Nickel fait ses preuves et appuie sur l'accélérateur. La néobanque, dans le giron de BNP Paribas depuis avril 2017, va se lancer en Espagne dès le printemps prochain. C'est l'une des principales annonces faites, ce mardi 26 novembre, lors d'une conférence de presse organisée symboliquement chez l'un de ses 5.500 buralistes partenaires, à Paris.
Lancée il y a cinq ans, Nickel a développé un modèle original s'appuyant sur un réseau de distribution physique, les bureaux de tabac, chez qui les clients peuvent ouvrir un compte, obtenir une carte de paiement sans découvert possible et un RIB en moins de cinq minutes, sans condition de revenus. L'offre s'accompagne d'une appli mobile depuis laquelle le client peut suivre ses opérations en temps réel, une nouveauté à l'époque. Le tout pour un abonnement annuel de 20 euros.
Première néobanque française
Un modèle gagnant puisque, grâce à ce réseau de distribution existant, le frenchie est devenu la première néobanque de l'Hexagone avec 1,5 million d'ouvertures de comptes enregistrées à ce jour (le nombre d'abonnés réels est inférieur mais non communiqué), dont 400.000 sur la seule année 2019. Cette performance le place ainsi devant l'allemand N26 (900.000 comptes ouverts) et le britannique Revolut (500.000).
Nickel se targue par ailleurs d'être utilisé comme compte principal par 60% de ses clients. Ce pourcentage, très élevé pour une néobanque, repose néanmoins sur des informations déclaratives de ses propres clients à l'ouverture d'un compte. "Nous regardons également si les clients reçoivent des allocations de l'Etat sur ce compte, s'ils ont domicilié leurs revenus ou encore s'il y a beaucoup de mouvements de paiement", précisent les dirigeants de la néobanque, sans divulguer de chiffres précis ou le montant moyen des encours. En 2018, Nickel indiquait que 40% de ses clients étaient inscrits aux fichiers des interdits de chéquier ou des incidents de remboursement de crédit.
Expansion autofinancée
Au-delà du succès commercial, et c'est assez rare dans cet univers pour le souligner, Nickel est parvenue à atteindre la rentabilité en dégageant lors de l'exercice 2018 un résultat d'un million d'euros. Une situation qui lui permet aujourd'hui d'autofinancer son plan de développement à horizon quatre ans, sans faire appel à un nouvel apport de capital de la part de BNP Paribas et de la confédération des buralistes de France, ses deux actionnaires (à 95% et 5% du capital respectivement).
"Pour 2024, notre objectif est d'atteindre 4 millions d'ouvertures de compte et un réseau de 10.000 buralistes en France. Cela ferait de Nickel le premier réseau de distribution de produits bancaires en France", indique Thomas Courtois, président de Nickel.
Pour atteindre cette taille critique, Nickel prévoit de muscler son budget marketing. "Entre notre lancement, il y a cinq ans, et aujourd'hui, il y a eu un changement radical sur le marché avec l'arrivée de nouveaux acteurs. Cela nous oblige à investir", précise Marie Degrand-Guillaud, directrice déléguée. Nickel prévoit également de renforcer la sécurité de ses systèmes et d'améliorer son architecture informatique, après notamment une série de bugs (paiements bloqués, salaires non virés et crédités, délais de remboursements non respectés) observée en fin d'année dernière. Au total, la néobanque, qui emploie 350 collaborateurs, entend recruter 100 personnes en France chaque année pendant quatre ans.
Lancement en Espagne et dans six autres pays
En parallèle, Nickel prévoit de se lancer dans 7 pays sur la même période.
"Nous nous lancerons en Espagne, avec un test opérationnel dès le printemps 2020 à Valence avec une soixantaine de points de vente", précise Thomas Courtois.
Sur ce marché, où Orange Bank vient tout juste de se lancer, Nickel a d'ores et déjà conclu un partenariat avec la Fenamix qui regroupe 6.500 points de ventes distribuant les loteries et paris sportifs de l'Etat. La néobanque, qui est en train de monter une équipe locale de 30 personnes amenée à doubler en un an, espère séduire 1 million de clients d'ici 2024 et s'appuyer sur un réseau de 650 points de ventes. Il lui faudra toutefois tirer son épingle du jeu dans un paysage bancaire très concentré et où plusieurs néobanques se sont déjà lancées, dont les plus en vue Revolut et N26, mais aussi des Fintech locales, comme Rebellion et Bnext.
BNP Paribas comme soutien stratégique
Pour chaque nouveau pays, Nickel entend dupliquer le modèle français en s'appuyant sur un ou plusieurs réseaux de distribution disposant d'un important maillage, d'une forte fréquentation et composés de commerçants indépendants en quête de diversification.
"Nous regardons de près le Portugal, l'Italie, mais aussi la Grèce, la Belgique et l'Autriche", détaille le président de Nickel, qui exclut pour le moment un développement au Royaume Uni.
L'extension s'accélérera au cours des deux dernières années, avec un lancement prévu dans quatre pays entre 2023 et 2024.
Si BNP Paribas n'apporte pas d'argent frais supplémentaire, son implantation dans les différents pays constitue un soutien non négligeable pour la Fintech. Ce sont, en effet, "les usines", de la banque de la rue d'Antin qui gèrent l'ensemble des flux monétiques de Nickel. La jeune pousse entend également s'appuyer sur les équipes locales du groupe bancaire, notamment pour les fonctions juridiques, RH, et communication.
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