Article mis à jour le 17 mai (déclaration du délégué général pour l'armement Joël Barre)
Les mois passent, mais les trois industriels (Airbus en tant que chef de file, Dassault Aviation et Leonardo) et le ministère des Armées n'ont toujours pas trouvé d'accord sur le lancement du programme de drone MALE européen. Toutes les dates butoirs ont été explosées et l'Eurodrone reste "encore en phase de démarrage", a noté jeudi la ministre des Armées, Florence Parly sur la base aérienne de Cognac, qui accueille une partie de la flotte des drones MALE (Medium Altitude Long Endurance) français. Le ministère ne veut pas céder. "Nous sommes en train de nous assurer que les industriels vont être capables de répondre techniquement et dans les budgets impartis. C'est une discussion, qui n'est pas encore tout à fait aboutie", a-t-elle expliqué. Et le "dialogue" se poursuit avec les industriels, a assuré la ministre.
Fin avril, le délégué général pour l'armement Joël Barre expliquait lors d'une audition à l'Assemblée nationale que la négociation se poursuivait "avec le trio industriel constitué par Airbus Defence and Space, Dassault Aviation et Leonardo. J'espère qu'elle aboutira dans les semaines qui viennent, de manière à ce que nous puissions converger sur les conditions de réalisation du programme avant l'été".
En février, dans l'entourage de la ministre, on avait été très ferme en indiquant qu'il resterait "attentif à ce que le besoin militaire français soit respecté, que les performances opérationnelles soient au moins supérieures et égales à ce qu'on peut trouver sur le marché américain aujourd'hui, et, enfin que prix soit juste et raisonnable". La France insistera également sur le volet des performances du futur drone MALE européen. Il n'est donc pas question de développer un programme qui serait "moins bon que ce qu'on pourrait trouver sur étagère sur le marché américain", souligne un proche du dossier.
Un marché de 63 drones
Sur le prix, "on ne l'a pas encore complètement", avait également affirmé cette même source. Et d'expliquer que la France a "fixé un plafond au-dessus duquel il ne faut pas aller. Autrement dit, on considère que la souveraineté a un prix, mais pas n'importe lequel. Il ne faut pas que les industriels nous prennent pour des naïfs parce que c'est un projet emblématique de la coopération européenne".
Pour 21 systèmes et 63 drones, la France avait fait ses calculs : la facture ne doit pas dépasser 7,1 milliards d'euros, développement compris, avait expliqué en novembre dernier des sources concordantes. Clairement, la France n'acceptera donc pas "des demandes déraisonnables des industriels en matière de prix". L'Eurodrone doit voler en 2027 pour une mise en service prévue en 2027/2028.
Six drones supplémentaires pour la France en 2020
La capacité drones MALE monte en puissance dans l'armée de l'air. "Nous avons d'ores et déjà retrofité les premiers drones que nous avions en opération, pour pouvoir intégrer les armements dont ils peuvent faire usage désormais", a expliqué la ministre. En outre, l'armée de l'air a reçu "des capacités complémentaires". En 2020, "ce sont six drones supplémentaires qui vont venir renforcer la capacité initiale, donc nous allons doubler cette capacité drones". L'arrivée de ces drones va avoir des "impacts très positifs sur cette base aérienne puisque celle-ci va continuer de se développer". Ainsi, 200 militaires et aviateurs supplémentaires vont rapidement rejoindre la base aérienne de Cognac.
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