres par deux entrepreneurs estoniens.

La capacité à former des talents, grâce à ses universités d'excellence, mais aussi à attirer les cerveaux étrangers est l'une des recettes du succès de l'écosystème britannique, avec notamment un dispositif permettant aux startups d'obtenir des procédures de visa accélérées. Le Royaume-Uni demeure en outre la voie royale privilégiée par les fintech américaines souhaitant s'implanter en Europe, à l'instar de Robinhood, la plateforme de courtage qui a ouvert son service aux Britanniques en mars. « Le Royaume-Uni est un excellent marché pour l'innovation financière, c'est pourquoi nous l'avons choisi comme premier marché à l'étranger après avoir construit une solide base d'utilisateurs aux États-Unis », a déclaré Jordan Sinclair, président de Robinhood UK, lors de l'événement.

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...qui peine toujours à transformer l'essai

La faiblesse de l'écosystème britannique demeure encore et toujours le financement des jeunes pousses les plus matures, souvent contraintes de s'expatrier aux États-Unis pour les levées de fonds les plus importantes ou pour entrer en bourse.

« Si nous voulons passer à la vitesse supérieure, nous devons faire en sorte que les entreprises en phase de maturité aient accès au capital dont elles ont besoin. L'industrie doit faire de cette question une priorité », a ainsi déclaré Mark Hoban, président de Pay.UK, un groupe d'intérêt de l'industrie des paiements.

C'est notamment dans cette optique qu'Innovate Finance a lancé en mars l'Unicorn Council for UK Fintech, qui rassemble des membres des startups les plus matures du secteur pour apporter des recommandations en matière de politiques publiques. Louis Taylor, président de la British Business Bank, une banque d'investissement public britannique, a de son côté évoqué lors de l'événement un nouveau fonds financé par une libéralisation des règles gouvernant l'investissement des fonds de pension, la Mansion House Reform. Il devrait être opérationnel d'ici la fin de l'année et investir 50 milliards de livres sterling d'ici 2030, dédié en particulier aux entreprises les plus matures.

« Nous disposons d'un fantastique écosystème d'innovation. Nos universités et entreprises produisent de la R&D de haut vol, nous savons créer des entreprises et des produits viables, mais lorsqu'il s'agit de passer à l'échelle, les fonds tendent à manquer. La Mansion House Reform vise à investir davantage de fonds institutionnels, en particulier ceux des fonds de pension, dans l'économie de croissance », a-t-il déclaré.

Le défi de l'IA

Autre défi qui guette l'industrie : l'adoption de l'intelligence artificielle (IA), qui constitue à la fois une opportunité et une menace, comme le rappelle Georgina Bulkeley, directrice des services financiers chez Google Cloud pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient. « L'IA ouvre de nombreuses portes, mais doit être adoptée avec prudence, en particulier dans une industrie comme la finance, où le contact avec le client est direct et où l'on est soumis à d'importantes régulations. »

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Concernant les clients, justement, l'IA apporte selon elle l'opportunité d'une meilleure compréhension de leurs besoins à l'industrie des fintech. « Mieux segmenter les utilisateurs, mieux les comprendre, les aider à construire un portefeuille d'investissements à l'aide de l'analyse de leurs données, ce sont des choses que l'IA générative est d'ores et déjà capable de faire. » Mais l'IA a aussi du potentiel pour les activités qui ne sont pas directement en lien avec les clients, comme le développement de nouvelles applications : lors de la conférence annuelle de Google Cloud, à Las Vegas, le dirigeant de Goldman Sachs, David Solomon, a ainsi affirmé que l'usage de l'IA générative avait permis de doper la productivité de ses développeurs de 40%.

L'IA donne également à l'industrie l'opportunité de développer davantage l'inclusion financière, selon Sam Seaton, de l'entreprise MoneyHub. « Une banque avec laquelle nous travaillons a commencé à utiliser l'IA pour l'évaluation des risques clients, et s'est rendu compte que 70% des clients à qui elle aurait auparavant refusé d'attribuer un prêt avaient en réalité moins de chance de rater leurs échéances que les autres. »

L'IA présente enfin des opportunités en matière de lutte contre la fraude, un problème croissant au sein de l'industrie. « Nous travaillons avec le régulateur britannique, mais aussi à Singapour, Hong Kong, au Mexique, ainsi qu'avec la banque HSBC pour repérer de nouveaux types de fraudes grâce à l'analyse de données par l'IA », a déclaré Georgina Bulkeley.

Tulip Siddiq, parlementaire du parti travailliste, qui semble bien parti pour remporter les prochaines élections, a de son côté annoncé lors de l'événement que son parti planche actuellement sur une feuille de route pour l'IA qui permettrait à l'industrie des fintech d'utiliser celle-ci avec le moins de risque possible.

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Commentaire 1
à écrit le 20/04/2024 à 20:50
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C'est ou ce finntech britanique ils sont totalement nuls aux haut-technologies

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